Aurais-je dû pondre ce tableau ?

Lionel Messi gagne 33 millions d’euros par an, ça fait un euro par seconde, même quand il dort, mange ou fait zizi ! Toute la presse a répercuté les chiffres de France Football sur les revenus des stars, mais sans détailler : or, l’hebdo additionne les rémunérations par le club avec les rentrées publicitaires, et mène pareille enquête depuis 14 ans. J’ai fouiné au grenier pour pouvoir comparer, et suis retombé sur 1999 et 2003 : d’où ce tableau !

Le prix des tartines n’a pas quadruplé depuis, mais Ronaldo-le-Gros palpait en 1999 le quart du blé de Messi aujourd’hui. Au train où ça grimpe, en lisant la presse en 2050, Lio petit vieux pleurera d’être né trop tôt dans un monde trop jeune… comme aujourd’hui nombre de stars d’hier, qui ont pourtant pulvérisé en dix ans le total de ce que leurs pères gagnaient sur toute une vie ! Ces montants sont répugnants depuis hideuse lurette, et ne venez pas dire que c’est la loi de l’offre et de la demande : c’est la jungle de l’offre, à des gars doués qui n’en demandaient pas tant pour être heureux balle au pied.

La moitié du top 20 actuel dispute en ce moment les quarts de la Champions League : trois du Bayern et de Chelsea, deux Madrilènes… alors que Messi est curieusement seul Barcelonais. S’y ajoutent trois gars du Manchester City Abou Dhabi Circus, et d’autres qui n’auraient pas intégré pareil classement voici peu, squatté qu’il était alors par les caïds en activité dans les meilleurs clubs européens : mais le Brésil devient gras pour les siens ( Neymar) ; la Chine claque ses yuans pour de relatifs inconnus ( Dario Conca) et de vieux chevaux sur le retour ( Nicolas Anelka) ; Samuel Eto’o s’enterre au Daguestan dans un club, qui lui file le double de ce que le Barça file à Messi, et David Beckham, très vieux canasson au pays des cow-boys, nique son monde depuis 10 ans au Royaume de la Pub !

Depuis 1999, les rentrées publicitaires oscillent autour de 35 % des revenus globaux du top 20. Mais les situations varient selon les joueurs : via la pub, Eto’o n’augmente guère son (monstrueux) salaire, alors que Beckham le multiplie (monstrueusement) par cinq ! Le niveau footballistique a ses raisons que la pub ignore : Messi est certes fils de pub parce qu’extraterrestre balle au pied, mais C. Ronaldo l’est davantage pour son look de métro-sexuel, Pépé Beckham parce qu’il demeure icône bien plus que footballeur, Neymar parce qu’il n’a pas (encore) déserté cet immense pays (et marché) de foot qu’est le Brésil.

France Football détaillant par ailleurs le blé des coaches, j’ai ici inséré José Mourinho, seul à s’infiltrer dans le top 20 des joueurs : le fait qu’il soit là montre à quel point il fascine et rappelle que les coaches fascinent moins que leurs stars ! Sauf que quand je dis fasciné par tout ce pognon éhonté, ce n’est peut-être pas le mot qu’il faut : devrions-nous l’être, ou pourquoi le sommes-nous ? Pourquoi évoque-t-on davantage le fric des footballeurs que celui des acteurs ou chanteurs ? Pour faire naître chez nos mômes des vocations à base de grosses bagnoles, pépettes et p’tites pépées ? Merde, aurais-je dû pondre ce tableau ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire