AUTOSÉLECTION

L’entraîneur campinois a coaché l’Excelsior pour la première fois dans un stade qu’il connaît comme sa poche.

Vendredi, 16 h 30. Le dernier entraînement de la semaine se termine. Fait inhabituel pour les Mouscronnois, il s’est déroulé l’après-midi : c’est l’une des nouveautés instaurées par PaulPut. Alors que GilVandenbrouck a dispensé la séance de stretching et que les joueurs s’apprêtent à regagner les vestiaires, l’entraîneur campinois les rappelle. Simplement, pour les rassembler et les contraindre à s’unir : – Alors, onestprêt ?

Paul Put vient de boucler sa première semaine d’entraînement à l’ombre du Canonnier et s’apprête à coacher son premier match, le lendemain, dans un stade qu’il connaît comme sa poche :  » J’ai passé de belles années à Daknam. J’ai joué la Coupe de l’UEFA et la Coupe Intertoto à deux reprises avec Lokeren. J’ai aussi atteint les demi-finales de la Coupe de Belgique avec ce club. Mais l’Excel est ma seule préoccupation « .

Un engagement surprise

Son engagement est une petite surprise. Pas mal de noms avaient circulé dans les travées du Canonnier et les supputations les plus diverses avaient foisonné. Mais personne – à commencer par le principal intéressé – ne s’attendait à le voir débarquer :  » En fait, je dois mon engagement à un ami qui a rencontré JacquesVandewalle, le secrétaire de l’Excel, un peu fortuitement. Celui-ci lui a expliqué que le club cherchait un entraîneur dont le profil se situait entre HugoBroos et GeorgesLeekens. Mon ami lui a alors demandé : – Avezvoussongé à PaulPut ? Jacques Vandewalle m’a alors demandé d’envoyer ma candidature. Je ne me faisais pas trop d’illusions, car à en croire la plupart des journaux, la signature de DanielLeclercq n’était plus qu’une question d’heures. Renseignements pris, il est apparu que l’affaire était loin d’être conclue. Et, en ce qui me concerne, tout s’est accéléré « .

Après Borgerhout, Saint-Nicolas, Tielen, Geel, Ingelmunster, Lokeren et le Lierse, Paul Put entraînera un club francophone pour la première fois de sa carrière. Il a d’emblée fait l’effort de s’adapter : lorsqu’on lui pose une question en néerlandais, il répond instantanément en français.  » La mentalité est un peu différente en Wallonie et il y a beaucoup de joueurs français dans l’effectif de Mouscron, mais le défi est intéressant « , constate-t-il.  » J’avais des contacts aux Pays-Bas, à Willem II notamment, ainsi qu’avec deux clubs belges : Beveren et une autre équipe que je ne citerai pas, mais c’était dans l’optique de la saison prochaine. Ici, je pouvais signer directement « .

Il s’est engagé pour deux ans et demi à l’Excelsior, mais ne s’y était visiblement pas préparé.  » Je viens de faire construire à Zoersel, entre Anvers et Turnhout. C’est à 150 kilomètres de Mouscron, et cela me ferait mal au c£ur de devoir déjà abandonner ma nouvelle maison. Je fais actuellement la route tous les jours : je quitte mon domicile à 6 h 45 et j’arrive au Canonnier à 8 h 30. Le soir, je rentre tard. Ce n’est pas l’idéal, et je cherche un pied-à-terre proche de la frontière française pour y dormir quelques jours en semaine « .

L’essentiel, dans l’immédiat, c’est de faire tourner le plus rapidement possible une équipe qu’il connaît mal :  » Je connaissais l’Excelsior d’antan, mais celui de cette saison-ci a beaucoup changé. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs, et je n’ai pas eu l’occasion d’affronter cette équipe cette saison, puisque lorsque le Lierse s’est rendu au Canonnier, j’étais déjà parti. Dès que j’ai su que j’entraînerais l’Excel, j’ai visionné des cassettes des derniers matches, afin de me faire une idée plus précise du potentiel présent « .

Premières constatations :  » On a de la vitesse et de la technique, mais on manque de taille. C’est très ennuyeux sur les phases arrêtées. Comment remédier à ce problème ? Il faut soigner le positionnement et l’anticipation… ou s’en remettre au gardien « .

Dimbala comme avant de pointe

La première semaine de Put avait mal commencé : le match amical, programmé le mardi contre l’Olympic, a été annulé en dernière minute :  » Cela m’a contrarié, car j’avais demandé cette rencontre. Mais le terrain était gorgé d’eau. Le mercredi, on a même dû se réfugier en salle pour l’entraînement « .

Si le match avait eu lieu, Paul Put se serait installé dans la tribune et pas sur le banc.  » On a une meilleure vision du terrain lorsqu’on prend un peu de hauteur et j’avais besoin d’observer mes nouveaux joueurs. Malgré ce contretemps, ma première semaine s’est bien passée. J’ai vu un groupe motivé, qui a bien travaillé et qui a finalement arraché un point à Lokeren. Ce n’était pas parfait, on a parfois paniqué et on a plié sous la pression waeslandienne, mais avec l’absence de quatre joueurs-clefs, il a fallu parer au plus pressé. La détermination affichée, en tout cas, m’a plu « .

