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 » Avec un attaquant de pointe, Anderlecht aurait pu remporter un trophée « 

L’Antwerp ne tourne pas encore tout à fait rond, mais il a déjà compris ce que Pieter Gerkens peut lui apporter. L’ex-Anderlechtois, qui revient de loin, nous livre ses premières impressions et évoque son passage chez les Mauves. Monologue.

« Je me sens bien à l’Antwerp. Quand on débarque dans un club et qu’on joue directement, qu’on a immédiatement la confiance du coach, on est heureux. J’ai marqué lors de mon premier match, nous avons gagné le deuxième. Mais nous avons encore une grande marge de progression. Moi aussi. J’ai très peu joué la saison dernière, je manque de rythme. Je pense que quand nous aurons plus d’automatismes, je me mettrai davantage en évidence.

Nous avons beaucoup de milieux, qui possèdent tous un profil différent. Le joueur qui me ressemble le plus, c’est Alexis De Sart. Je dois faire la différence en faisant des appels dans le rectangle. Lior Refaelov et Dieumerci Mbokani n’aiment pas être servis en profondeur, moi bien. En possession de balle, je dois faire des appels dans le dos de la défense, pour créer des espaces. Pour moi ou pour Refa. En perte de balle, Faris Haroun redescend un peu, tandis que Refa, Mbo et moi devons presser. Nous devons le faire de façon énergique, afin que toute l’équipe suive.

Pas de Coupe d’Europe, pas de top six… Personne n’imaginait que ça puisse arriver à une institution comme Anderlecht.  » Pieter Gerkens

Un rôle ingrat ? ( il rit) Je pense que ça a toujours été mon jeu, j’ai toujours joué beaucoup sans ballon pour faire la différence une fois le cuir récupéré. Une équipe a besoin de joueurs qui créent des espaces pour les autres, une dynamique. Je peux comprendre que les fans pensent que je n’en touche pas une, mais si personne ne fait d’appels, c’est trop facile pour la défense : elle peut jouer haut sans se soucier des espaces dans son dos. La tâche de nos milieux devient alors impossible. On n’a pas vu du très beau football en Allemagne ni en Angleterre, lors de la reprise. C’est pareil en Belgique : tout le monde se cherche. Et sans supporter, c’est encore plus difficile. Je n’ai pas besoin de toucher beaucoup de ballons pour jouer un bon match. Tant mieux si c’est le cas, car ça veut dire qu’on a su me trouver assez haut. Ce qui n’est pas bon, c’est quand je dois venir demander le ballon très bas. Là, je ne fais pas bien mon boulot. Je dois être à la fin de la chaîne d’attaque, pas au milieu.  »

 » Le physique, c’était mon problème la saison dernière  »

 » Beaucoup de joueurs aiment avoir le ballon pour montrer ce qu’ils peuvent faire. Je n’éprouve pas ce besoin. Le rôle que j’occupe me correspond bien. Les stars ne sont pas comme moi, ce sont des dribbleurs. Mais Ruud Vormer a bien remporté le Soulier d’or. Si je pouvais avoir ses statistiques, je le gagnerais peut-être aussi.

J’ai savouré la révolution allemande. C’est le meilleur moyen d’obtenir des résultats. Mais il faut être en bonne condition physique. Celui qui parvient à presser haut et à jouer le contre arrive plus vite au but. C’est le foot de demain. Et c’est du très haut niveau. Dès que l’adversaire commet une erreur, vous obtenez une occasion. Mais vous êtes très loin de votre but. Si l’adversaire franchit une ligne, il faut être très rapide pour revenir. Les joueurs du top ont cela : ils sont capables de rattraper une erreur grâce à leurs capacités physiques.

Le physique, c’était mon problème la saison dernière. J’ai souffert du pied dès le début, une inflammation d’un tendon près du talon. J’ai forcé, mais en octobre, j’avais trop mal. Je ne supportais pas les crampons en acier, alors j’ai arrêté. Cependant, à chaque fois que je reprenais, la douleur revenait. Il s’est avéré que le tendon était trop court. Il a fini par se déchirer et ce n’est qu’à partir de ce moment que j’ai pu véritablement guérir. Si on m’avait opéré immédiatement, j’aurais déjà été de retour en décembre. Puis il y a eu le coronavirus. Ça ne faisait que trois semaines que j’avais repris les entraînements avec le groupe. J’en ai profité pour revenir en forme. Quand on n’a pas couru pendant quatre mois, il y a du boulot. Maintenant, je dois retrouver le rythme de match.  »

 » À Anderlecht, on jouait bien, mais ça ne rapportait rien  »

 » Je n’ai pas connu la meilleure période d’Anderlecht et ce n’était pas mes trois meilleures années non plus. Il y a eu quelques bons matches, mais les résultats n’ont pas suivi et l’ambiance était mauvaise. Les restructurations, ce n’est facile pour personne. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Pas de Coupe d’Europe, puis pas de place dans le top six… Personne n’imaginait que ça puisse arriver à une institution comme Anderlecht. Les joueurs qui avaient été champions le vivaient mal. La première saison fut bonne, nous avons terminé troisièmes, mais Marc Coucke a repris le club juste avant la trêve hivernale et il y a eu des problèmes avec les transferts. Un dirigeant voulait en faire, l’autre pas. Avec un attaquant de pointe, nous aurions pu remporter un trophée. Puis ça a été la chute, avec tous ces entraîneurs…

Mais je n’ai pas perdu mon temps. J’ai joué en Ligue des Champions, en Europa League. Nous avons souvent dû repartir de zéro, tant collectivement que personnellement. Je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui si j’avais eu la chance de tomber dans une équipe qui tournait bien, mais j’ai beaucoup appris sur moi-même. Je sais désormais qu’un joueur doit surtout se concentrer sur lui-même, veiller à être en bonne forme physiquement et mentalement, apprendre à gérer les moments difficiles, comme la rééducation. Avant, je n’avais jamais été absent pendant une longue période. J’aurais dû m’arrêter plus tôt. Rater un match ou deux, ce n’est pas grave, si ça peut vous éviter six mois d’inactivité. Mais dans un grand club, il y a de la concurrence, on ne laisse pas facilement sa place aux autres. Après coup, j’ai commis une erreur, mais c’est toujours facile à dire après.

J’ai aussi appris à jouer en faux 9. Je crois vraiment que ça peut marcher. Mais je dois arriver dans cette position, pas partir de là. J’ai cherché ma place. Ça a fonctionné par moments, mais ça manquait souvent de profondeur. On jouait bien, mais ça ne rapportait rien, on ne se créait pas d’occasion. C’est propre à Anderlecht. La plupart des joueurs dont on dit qu’ils sont faits pour ce club sont des dribbleurs. Souvent, ils ne sont pas complémentaires.

J’ai beaucoup d’ambition, tout comme le club. J’avais besoin d’un nouveau départ et ce n’est pas le pire endroit pour le prendre, même si l’équipe est en phase de transition. J’ai l’avantage de connaître l’entraîneur. Je retrouve des choses que j’ai connues à Saint-Trond : la tactique, la façon de s’entraîner, la théorie… À Anderlecht, tout était différent. Je recevais moins le ballon, tout se passait dans l’entrejeu. Le club a fait un choix logique. Ils n’avaient pas besoin ou ne voulaient pas d’un joueur comme moi. Ici, avec des flancs qui jouent haut et beaucoup d’appels, ça doit me convenir.  »

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