» Avec Fred Perry, on était les Kennedy du foot belge… « 

 » Avant le Clasico, j’ai retrouvé une photo d’un Anderlecht-Standard du milieu des années 60. C’est un magnifique document et j’y tiens car je suis aux prises avec un attaquant liégeois de légende que je respectais beaucoup : Roger Claessen. Quand je vois son portrait sur la façade de Sclessin, je me dis que le Standard a tout compris : un club, c’est aussi un livre d’histoire que tous, vieux et jeunes, doivent feuilleter. Ce document cache d’autres choses intéressantes. Oui, j’affiche une coupe de cheveux presque moderne. L’important se situe ailleurs et unit même les deux équipes. Tout comme Roger, je porte le logo Fred Perry (une couronne de lauriers) sur la poitrine, coté gauche, près du c£ur.

A l’époque, c’était un événement. Il y avait d’autres marques d’équipements et la venue de Perry sur les terrains de football avait suscité la sensation. Fred Perry (1909-1995) était un grand champion de tennis. A la fin de sa carrière, il lança une ligne de vêtements sportifs qui fit un tabac dans son sport de prédilection mais aussi dans d’autres milieux alors huppés comme le golf, le hockey, le polo, etc. Perry inventa aussi le fameux poignet éponge. Les stars portaient du Perry et un article de cette marque fit le tour du monde : le célèbre polo. Là, c’était du plus grand chic quand on se promenait en Fred Perry à Knokke ou à Saint-Tropez. On pouvait jouer au football et séduire en Fred Perry aussi : la classe quoi… Ce fameux polo était un des vêtements préférés du président John Kennedy. Le tout Hollywood adorait aussi ce polo. Grâce à Perry, nous étions à la mode comme des Kennedy du football belge.

Cette marque avait vu juste en misant sur Anderlecht et le Standard. Je connaissais l’importateur des produits, installé à Alost, que j’ai mis en relations avec la direction de mon club. Comme j’avais déjà mon magasin d’articles de sports, j’équipais le Sporting tandis que mes parents tenaient une petite boutique au pied du stade. Nous vendions beaucoup de Fred Perry qui ne resta cependant qu’une saison en D1. Je suppose que ce n’était pas tout à fait la tasse de thé de cette marque, une des premières à souffrir fortement de la contrefaçon. Avec le temps, Perry a remonté la pente et retrouvé une place en vue principalement dans le tennis mais aussi en Formule 1. Quand je vois l’évolution de la mode avec des champions sportifs qui défilent pour les grands couturiers, je me dis que Perry avait compris avant tout le monde en s’intéressant à l’élégance des sportifs. Je n’ai hélas gardé aucun maillot de cette époque : c’est dommage.  » n

PAR PIERRE BILIC

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