Autocritique

L’arrière gauche des Loups apparaît transfiguré par rapport à la saison dernière.

L’un des joueurs louviérois les plus en vue, durant la période de préparation, ne fut autre que YannickVervalle. L’arrière gauche, ancien sociétaire d’Anderlecht, Go Ahead Eagles et Alost, aujourd’hui âgé de 22 ans, apparaît transfiguré par rapport à la saison dernière. C’est lui, notamment, qui a inscrit le but des Loups lors de la Supercoupe à Bruges (son tout premier but en match officiel pour une équipe de D1), mais son apport ne s’est pas limité à cela. Pour expliquer cette métamorphose, on a évoqué le travail effectué avec son préparateur physique personnel, l’ancien athlète JacquesBorlée, durant l’été.

 » Mais c’est un peu court comme explication « , estime le principal intéressé.  » Cela m’a certainement fait du bien, et c’est probablement l’une des raisons de ma bonne forme actuelle, mais ce n’est pas neuf : depuis plusieurs années, je m’entraîne chaque été avec Jacques Borlée, que ce soit en salle ou au parc. Ce n’est donc pas cela qui a fait la différence « . Quoi, alors ?  » Plus de rigueur à l’entraînement, un peu de chance, et à partir de là, le reste vient tout seul « .

Yannick Vervalle était arrivé au Tivoli l’an passé, en provenance d’Alost. Il avait laissé une bonne impression au stade Pierre Cornelis, et pensait peut-être trop rapidement que la place d’arrière gauche lui était acquise à La Louvière. C’était compter sans l’éclosion de MichaëlKlukowski, révélation de la dernière compétition.

 » A Alost, j’évoluais comme arrière gauche dans une défense à quatre et avec un flanc dédoublé « , rappelle Yannick Vervalle.  » Je m’entendais à merveille avec KristofDeSaedeleer, qui jouait devant moi. Il prenait ma place lorsque je montais, et vice-versa. Cela se faisait quasi automatiquement. A La Louvière, la saison dernière, j’ai dû évoluer dans une défense à cinq, ce qui implique que je me retrouvais seul sur mon flanc. Outre l’adaptation tactique à laquelle j’ai dû me plier, nous étions plusieurs à revendiquer ce poste : outre moi- même, il y avait Michaël Klukowski, StefanTeelen et RogerioDeOliveira. J’ai joué quelques matches au début, puis j’ai été blessé, et ensuite j’ai eu du mal à revenir. De n°1 que je pensais être au départ, je me suis retrouvé n°2, puis n°3. J’ai sans doute trop rapidement baissé les bras. Je ne veux pas rejeter la faute sur l’entraîneur : il m’a donné ma chance en l’une ou l’autre occasion, mais je n’ai pas su la saisir. Comme Mike a livré de superbes prestations, il n’y avait pas matière à discuter. Je n’ai pas beaucoup joué, mais je n’ai eu que ce que je méritais. Le jour de la finale de la Coupe de Belgique, l’apothéose de la saison pour le club, j’étais dans la tribune. Ce n’était que justice. Je ne m’entraînais pas bien, je n’étais pas bien dans ma tête. Je ne pouvais rien revendiquer. Cette saison-ci, c’est le contraire : je me sens bien et je fais le maximum. Si je ne joue pas, j’aurai des raisons de me plaindre « .

