Avec leurs armes

Les Zèbres ont développé du beau jeu mais ont aussi perdu trois de leurs quatre rencontres initiales. Bilan de leur début de championnat.

Après une belle victoire à Courtrai, Charleroi a connu un sérieux coup d’arrêt en s’inclinant sèchement face au Standard (2-6). La faute à l’exclusion d’ Elvedin Dzinic après moins d’une demi-heure. La faute aussi à une défense trop lente. Faut-il pour autant s’alarmer ? Après quatre journées, les Zèbres ont montré de belles choses mais ont aussi laissé apparaître leurs limites. Cependant, grâce à leur victoire à Courtrai, les Carolos se sont enlevés une petite pression, alors que beaucoup les voyaient remporter leurs premiers points en octobre.

Aujourd’hui, le bilan est donc positif. Charleroi vise le maintien et si le championnat se terminait au soir de cette quatrième journée, il serait sauvé, Waasland Beveren, le Cercle et le Beerschot occupant une plus mauvaise position.

 » Quand on regarde nos prestations, on voit qu’on est loin d’être ridicule « , dit Harlem Gnohéré.  » Mais il nous manque parfois un peu d’expérience. On l’a vu contre Bruges et le Standard. Ces équipes savent quand elles doivent accélérer et calmer le jeu.  »

Sport/Foot Magazine a analysé le début de saison du Sporting, revenant sur les défaites à Malines, face à Bruges et au Standard mais également sur la victoire à Courtrai.

Un jeu séduisant

Lors des quatre rencontres, Charleroi a construit de très belles phases et produit bien davantage de jeu que lors de la saison 2010-2011, sa précédente au sein de l’élite. C’est ce que veut Yannick Ferrera, nourri au foot espagnol. Ses références portent le nom de Barcelone et de la Roja. Quand il coche le nom des onze titulaires pour Malines et ne retient aucun attaquant, on n’est pas loin de l’Espagne, championne d’Europe parfois sans véritable numéro neuf. Et quand il s’agit de défendre ses défenseurs jugés un peu lents face au Standard, il prend l’exemple de Gerard Piqué, l’arrière central de Barcelone.  » Est-ce que Piqué est rapide ? Non, mais il compense par d’autres qualités.  »

Depuis le début de la saison, Charleroi développe donc un jeu séduisant.  » On garde mieux le ballon, collectivement on bouge en bloc « , reconnait Gnohéré. Son entrejeu technique ( Ederson, Hervé Kagé, Onur Kaya et Danijel Milicevic) lui permet de privilégier les passes.

Une équipe qui bouge chaque semaine

Ferrera a été présenté comme un grand tacticien. En quatre rencontres, il a marqué des points et montré son grand sens tactique, changeant de système de jeu en fonction des blessures, des transferts mais également de l’adversaire. Contre Malines, en ouverture de championnat, et alors que le Sporting n’a pas encore effectué de transferts, il doit composer avec les suspensions de Mijusko Bojovic en défense et Abraham Kumedor dans l’entrejeu, deux pions primordiaux dans la conquête du titre en D2.

Première surprise : Bison Gnohéré, seul attaquant encore au club, n’est pas aligné. A la place, le jeune entraîneur décide de se priver d’attaquants, avançant Kagé et Milicevic sur l’échiquier.  » Bison n’était pas encore prêt à disputer tout le match. Il a connu une préparation chaotique et on a décidé de le garder pour les 30 dernières minutes « , explique Ferrera.  » J’ai demandé à Kagé et Milicevic de profiter de la moindre faille pour s’y engouffrer. On a donc commencé la rencontre avec six médians.  » A l’arrivée, Charleroi joue bien mais se prend une casquette 4-2.  » Je ferais les mêmes choix même si je demanderais aux joueurs une animation différente. J’ai trouvé qu’il y a eu beaucoup trop d’espaces entre les lignes et j’ai regretté la naïveté sur les phases arrêtées.  »

Une semaine plus tard, pour la réception de Bruges, Bojovic et Kumedor rentrent logiquement dans le onze de base. Mais le système passe du 4-6-0 au 4-5-1. Cyprien Baguette laisse la place à Parfait Mandanda dans les buts, Bison  » qui a pesé beaucoup lors de son entrée à Malines  » retrouve une place de titulaire. Charleroi joue bien mais plie face au Club Bruges (0-1). Certains pointent un manque de présence physique, Charleroi ne bousculant pas assez, en deuxième mi-temps, un Bruges réduit à dix.  » Je ne suis pas d’accord avec vous « , se défend Ferrera.  » C’est peut-être l’impression qu’on peut avoir sur le coup mais quand on revoit le match à plusieurs reprises – ce que j’ai fait -, on se rend compte qu’on a bousculé Bruges. Ils sont restés bien place et tout le mérite leur en revient.  »

La défaite inaugurale à Malines et la solidité défensive à Bruges ont démontré l’importance de Bojovic et Kumedor.  » Bojovic est discipliné, rigoureux, capable d’être concentré pendant 90 minutes et apporte par sa taille, une dimension physique, que ce soit sur le plan défensif ou offensif « , explique Ferrera.  » Quant à Kumedor, il est très utile au niveau de la récupération du ballon. Il apporte de la stabilité et on a vu à Courtrai que son volume lui permet de mettre le nez dans le rectangle adverse. « 

