Avec Beerschot-Wilrijk
Devant une assistance-record, les Anversois se sont parés du titre en P1.
J’avais déjà vu 17.000 personnes au stade Edmond Machtens, au beau milieu des années 80, pour un match entre le RWDM, remake du Daring, et l’Union, en D2. Je me souviens aussi d’une lutte fratricide entre le KV et le Racing Malines, devant 12.000 personnes, en D3, derrière les célèbres casernes. Et j’ai eu vent également d’un derby entre le Racing et l’Union Tournai, en promotion, qui avait drainé autrefois 11.000 personnes à la drève du Maire. Mais 11.213 fans pour une joute comme ce Beerschot-Katelijne, avec le titre pour enjeu en P1 anversoise, c’est réellement du jamais vu à ce niveau. Je pourrai donc dire plus tard, au hasard d’un Carnetderoute, que j’étais bel et bien là ce samedi soir-là.
Pourtant, dans un stade du Kiel qui a vibré jadis aux exploits de joueurs hors-normes tels RaymondBraine, RikCoppens ou JuanLozano, on ne peut pas dire que la descendance soit du même tonneau. Avant cette rencontre face à Wavre-Sainte-Catherine, je n’avais en tout cas jamais entendu parler des KennyLavaert, TimNicot et autre DaveDeSmedt figurant sur la feuille de match. Le seul nom aux consonances familières, côté local, est JurgenCavens, ancien attaquant du Lierse. Mais réserviste au coup d’envoi. » Ici, c’est le Beerschot, hein « , nous dit l’un de nos voisins d’un soir, Dréke. » Autre chose qu’une caféploegske « .
Lors de l’entrée des équipes sur le terrain, un gigantesque calicot est déployé par le kop. On peut y lire Futurum est nobis, lisez le Futur est à nous. Chez les Mauves, le latin a toujours été in. La devise Tene quod bene, chère à l’ancien Beerschot (Germinal Ekeren) figure d’ailleurs toujours sur le nouveau logo du club. » Ici, on a des lettres « , observe l’autre quidam qui nous flanque, Dorre. C’est pas comme les barbares de Deurne. Différence de classe(ments) ou pas, entre les deux grands noms de la Métropole, la rivalité reste exacerbée. Seule concession aux couleurs du voisin : le café à la mi-temps, servi dans une tasse blanche avec le nom de la marque, Verheyen, inscrite en rouge. » Mais le café, lui, est noir de noir » souligne, malicieux, celui qui nous tend le breuvage.
A ce moment-là, la grand-messe au stade olympique est déjà dite. En 22 minutes, c’est 3-0. Après le 4-0, à 18 minutes du terme, le coach des Ours, UrbainSpaenhoven, décide de faire tourner, histoire que toutes ses ouailles participent à la fête. Place donc au gardien réserviste StefanRoef, venu doubler le titulaire, JefNys. Et montée au jeu aussi de Jurgen Cavens.
» Un jour, après l’entraînement, je me suis excusé auprès de lui de l’avoir traité de jeannette à l’époque où il jouait au Lierse » conte le Dorre. » J’étais loin de m’imaginer qu’un jour, au même titre que d’autres éléments de D1 comme OlivierDeschacht ou WimDeDecker, il allait y aller personnellement de sa poche pour aider à la survie du club. Je lui ai dit : » Sorry, je regrette vraiment d’avoir dit ça « . Et vous savez ce qu’il m’a répondu ? » A votre place, j’aurais crié jeannette aussi, hahaha « …
Sur ce, Peter Nys fait 5-0, après quoi l’arbitre Borremans siffle la fin de la partie. Des milliers de fans envahissent alors le terrain et, l’espace d’une demi-heure, les tubes défilent : Wearethechampions, You’llneverwalkalone mais aussi et surtout, ce schlager qui dit tout : Beerschot, datzijnwij…
PAR BRUNO GOVERS – PHOTOS: BELGAIMAGE
» Cavens réserviste ? On est au Beerschot, ici, hein ! Pas dans une caféploegske. »
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