AVANT l’heure

Des Anversois impréparés ont préservé leurs chances de qualification mais ont encore du pain sur la planche.

Jeudi dernier, les joueurs du Germinal Beerschot sont arrivés à 18 h au stade. Marc Brys n’avait programmé aucune mise au vert pour ce baptême européen. Comme pour la finale de la Coupe, les joueurs ont pu se préparer dans leur environnement habituel. Une approche qui avait été couronnée de succès en mai.

Jeudi, dans un stade comble pour la première fois depuis sa création, le Germinal Beerschot a également procédé comme depuis le début du championnat : il a essayé de gagner du temps, de n’encourir aucun dommage car l’équipe n’est pas encore prête. Les supporters n’apprécient pas : c’est comme s’ils avaient pris possession d’une nouvelle maison qui n’est pas encore achevée. Marc Brys cherche toujours à améliorer le rendement offensif d’une formation dont l’organisation défensive est déjà au point.

La visite de Marseille n’était-elle pas précoce ? Le capitaine Mario Cvitanovic le pensait avant même le coup d’envoi :  » J’aurais préféré reporter la joute d’une dizaine de jours. Nos automatismes ne sont pas encore bien rodés « .

Le Germinal Beerschot évolue-t-il en 5-3-2 ou en 3-5-2 ? Cela dépend des défenseurs latéraux, Kris De Wree et Pieter-Jan Monteyne. De Wree :  » En possession du ballon, nous procédons en 3-5-2 mais en perte de balle, Pieter-Jan et moi reculons. Nous avons mis au point ce système la saison passée car nous avons des joueurs dotés d’un bon abattage. Nous croyons en ce système. Ceci dit, les nouveaux joueurs ont d’autres atouts. Vont-ils s’intégrer à notre tactique ou devrons-nous l’adapter à leurs possibilités ? » Lui-même préfère le schéma actuel à un quatuor défensif, comme jeudi contre Marseille.  » Ainsi, Pieter-Jan et moi pouvons attaquer, si l’adversaire le permet alors qu’en 4-4-2, l’un de nous doit toujours rester en arrière « .

Mario Cvitanovic insiste : la tactique qui a permis au Germinal Beerschot de remporter la Coupe tout en lui valant moult critiques est née spontanément. Cvitanovic a débarqué d’Italie en octobre. Il a pris la place de Carl Hoefkens, blessé.  » A son retour, l’entraîneur se retrouvait avec trois défenseurs centraux : Carl, Kurt Van Dooren et moi. Il n’a pas immédiatement employé un trio défensif, persuadé des bienfaits d’une défense à quatre. Il a fait avancer Hoefkens dans l’entrejeu mais Carl n’est pas un médian et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à trois derrière « .

Les transferts offrent à l’entraîneur davantage de possibilités de varier son jeu que la saison passée, poursuit Cvitanovic :  » Nous avons des éléments de type différent. Nous pouvons miser sur le contre mais PiusN’Diefi est capable de conserver le ballon en pointe. L’année dernière, nous n’avions pas d’attaquant aussi rapide que Tosin Dosunmu, blessé pour l’instant. Le principal problème est que nous ne sommes pas encore parvenus à jouer plusieurs matches de suite avec le même onze. Chaque semaine, nous perdons un joueur ou un autre revient. Sans continuité, il est impossible de progresser mais nous allons certainement y parvenir. L’équipe de cette saison est beaucoup plus forte que la précédente car nous pouvons maîtriser plusieurs tactiques, avec un noyau de 27 joueurs « .

Les fans font pression

Wim De Decker, dédaigné par Jan Olde Riekerink à Gand, est un des footballeurs les plus réguliers de la métropole. Il ne décèle aucune trace de grogne interne et adore jouer au poste défensif d’un trio médian.  » En février dernier, l’ambiance n’était pas bonne. Actuellement, elle l’est. Il n’y a plus de clans. Lors des cinq derniers matches, nous aurions pu espérer davantage. Nous nous sommes renforcés en profondeur mais aussi en qualité. A terme, nous pouvons nous lover dans le deuxième peloton de D1, après les grands « .

Karel Snoeckx est bien placé pour comprendre que le passage de la défense à l’attaque est mal huilé :  » Ce n’est pas étonnant, puisque des joueurs sont arrivés en début de championnat et n’ont donc pas participé à la préparation. L’année passée, notre départ n’avait pas été des plus brillants et c’est pire cette fois. Le club vise le top sept. Nous allons devoir serrer les dents pour y parvenir. Fait positif, nous n’avons été dominés que contre Westerlo. Sinon, nous n’avons pas été balayés et nous aurions pu espérer de meilleurs résultats « .

Snoeckx sent la pression :  » Nos supporters sont très exigeants. Au Lierse, on ne demandait rien. Ici, ils en veulent toujours plus. Si nous déclarons que nous visons le top sept, les supporters requièrent le top cinq. Il faut obtenir des résultats tout en développant un bon football. Quand tout va bien, c’est le paradis mais dès que ça va mal, on noircit le tableau. J’ai vécu les deux situations. Ceci dit, il me suffit de me rappeler l’ambiance de la finale de la Coupe pour oublier les critiques « .

Pour Snoeckx, la rentabilité de l’attaque dépend de Dosunmu :  » Il est rapide et marque facilement. Nous devons idéalement le servir en course quand il est lancé mais il peut aussi dribbler. Nous avons besoin de lui. L’année dernière déjà, nous n’avions pas d’avant-centre en suffisance. On peut placer un médian à ce poste mais il ne se muera pas pour autant en avant. Il continuera à jouer comme un médian « .

