Avec Flavien Le Postollec

Soprano, Rohff, Seyfu, tous ont rêvé de jouer au foot. Le capitaine de Mons, lui, joue en pro mais n’a jamais percé dans le rap.

« Si t’es pas n°10 à Paname, t’es la banane du siècle « , ou quand Booba se la joue meneur de jeu. Une attaque pour un numéro 6 comme Flavien Le Postollec ? Le capitaine montois s’en soucie guère. Booba est une idole de jeunesse mais ça ne l’empêche pas de défendre ses propres mots.

 » Ne pas s’avouer vaincu même avec un genou à terre. Hier c’était dans le rap, aujourd’hui c’est à l’Albert.  » En 2 minutes chrono en main, le Français prouve qu’il n’a rien perdu de sa verve et de son flow. Et pourtant :  » Je sens que je suis rouillé! Puis, quand j’étais jeune, j’étais encore dans cet esprit contestataire. Maintenant contre quoi devrais-je me rebeller ? Ce qu’il me reste, c’est peut-être des bribes de rap à papa  »

Les goûts et les gens évoluent pendant que les rêves s’effacent. Si dans sa jeunesse, il traînait avec ses potes, aujourd’hui Flavien est un papa bien carré et s’est même mis à écouter Stromae.

 » J’écoute toujours autant IAM, Booba, La Fonky Family, Oxmo Puccino, faut pas te tracasser « , plaisante-t-il.  » Par contre, jamais je n’achèterai un CD de Maître Gims ou Sexion d’Assaut. C’est de la musique pour ma gamine de 5 ans! C’est surproduit et ça manque de l’authenticité du rap français. Il y en a peu qui restent fidèles à leurs idéaux.  »

S’il n’a rien gardé de physique de sa période dans le rap, les souvenirs restent. Membre de divers crew, ses phases étaient balancées sur les ondes des radios locales.  » On ne connaissait même pas nos lyrics. Parfois, je rappais avec la feuille sous les yeux.  »

Les textes venaient tout seuls à l’époque et pour cause. Si aujourd’hui il vit dans un bel appartement montois, qu’il peut écouter sa musique dans un casque Bose, c’était une tout autre histoire, lorsqu’il vivait à Vitrolles. Dans une commune à majorité Front National, les personnes issues de l’immigration avaient mauvaise réputation. Il leur a fallu trouver un moyen de s’exprimer… de s’occuper.

 » Je n’ai jamais pensé à une potentielle carrière, j’étais là avec mes potes. On prenait du bon temps, en rappant, tout simplement. Nous n’avions pas la prétention de faire passer un réel message même s’il faut bien admettre qu’on essayait de s’incruster à chaque action contre le FN.  »

C’est donc sur des vieux beats de Dr Dre et de bien d’autres, qu’il prend plaisir à nous faire écouter tout en bougeant la tête.

 » Rapper doit être simple et authentique. Tu prends une bête idée qui vient de toi, de tes tripes et tu la poses sur le papier en y mettant du style, des images, des métaphores et des rimes. J’ai toujours mis la priorité aux paroles. Certains mettent en exergue le flow ou le beat, moi je veux de la poésie à la Oxmo Puccino.  »

Le lyrisme des uns n’est toutefois pas celui des autres et le message musical de Flavien n’est pas passé auprès de ses équipiers. Le DJ de l’Albert, c’est Daan Van Ghijsegem, un fan de techno…  » Sérieux, être à Tomorrowland dans le vestiaire, c’est pas trop ma came !  »

PAR ROMAIN VAN DER PLUYM

 » Ce qu’il me reste, c’est peut-être des bribes de rap à papa.  »

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