Introspection

Yannick a au moins l’honnêteté de reconnaître ses torts et de faire son autocritique :  » C’est sûr. Il faut pouvoir se remettre en question, afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. En fin de saison dernière, j’ai fait ma petite introspection personnelle. J’ai regardé ce qui n’avait pas été. J’ai pris conscience que j’avais laissé tomber les bras trop rapidement. Que voulez-vous ? Quelque part, je suis encore un peu africain. Je suis né en Belgique, j’ai été élevé dans une culture européenne et je ne suis jamais allé en Afrique, mais j’ai malgré tout du sang congolais dans les veines, de par mon père aujourd’hui décédé. J’ai l’impression d’avoir surtout conservé les défauts que l’on reconnaît généralement aux Africains : le lymphatisme, la nonchalance. Je devrais plutôt laisser apparaître les qualités propres à cette race : la technique, la vivacité, la souplesse. Toutes ces qualités, je ne les ai que trop rarement laissées entrevoir la saison dernière. En fait, j’étais entré dans un cercle vicieux. Comme je ne m’entraînais pas bien, l’entraîneur ne m’alignait pas. Au lieu de me remettre en question, j’ai râlé et j’ai plongé un peu plus. L’entraîneur avait, alors, encore davantage de raisons de ne pas m’aligner. La saison s’est achevée à point nommé pour moi : j’ai pu repartir à zéro, sur de bonnes bases. Il est hors de question de répéter les mêmes erreurs, d’autant plus que j’entame ma dernière année de contrat et que j’ai intérêt à plaider ma cause de la meilleure manière. Car, dans le contexte actuel, il n’est pas évident de trouver un club « .

A l’entame de la saison, ArielJacobs a d’ailleurs placé Yannick Vervalle face à ses responsabilités.  » En résumé, il m’a dit : – Jetetendsuneperche, efforcetoidelasaisir !  »

Le message a été entendu : Yannick Vervalle a saisi la perche, à lui de ne pas la lâcher. Il a entamé la nouvelle saison sous de bons auspices. Et le nouveau dispositif tactique de La Louvière, avec une défense à quatre et un dédoublement des flancs, devrait lui être favorable également.  » Je retrouve un peu le système de jeu que j’avais connu à Alost « , se réjouit-il.  » Je n’ai pas encore trouvé avec SergeDjambaShango les mêmes automatismes qu’avec Kristof De Saedeleer, mais ce n’est sans doute qu’une question de temps. Par rapport à la saison dernière, nous affichons un visage beaucoup plus offensif. C’est agréable d’évoluer dans cette équipe. On joue vraiment au football, on ne se contente pas de défendre et de s’adapter à l’adversaire. J’ai l’impression que ce sera plutôt à l’adversaire de s’adapter à nous, désormais. Le groupe a encore été rajeuni par rapport à la saison dernière, et une mentalité très positive s’est installée « .

La chance a tourné

Yannick Vervalle a, aussi, bénéficié du petit brin de chance qui lui avait tourné le dos la saison dernière : cette fois, c’est Michaël Klukowski qui s’est blessé avec l’équipe nationale canadienne et qui doit rattraper le temps perdu.  » C’est clair, mais on ne peut pas tout expliquer par la chance. Si l’on est réellement plus fort, on récupère sa place lorsqu’on revient. Si, pour l’instant, je bénéficie de la préférence, c’est aussi parce que j’ai repris l’entraînement animé d’une autre mentalité. L’entraîneur s’est aperçu « .

Entre Michaël Klukowski et Yannick Vervalle, la rivalité est réelle.  » Mais elle est saine « , estime le second.  » On ne se tire pas dans les pattes à l’entraînement, on sait que le meilleur jouera « . Et puis, le cas échéant, Yannick Vervalle peut aussi évoluer au demi gauche. Cela avait d’ailleurs été le cas lors d’un match amical à Alost, Serge Djamba-Shango ayant alors glissé à l’arrière gauche. Dans ce couloir, ils sont donc trois pour deux places.  » Je n’ai pas vraiment de préférence pour la défense ou l’entrejeu mais j’aimerais néanmoins que l’on m’accorde un certain crédit à l’un ou l’autre poste. Qu’on me laisse le temps de m’habituer « , affirme Vervalle.

D’un point de vue purement défensif, Michaël Klukowski est sans doute plus fort. Par contre, au niveau de la relance et des remontées de terrain, Yannick Vervalle peut présenter davantage d’arguments. De quoi placer Ariel Jacobs devant un choix cornélien lorsque Michaël Klukowski sera à 100 % de ses capacités.

 » Je suis un peu africain  »

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