» Avec les Diables, il n’y avait pas de retenue sur salaire après un échange… « 

C hristian Piot :  » Je n’ai pas conservé une kyrielle de maillots souvenirs de ma carrière, et ce pour diverses raisons. Tout d’abord, l’échange de vareuses dans les années 70 n’était pas encore aussi répandu qu’aujourd’hui. Cette pratique se limitait à des événements exceptionnels – et encore – tandis que de nos jours, elle se déroule pour ainsi dire chaque semaine. Du moins en va-t-il ainsi dans les championnats huppés où à chaque rencontre on est confronté à des gars comme Steven Gerrard, Zinédine Zidane, Ronaldinho ou encore Francesco Totti, qui sont régulièrement sollicités en ce sens.

L’autre raison pour laquelle mon armoire est peu étoffée découle de la politique menée autrefois par la direction de mon club, le Standard. Pour le secrétaire général, Roger Petit, un franc était un franc. Aussi, lorsqu’il manquait une vareuse après un match, l’équivalent de son prix était retiré du salaire du ou des joueurs responsables. Comme les footballeurs ne roulaient pas sur l’or comme c’est le cas actuellement, il va sans dire qu’on réfléchissait toujours à deux fois quand, au cours d’un même mois, on jouait deux parties européennes. Ceci explique pourquoi je n’ai jamais procédé au moindre troc de ma tenue de gardien tout au long de mes années à Sclessin.

Mes seuls vestiges ont trait aux joutes livrées avec les Diables Rouges. Le maillot qui me tient le plus à c£ur est celui que j’ai obtenu de mon vis-à-vis allemand Sepp Maier à l’occasion de la demi-finale de l’EURO 72 que la Belgique avait précisément organisé. Face à une Mannschaft qui allait remporter l’épreuve, avant de s’adjuger la Coupe du Monde sur ses terres, deux ans plus tard, nous avions disputé une toute bonne performance, qui s’était soldée par un court revers : 1-2. Il est vrai que les futurs champions tablaient sur un réalisateur hors de pair, Gerd Müller, auteur du doublé à Deurne.

Maier était à ce moment-là le meilleur gardien d’Europe, si pas du monde. Il se profilait comme le digne héritier du légendaire portier soviétique Lev Yachine. Parmi ses concurrents figuraient encore deux autres noms dont j’ai également recueilli le shirt : en premier lieu, je mentionnerai Enrico Albertosi, le keeper italien qui fut, avec Dino Zoff, une figure emblématique entre les perches de la Squadra Azzurra. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de les défier tous les deux. Enfin je dois aussi citer le nom du Hollandais Piet Schrijvers. Son prédécesseur en sélection, Jan van Beveren, était sans doute plus doué mais Schrijvers allait se faire un nom, par la suite, comme ultime rempart du grand Ajax avec qui il remporta la Coupe des Champions. Et ça, bien sûr, c’est une fameuse référence.  »

BRUNO GOVERS

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