Avant : 74 points Après : 77 points

Bruno Govers

L’analyse du métronome du Sporting d’Anderlecht.

Walter avant le match : Ligue des Champions, couples et l’énigme Lange.

Walter Baseggio : « A choisir entre jouer ce match décisif devant son public et avoir l’occasion de renverser la vapeur, ou comptabiliser deux points de plus avant d’aborder cette rencontre, comme nous, je préfère notre situation. D’autant plus que nous avons appris, grâce à notre participation en Ligue des Champions cette saison, à mieux gérer des matches à enjeu. La preuve par notre victoire étriquée au GBA, où nous avons attendu sagement que l’orage passe avant d’asseoir notre succès. Et le même raisonnement peut être étendu à nos victoires à Mouscron voire à La Louvière, pour ne mentionner que ces deux exemples. Cette faculté à pouvoir jaillir au bon moment avait d’ailleurs été à la base de la conquête des trois points, pour nous, la saison passée. Les Brugeois avaient dû passer la surmultipliée à l’époque et nous avions mis à profit une perte de balle de Gaëtan Englebert pour placer un premier contre meurtrier via Bart Goor. En fin de match, j’avais eu le bonheur d’anticiper un autre service pour servir Alin Stoica, qui avait doublé les chiffres. Dans la mesure où cette tactique s’était avérée payante la saison passée et qu’un sage contrôle des opérations nous a également souvent souri cette saison, je ne vois pas pourquoi nous devrions changer notre fusil d’épaule.

J’estime que l’entraîneur a raison d’assurer ses arrières et de spéculer sur la vitesse d’exécution de Tomasz Radzinski en déplacement. Notre propos, à Bruges, sera le même que lors de chacun de nos déplacements en Belgique : conserver nos filets intacts. Si nous y parvenons dans ce cadre précis, nous aurons accompli un grand pas sur le chemin qui mène au sacre.

Le véritable danger, à Bruges, ne réside pas tant dans une construction élaborée que dans de longues balles à suivre. C’est la raison pour laquelle il faudra veiller à couper les vivres aux attaquants. Dans le secteur qui m’est cher, il faut dès lors s’attendre à un véritable match dans le match entre la paire constituée de Sven VermantPhilippe Clement et Yves VanderhaegheWalter Baseggio. Mais nous ne serons pas tirés d’affaire pour autant, en muselant uniquement ces deux hommes car, avec Timmy Simons, Bruges possède justement un demi récupérateur capable, aussi, de relancer la mécanique. Dans ce rôle, je le trouve même plus fort que Franky Van der Elst au même âge, c’est tout dire. En outre, les arrières latéraux des Bleu et Noir sont eux aussi des adeptes des envois calibrés. Si Olivier De Cock sera gêné par Bart Goor, le problème, pour nous, consistera à enrayer la manoeuvre chez Peter Van der Heyden. Sur ce flanc, nous risquons d’être un peu démunis si Bertrand Crasson doit contrecarrer les actions d’ Andres Mendoza et qu’Yves Vanderhaeghe s’occupe de Sven Vermant. Car, s’il obtient la préférence de l’entraîneur, Alin Stoica cherchera davantage à s’exprimer comme soutien d’attaque que dans un rôle plus excentré. A moins, bien sûr, que l’entraîneur reconduise la même option que contre le GBA avec Aruna Dindane comme médian droit. En deuxième mi-temps, ce choix s’était avéré très judicieux et Toni Herreman, pourtant connu pour sa pénétration offensive, avait été réduit à une stricte mission défensive à cette occasion. Mais il est vrai que les Anversois étaient en infériorité numérique. Dans ces conditions, tout est plus facile, bien sûr.

L’énigme, pour nous, ce sera Rune Lange. Bruges n’a plus aucun secret pour nous, sauf son nouvel attaquant norvégien. Je frémis quand même un peu à l’idée que contre nous, justement, il trouve subitement le chemin des filets. Pour moi, ça réveillerait de mauvais souvenirs. J’avais un jour montré la voie à suivre à mes partenaires, jadis, avant qu’un certain Edgaras Jankauskas, qui faisait ses débuts à cette occasion, renverse soudain le cours du jeu. J’ose espérer, dès lors, que le réveil du Nordique ne se déroulera pas contre nous. Une autre hantise, c’est d’encaisser un but stupide. Un peu à l’image de celui que le gardien de l’Antwerp a pris récemment contre les Brugeois. Si le tir de Sandy Martens n’avait pas ricoché sur un défenseur anversois, jamais le Club ne se serait emparé des trois points à Deurne. On dira qu’il suffit de ne pas faire le gros dos devant son goal pour échapper à ce malheur-là. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Pour peu que les Brugeois n’aient pas pris leurs distances par rapport à nous après une heure de jeu, je mets ma main à couper qu’ils joueront au petit bonheur la chance en balançant des chandelles dans notre surface. Dans ce cas-là, il suffit parfois d’un dégagement approximatif ou d’un ricochet pour savourer subitement son bonheur. Avant d’en arriver à cette extrémité, je formule évidemment le souhait que le match ait d’ores et déjà tourné à notre avantage. L’avantage, chez nous, c’est que tout le monde est capable de faire la différence. Bruges n’a pas ce luxe. Aussi, à moins d’un off-day total auquel je ne crois pas, vu l’importance de l’enjeu, j’estime que nous avons plus d’atouts dans notre jeu que le Club pour plier ce match ».