Snoeckx admet que  » nous avons peu de joueurs démarqués, aptes à être servis, ces derniers temps. Nous devons travailler d’arrache-pied dans l’entrejeu pour récupérer le ballon et quand c’est chose faite, nous ne savons qu’en faire. L’année passée, Cruz conservait bien le ballon « .

Le départ de Carl Hoefkens pour Stoke a également enrayé la mécanique :  » On ne le remplace pas d’un coup de baguette magique, sur le terrain et en dehors. Nul n’a repris son rôle. Il était le leader de la défense, il parlait beaucoup, dirigeait les autres, les commandait. Personne ne le fait, maintenant « .

Marc Brys voit les choses autrement :  » Suite au départ de Carl, une série de joueurs a émergé et assumé plus de responsabilités, au lieu de rester dans l’ombre. Je pense à Mario, Kurt Van Dooren, Wim De Decker, Bram Verbist, Kris De Wree « .

Jonas De Roeck, considéré comme le successeur de Carl Hoefkens, a assisté au match de Marseille de la touche. Blessé, victime de changements tactiques (à Anderlecht) ou malade (Zulte Waregem), il n’a pas encore joué deux matches de suite :  » Nous pouvons viser une place parmi les sept ou huit premiers mais on ne pourra nous juger que d’ici trois ou quatre matches. Si nous avons raté notre début de championnat, c’est moins à cause des qualités de nos adversaires que de notre médiocrité. Nous n’avons pas encore développé de bon football. Notre potentiel est nettement supérieur à ce que nous montrons pour l’instant. L’attaque surtout ne fonctionne pas bien. D’ailleurs, c’est un aspect qu’on travaille beaucoup dans les matches amicaux mais nous n’avons pu développer ces automatismes, les joueurs concernés étant arrivés tard. A l’entraînement, nous enregistrons déjà des progrès. Pas encore dans nos matches, surtout que nos mauvais résultats nous placent sous pression « .

Le coach se pose des questions

Avant le match aller contre Marseille, Marc Brys aussi a regretté que ce match soit programmé aussi tôt.  » Je ne sais pas de combien de temps j’ai besoin. Il suffit d’un déclic « . Les critiques des supporters ne le perturbent pas trop. La victoire en Coupe a relevé le niveau de leurs attentes.  » Je n’ai pas besoin de ces critiques pour voir que nous ne jouons pas bien « .

Après six matches de championnat, il ne se risque pas encore à énoncer une ambition concrète :  » Nous ne sommes pas inférieurs à la plupart des équipes de D1 mais nous sommes à la recherche du système au sein duquel chacun s’épanouira. Nous n’avons pas pu effectuer ces tests avant le début du championnat. Les nouveaux ne se trouvent pas encore dans le système actuel. En changer constitue une option, si cela me permet de mieux exploiter les qualités des joueurs. C’est à cause de ce retard que nous n’avons pas encore atteint notre niveau normal. Nous avons livré trop peu de bons matches. Anderlecht est une exception. Ceci dit, nous y avons été volés et nous avons galvaudé les trois points contre Zulte Waregem « .

Disposant de nombreux joueurs de valeur similaire, il envisage de pratiquer la rotation :  » Avant chaque match, en fonction de l’adversaire, il faut réfléchir à la composition idéale. Il est possible qu’untel prenne la place d’un footballeur qui était le vainqueur du match précédent. Je dois chercher semaine après semaine le meilleur onze « .

D’aucuns lui collent l’étiquette d’un entraîneur défensif.  » Parce qu’en perte de balle, mon avant doit suivre son adversaire direct ? Regardez toutes les grandes équipes. Je ne pense pas qu’un seul avant y soit encore délivré de ses tâches défensives. Celles-ci ne sont pas nécessairement astreignantes. Elles impliquent de penser en termes collectifs, de se démarquer ou de couper les trajectoires de l’adversaire « .

Jamais les joueurs du Germinal Beerschot ne laissent échapper un commentaire négatif à l’encontre de Marc Brys. Il force le respect unanime. Wim De Decker :  » Sa motivation et le travail qu’il abat suscitent l’admiration. Il n’est pas responsable de notre passage à vide. On peut aussi parler de tout avec lui. Il est clair et humain « .

Mario Cvitanovic :  » Jamais je ne me suis autant entraîné. Il nous demande notre avis pour la tactique, nous demande de réfléchir avec lui, nous fait confiance. Alors, on a envie de travailler encore un peu plus « .

Les deux entraîneurs voulant préserver leurs chances de qualification, ils étaient ravis d’un match durant lequel nul n’a eu l’intention de marquer : l’OM est dans le creux de la vague et a ménagé des joueurs dont il a besoin en championnat.

Suite à ses transferts tardifs, le Germinal Beerschot n’a pas encore montré son vrai visage. Face à Marseille, Marc Brys a évolué en 4-5-1 mais c’était faiblard sans l’indispensable Tosin Dosunmu, blessé à un muscle reliant le mollet au pied. Cet avant rapide et capable de jouer en profondeur convient à la tactique d’un Brys qui ferme tout pour frapper quand l’occasion s’en présente. Jean Fernandez a affirmé à ce propos que le G. Beerschot était difficile à manipuler. Mais qui va frapper en l’absence de Dosunmu ? PiusN’Diefi, Jurgenc Cavens ou Sezer Öztürk ?

Geert Foutré

 » Le jeu n’est PAS ENCORE BON  » (Marc Brys)

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