AXEL WITSEL A RAISON

Le tumulte déclenché par le transfert d’Axel Witsel en Chine, à Tianjin Quanjian, illustre assez bien la carrière de ce médian. Un vulgaire casse-tibia, selon d’aucuns quand, en août 2009, Witsel a commis cette horrible attaque sur Marcin Wasilewski. Mais pour beaucoup, cette image s’est atténuée et depuis, on loue surtout Witsel pour son calme, son intelligence, son jeu de position et sa maîtrise. Désormais, Witsel n’entre plus en discussion avec les arbitres.

Ce sont des contrastes étranges. Comme l’adoration aveugle dont Marc Wilmots faisait preuve pour Witsel alors qu’en fait, Axel Witsel est un joueur de second plan, certes un maître ès protection du ballon, mais quelqu’un qui écarte surtout le jeu et le ralentit plus qu’il ne l’accélère. Dans le football contemporain, on semble en demander davantage au joueur qui occupe ce poste. Ce n’est pas un hasard si Witsel n’a jamais évolué parmi l’élite absolue et s’il a dû s’enterrer au Zenit Saint-Pétersbourg, après un passage au Benfica Lisbonne. On a souvent fait état de l’intérêt de la Juventus, très récemment encore, mais il s’est toujours présenté l’un ou l’autre obstacle à son transfert vers un véritable grand club européen.

Maintenant, voilà qu’un footballeur qui opère dans un rôle de serviteur peut gagner 18 millions d’euros par an en Chine. D’un point de vue strictement professionnel, c’est beau. Ce que les gens en pensent ne compte pas. Ce ne sont que des notes en marge, dans le courant des opinions qui s’est déclenché ces derniers jours. Qu’Axel Witsel préfère l’argent aux critères sportifs et prenne le risque d’un suicide footballistique en dit long sur sa mentalité mais on ne peut pas la condamner, surtout quand c’est replacé dans le contexte familial.

Car quelle alternative aurait eu Witsel, où se situent ses défis ? Continuer à jouer dans la froide Russie en espérant un accord avec la Juventus, qui nourrit des doutes à son sujet, sans qu’il parvienne à les lever ? Witsel veut tout mettre en oeuvre pour rester Diable Rouge mais s’il n’y parvient pas, ces matches ne seront que des instantanés. Dédaigne-t-on 18 millions par an, soit six fois son salaire actuel, pour ces matches ?

Le problème est beaucoup plus profond. Les salaires excessivement élevés versés en sport ne sont plus depuis longtemps en phase avec les intérêts de la société. En outre, la Chine s’y prend de manière artificielle pour faire grandir son football. Elle manque de structures, elle n’a pas de fondations. Les footballeurs chinois sont obéissants mais n’ont pas de formation tactique. La Chine est 82e au classement FIFA, juste après Saint Kitts et Nevis, un minuscule archipel des Caraïbes. Mais elle continue à transférer des joueurs d’Europe. De plus en plus de clubs tombent en mains chinoises, un développement inquiétant car nul ne sait si tout cela va nous mener à un nouveau marché.

Un Ghanéen et un Suédois à Anderlecht, un Américain et un Colombien, entre autres, au Club Bruges, un Croate et un Nigérian à La Gantoise, un Norvégien au RC Genk, un Sénégalais à Zulte Waregem : la Jupiler Pro League se mue en véritable légion étrangère. Et pendant ce mercato hivernal, on continue à chercher une aiguille dans une botte de foin. Il n’est effectivement pas mauvais de penser en termes internationaux, pour autant qu’on sache toujours ce qui se passe dans son jardin.

Mais ce n’est plus le propos depuis belle lurette. Les managers dirigent les mouvements de transferts, ils sont et ils restent les rois d’un marché d’import-export. N’est-ce pas Luciano D’Onofrio qui a finalement poussé Axel Witsel en Chine, avec l’aide de son père ?

PAR JACQUES SYS – @JacquesSys

Tous les avis donnés sur Axel Witsel ne sont que des notes en marge.

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