Avantage aux Mauves !

Si le produit néerlandais ne s’exporte pas bien à Sclessin, ce fut tout le contraire au Parc Astrid.

Que des réussites à Anderlecht

Hans Croon est le premier Néerlandais à tenter sa chance à Anderlecht. Il arrive en 1975 en pleine époque de gloire. Dès le départ, il se frotte avec certaines stars et pendant des semaines n’adresse plus la parole à Gilles Van Binst et Robbie Rensenbrink. Mais après quelques mois, la machine se met à tourner, grâce notamment à l’éclosion de François Vander Elst. Surtout en Coupe des Coupes où Anderlecht élimine successivement le Rapid Bucarest, Bora Banja Luka, Wrexham et Zwickau avant de battre West Ham en finale au Heysel.

Dans l’histoire du RSCA, Croon devient donc le premier entraîneur à offrir aux Mauve et Blanc une coupe d’Europe. Pourtant, le club ne lui proposera pas de nouveau contrat, son côté énigmatique et froid ayant joué contre lui. Quelques années plus tard, Croon finira d’ailleurs dans une secte avant de trouver la mort, prématurément dans un accident de voiture.

Arie Haan arrive en janvier 1986 pour son premier passage au Parc Astrid, à la place de Paul Van Himst. Six mois plus tard, Haan décroche le titre après deux test-matches épiques face au Club Bruges de Henk Houwaart. Il réédite pareille performance un an plus tard, au terme cette fois-ci d’un championnat régulier. Mais tout n’est pas rose pour autant.

Haan perd Erwin Vandenbergh à qui il reproche son manque de mobilité et qui en profite pour filer à Lille. En 1987, c’est l’hécatombe. Juan Lozano est victime d’une vilaine fracture dont il ne se relèvera jamais complètement. Enzo Scifo file en Italie et Frankie Vercauteren à Nantes. Haan revient au club en décembre 1997 mais ne parvient pas à redresser la barre. Trop guindailleur pour le cercle mauve et en manque de résultats, il est limogé en septembre 1998.

Aad de Mos a fini sa mission à Malines lorsqu’il arrive à Anderlecht en 1989. Avec les Sang et Or, De Mos a conquis son plus beau titre : la Coupe des Coupes en 1988. Un an plus tard, c’est avec le titre de champion qu’il débarque à Bruxelles. Lors de sa première saison, Moustache de fer ne parvient pas à décrocher le titre mais réalise une grosse performance en conduisant les Mauve et Blanc en finale de la Coupe des Coupes face à la Sampdoria. L’année suivante sera la bonne, malgré des débuts compliqués.

Aad de Mos est proche de la sortie mais le sprint final réalisé par les Luc Nilis, Marc Degryse et Luis Oliveira permet aux Anderlechtois de coiffer Gand sur le fil. C’est lui qui fait venir Bruno Versavel, Marc Emmers et Philippe Albert et il laisse l’image de quelqu’un qui aime se nourrir de relations conflictuelles afin de booster la concurrence. Tout le monde au Parc Astrid garde ainsi en mémoire certains changements effectués après à peine 10 minutes de jeu.

Johan Boskamp débarque à Anderlecht en janvier 1993. L’équipe est en tête et contre toute attente, Luka Peruzovic doit céder le témoin  » parce que son équipe ne pratique pas un assez beau jeu « . Boskamp parachève le travail et Anderlecht est champion assez facilement. C’est le début d’une belle série qui verra les Mauves remporter trois titres consécutifs sous la houlette du jovial, rieur et gueulard Boskamp. Plus coulant que De Mos et Peruzovic, il passe mieux auprès des journalistes et parvient à tirer la quintessence des Degryse, Pär Zetterberg et Johnny Bosman. En 1995, après son triplé, il se retire mais le fiasco Herbert Neumann le ramène très vite sur le banc pour une ultime pige.

Standard : quatre Néerlandais, trois échecs

Cor Van Der Hart est le premier. Arrivé à Sclessin en 1974, auréolé d’un titre de vice-champion du monde. Il a officié en tant qu’adjoint de Rinus Michels lors de la Coupe du Monde 1974 quand la bande à Johan Cruijff échoue en finale. Il prône un football total et viril, influencé par Michels et impose au Standard une cure physique, n’hésitant pas à affirmer qu’un joueur qui ne prend pas de cartons durant une saison ne mérite pas son statut professionnel. Sa révolution ne prend pourtant pas, sans doute à cause des problèmes de boisson de l’entraîneur hollandais. La première saison, le Standard finit sixième et la seconde huitième.

Arie Haan est le seul Néerlandais qui a réussi au Standard. En 1991, la direction jette son dévolu dans un premier temps sur le Roumain Mircea Lucescu mais alors que le deal semble conclu, ce dernier fait marche arrière. Sans plan bis, le Standard se tourne finalement vers Haan, ancien joueur emblématique du club. Il introduit la défense à plat et construit une équipe offensive et généreuse avec des joueurs comme Frans Van Rooij, André Cruz, Stéphane Demol ou les jeunes Régis Genaux, Philippe Léonard et Michaël Goossens.

Lors de sa première saison, il termine troisième mais c’est en 1992-1993 que cette équipe atteint sa plénitude en remportant la Coupe de Belgique face à Charleroi et en terminant vice-championne. Sa troisième saison lui sera fatale. Après une défaite à Anderlecht, René Vandereycken le remplace.

Aad de Mos ne le sait pas encore quand il paraphe son contrat au Standard en 1997 mais sa réputation va en prendre un coup. Le bouillonnant coach néerlandais, pilier du succès malinois en Coupe d’Europe et auréolé de ses titres à Anderlecht, joue les divas dès son arrivée en bord de Meuse. Il limoge le staff technique en place (dont Léon Semmeling, fidèle serviteur du club), comme il l’a fait à Anderlecht. Il brosse la reprise des entraînements à la Fraineuse, à Spa, fâché de ne pas avoir obtenu le renfort brésilien qu’il souhaite.

Il obtient le surnom d’ Aad interim après une couverture de Sport/Foot Magazine. Le Standard s’en sépare trois mois après son arrivée. Il faut dire que son bilan (9 points sur 27) n’a pas plaidé en sa faveur. Après le Standard, De Mos ne connaît plus que des clubs de seconde zone (comme Gijon ou Al Hilal).

Johan Boskamp constitue le dernier chapitre de l’aventure néerlandaise au pays de Tchantchès. Arrivé en 2006 à la suite de Dominique D’Onofrio qui a conclu la saison en recevant une motte de terre, celui qui a remporté trois titres avec Anderlecht débarque au sein d’une équipe en construction. L’été s’allonge, les joueurs n’arrivent pas et Boskamp doit composer avec un noyau peu à son goût. Il signe son arrêt de mort lorsqu’il commence à critiquer fin août la politique de transferts de Luciano D’Onofrio.

Comme les résultats ne suivent pas (2 points sur 12), le coupable est tout trouvé et Boskamp doit laisser la place à Michel Preud’homme qui, un an et demi plus tard, conduira cette équipe vers le titre. Boskamp a laissé deux traces à Sclessin : il a insisté pour transférer Steven Defour et a lancé Marouane Fellaini.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS: IMAGEGLOBE

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