Une semaine plus tard, Ferrera surprend encore en alignant un 5-3-2. Kagé, étincelant contre Bruges, et Kaya disparaissent du onze, Milicevic, malade contre Bruges, revient et Mynor Escoe, nouvel attaquant costaricain, débute.  » J’ai regardé les forces de l’adversaire (NDLR : Courtrai joue souvent en 3-4-3) et j’ai pensé que le 5-3-2 pouvait les perturber. On a fait le choix de compter sur Kagé, pas à 100 %, plutôt en fin de rencontre.  » Quant à Kaya, il est tombé pour raisons tactiques.  » On a voulu évoluer avec des médians d’un autre profil « , explique Ferrera. Sans doute pour répondre à la dimension physique imposée par des joueurs comme Nebosja Pavlovic. En manque de rythme, Escoe est remplacé à la mi-temps.  » Au départ, il n’est pas prévu qu’il ne joue qu’une mi-temps mais il a couru beaucoup dans des conditions difficiles. Cependant, vous voyez, tout est relatif. C’est quand on n’a plus d’attaquant spécifique ( NDLR : Bison ayant été remplacé par Kaya) que l’on marque.  »

Oui, il y a un problème de gardien !

Contre le Standard, pour la quatrième fois, Ferrera a aligné une nouvelle défense, optant pour un 4-5-1. Cette fois-ci, il n’a surpris personne.  » On savait cette défense lente et on a voulu jouer dans le dos des défenseurs centraux « , a expliqué Laurent Ciman à la fin du match. Quant à Dzinic, il a reconnu que le Sporting  » n’avait pas joué de manière compacte et trop ouvert « , laissant l’adversaire exploiter la faiblesse de l’arrière-garde. Si Ferrera aime surprendre, ses changements incessants pourraient priver sa défense des automatismes et de la sérénité nécessaires pour la confiance. Contre le Standard, Ferrera a peut-être aussi été un peu orgueilleux en faisant évoluer sa défense si haut. Face à la vitesse d’ Imoh Ezekiel, cela s’est payé cash.

En débutant le championnat, beaucoup de monde a pointé le manque d’expérience au poste de gardien. Le départ de Stéphane Coqu a laissé un vide énorme. Voilà que le Sporting doit composer du jour au lendemain avec deux gardiens jugés trop justes la saison passée en D2 ! Les dirigeants ont bien reconnu le problème puisqu’ils ont tenté de faire venir Wouter Biebauw, confiné à un rôle de doublure à Malines. Biebauw a finalement refusé de signer à Charleroi et le Sporting a débuté le championnat avec ses deux jeunes. Dès le premier match, le problème a ressurgi puisque Baguette a rendu une bien pâle copie à Malines, laissant la place à Mandanda la semaine suivante. Après une prestation mi-figue, mi-raisin face à Bruges, le frère du gardien de l’OM a réalisé le match… parfait à Courtrai.  » On a trouvé notre numéro un « , a-t-on entendu la semaine suivant ce succès.

Pourtant, Mandanda a replongé face au Standard : il a raté plusieurs sorties et sa responsabilité est engagée sur deux buts. Jeune, il ne peut que s’améliorer mais pour le moment, il semble un peu lent au démarrage, approximatif dans des sorties aériennes mais très fort sur sa ligne.  » Je ne veux pas incriminer un seul poste « , l’a défendu Ferrera au soir de la défaite. Pourtant, il est clair que la question du gardien se repose. Or, n’a-t-on pas coutume de dire qu’un promu se sauve avec un grand gardien et un buteur ? Pour le moment, le Sporting ne dispose pas d’un portier rassurant. Faut-il maintenir sa confiance en Mandanda en se basant sur sa belle prestation à Courtrai ou profiter des derniers jours du mercato pour trouver un vrai numéro un ?

Faut-il encore des transferts ?

Depuis qu’il a assuré sa remontée en D1, Charleroi vit d’amour et d’eau fraîche et certainement pas de sang neuf. Il a fallu attendre le début du championnat avant de voir débarquer un nouveau joueur. Déjà en D2, le noyau semblait léger et trop court. La défense (à l’heure actuelle la plus perméable de l’élite) est composée d’éléments déjà présents au club lors de la descente (Dzinic, Bojovic, Martos et Mathan Ohayon). Une partie de l’entrejeu (Kagé, Kaya, Ederson et Kumedor) aussi. Certes, cela favorise les automatismes et certains jeunes comme Kumedor, Bojovic et Kagé ont explosé dans l’intervalle mais il y a deux ans, ce noyau n’a pas réussi à se sauver.

Pourquoi donc s’obstiner à le juger suffisant pour la D1 ? Tout simplement car le président Abbas Bayat n’a aucune envie de dépenser de l’argent alors qu’il veut toujours vendre. Pourtant, contre le Standard, on a aperçu toute l’étroitesse du noyau. Mandanda n’est pas encore prêt et les latéraux, faute de concurrence ne sont pas poussés dans le dos. C’est sans doute pour cette raison que Martos est toujours titulaire. Et en attaque, ce n’est guère mieux.  » On est conscient du manque d’attaquants « , dit Ferrera.  » Escoe est out et si Bison se blesse, on est confronté à un réel problème.  »

Les tests se succèdent mais ils ne font pas l’unanimité au sein du club. Quant aux transferts, il faudra les revoir à l’£uvre mais ni César Arze, ni Francis N’Ganga (encore en manque de rythme) n’ont réellement convaincu. Cependant, au Mambourg, on pense avant tout à recaser les éléments excédentaires ( Jean-Christophe Vergerolle, Pedro ou Willian). Et on n’achètera que si une occasion se présente. A moins que la dégelée face au Standard n’ait éclairé certains…

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Tout est relatif. A Courtrai, je joue avec deux attaquants mais on marque quand il n’y en a plus un seul sur la pelouse.  » (Yannick Ferrera)

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