Lorsqu’un nouvel entraîneur arrive, chacun est replacé sur un pied d’égalité. A fortiori lorsque le coach connaît mal ses nouveaux joueurs.  » J’ai, forcément, dû coucher une première sélection sur papier pour le déplacement à Lokeren, mais les joueurs qui ont joué samedi ne doivent pas croire qu’ils sont assurés de leur place pour le restant de la saison. Tout comme les réservistes ne doivent pas penser qu’ils sont définitivement écartés. C’était une première ébauche. Ce n’est pas moi qui formerai l’équipe, mais… les joueurs eux-mêmes ! En soignant leurs prestations, ils gagneront leurs galons. De toute façon, j’aurai besoin de tout le monde pour mener la saison à bonne fin « .

Pour le déplacement à Lokeren, Paul Put était notamment privé d’ AdnanCustovic et de PatriceNoukeu, suspendus, et de SteveDugardein blessé.  » L’Excel avec ou sans Steve, ce n’est pas pareil. J’ai besoin d’un leader et je compte bien lui confier ce rôle, même si je dois encore m’entretenir avec lui à ce sujet « .

A Daknam, le duo médian était composé de David Grondin (habituellement arrière gauche) et de YassineBenajiba, que Geert Broeckaert avait lancé lors de son intronisation la saison dernière mais qui avait un peu disparu de la circulation cette saison. A l’arrière droit, JeanPhilippeCharlet avait reçu la préférence sur JeanFélixDorothée, alors qu’à l’arrière gauche, SuadFilekovic avait retrouvé son poste qu’il avait perdu durant l’intérim de Gil Vandenbrouck.

Put possède la réputation d’être un entraîneur offensif :  » C’est vrai qu’habituellement, j’accorde 70 % d’attention à l’attaque et 30 % à la défense aux entraînements, mais il faut trouver un équilibre et s’adapter à l’équipe que l’on dirige. J’ai constaté que Mouscron avait encaissé beaucoup de buts lors du premier tour. Souvent, suite à un rebond, sur ledeuxièmeballon. C’est le signe d’un manque de réaction, ou d’un manque de coordination entre les défenseurs et les médians. C’est pourquoi j’ai beaucoup insisté, durant la première semaine d’entraînement, sur le travail en bloc « .

Son système de prédilection est le 4-4-2.  » Ou plutôt le 4-4-1-1, avec un attaquant de pointe et un autre en soutien « , précise PatrickDimbala qui était l’un des invités surprises dans la sélection. Car si le dispositif adopté par Put était celui attendu, les joueurs choisis n’étaient pas ceux escomptés. Dimbala était l’attaquant de pointe et il a livré un bon match, dans un rôle ingrat de conservation du ballon qui lui va comme un gant. Le soutien d’attaque était… Tailson : applaudi par ses anciens supporters de Lokeren à sa sortie du terrain, le Brésilien a loupé deux belles occasions de donner la victoire aux Hurlus.

 » Lorsqu’un nouvel entraîneur débarque, la motivation est décuplée car chacun a envie de plaider sa cause « , constate Dimbala.  » Personnellement, j’avais bien des raisons de me réjouir de la confiance que m’a témoignée Paul Put, car j’arrive en fin de contrat et j’ai besoin de montrer ce dont je suis capable. Le rôle qu’il m’a confié me convenait à merveille. Pour bien me sentir, j’ai besoin d’être souvent en possession du ballon, de le garder au pied, de faire chier mes opposants directs. Je suis un centre-avant très différent d’ ErminSiljak. Lui, c’est un vrai buteur, mais on ne le verra pas beaucoup en dehors de ses coups de patte dans le rectangle « .

Le Slovène a pu jouer… 30 secondes, en toute fin de match. Un peu court pour espérer inscrire un but, même si un ballon a failli parvenir jusqu’à lui :  » Mais, après tous mes problèmes du premier tour, je pouvais difficilement revendiquer une place de titulaire. Je suis déjà très content de faire partie de l’équipe, car je ne m’entraîne que depuis dix jours « .

Les créatifs sur les ailes

Paul Put possède aussi la réputation d’avoir un faible pour les meneurs de jeu, et pour les joueurs créatifs dans leur ensemble. RunarKristinsson et MariusMitu s’étaient épanouis sous sa direction. Put :  » Les attaquants sont importants, mais qu’ils ne seront jamais efficaces s’ils ne sont pas approvisionnés en bons ballons. Il y a une différence entre distribuer le jeu à partir d’une positon axiale ou d’une position excentrés. Sans être des clones de Kristinsson et de Mitu, MustaphaOussalah, KarimFellahi et PacoSanchez peuvent jouer un rôle de créateur « . Les trois joueurs précités ont tous été alignés sur les flancs : Sanchez à droite, Oussalah puis Fellahi à gauche. Le Belgo-Marocain a dû quitter le terrain sur une civière et a été directement transféré à l’hôpital, où le premier diagnostic faisait état d’une fracture du tibia.

A défaut d’apporter les ballons de but à ses partenaires, Paco Sanchez est devenu le premier buteur de l’ère Paul Put.  » C’est aussi mon premier but de la saison « , souligne Sanchez.  » Je n’ai pas évolué à ma place de prédilection, puisque je préfère un rôle de véritable n°10, mais je ne vais pas faire la fine bouche. L’essentiel est de jouer. Défensivement, je pense avoir accompli mon boulot. Offensivement, je n’ai pas touché suffisamment de ballons pour apporter beaucoup de danger. L’entraîneur avait demandé aux deux ailiers de presser les arrières latéraux adverses et de les obliger à se rabattre vers le centre. C’est un peu différent des consignes données par les autres entraîneurs que j’ai connus. Une autre différence, c’est que lorsque Paul Put parle à l’entraînement, les joueurs écoutent. Ce n’était pas toujours le cas précédemment « .

DANIEL DEVOS

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