Walter après le match : pression, Koller et bonne défense.

« A l’aller, chez nous, Bruges nous avait quelque peu décontenancés en mettant immédiatement la pression chez nous. L’entraîneur était d’avis que nous ne devions pas procéder autrement, afin de ne pas laisser l’initiative aux Brugeois en début de match. Cette manière d’opérer nous a souri puisqu’après huit minutes à peine, nous menions. Jusqu’à la sortie d’Alin Stoica, j’estime que nous avons joué avec beaucoup de lucidité : bien groupés derrière, peu d’espaces entre secteurs et soucieux, tous, de faire bon usage du ballon en cas de reconversion offensive. Au cours de la dernière demi-heure, le Roumain nous aura manqué comme point d’appui. Comme il n’y avait hélas plus, dans nos rangs, la même maîtrise du cuir qu’avant la pause, nous avons catapulté trop de ballons à l’aveuglette vers l’attaque. C’était évidemment la meilleure manière de les voir revenir aussi vite.

Les montées de Besnik Hasi et de Patrick Van Diemen ont toutefois contribué à une plus grande fluidité dans nos entreprises en fin de rencontre. Et nous aurons finalement été plus proches du 0-2 que du 1-1.

La diversité aura fait notre force à l’occasion de cette affiche, puisque contrairement à Bruges qui a joué de la même façon stéréotypée d’un bout à l’autre du match, nous avons adapté notre tactique à trois reprises au moins, en fonction des circonstances. Tout d’abord, nous avons surpris tout le monde par le positionnement inhabituel de Bart Goor et de Tomasz Radzinski en phase défensive. De la sorte, Olivier De Cock et Peter Van der Heyden n’ont jamais été en mesure de distiller des ballons à l’avant. Dans l’entrejeu, je pense qu’Yves Vanderhaeghe et moi avons réussi à mettre sous l’éteignoir, d’une même façon, Vermant et Clement. Alin pour sa part, a fort bien joué son rôle aussi, étant donné qu’il obligeait Timmy Simons à user plus souvent qu’à son tour de ballons vers les flancs au lieu de rechercher la profondeur. Dans de telles conditions, le seul problème, pour nous, était de trouver la parade face aux envois sur coup franc. Mais dans ce registre, Koller a livré un match dantesque. Hormis une faute d’attention sur Nzelo Lembi, en début de rencontre, il réalisa un sans-faute dans ce domaine. Sans compter qu’il n’aura pas eu son pareil non plus pour animer le jeu et mettre le nez à la fenêtre. A lui seul, il aura montré davantage, en tout cas, que toute la ligne d’attaque du Club réunie. C’est tout dire.

Le coup de chapeau, c’est à notre compartiment défensif qu’il revient en premier lieu. Car à l’exception d’une ou deux demi-occasions, Bruges ne s’est pas montré menaçant une seule fois. C’est quand même significatif face aux artilleurs du Club. D’un point de vue strictement personnel, je ne comprends pas pourquoi Trond Sollied n’a pas modifié ses plans plus tôt : Lange n’était manifestement pas prêt pour une rencontre de cette importance et l’entraîneur du Club aurait été plus inspiré en introduisant Sandy Martens ou Ebou Sillah sur le flanc, tout en postant Mendoza dans l’axe, de la même manière qu’au premier tour. Mais nous étions vraiment très forts. Tout le monde était parfaitement concentré, comme en Ligue des Champions.

Bon nombre de joueurs, chez nous, y sont quelquefois allés d’initiatives individuelles qui ont fait mal. Bruges, par contre, ne nous a jamais poussés dans nos derniers retranchements. Notre succès ne souffre aucune discussion ».

Bruno Govers

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