Aulas, l’hyper président

C’est un peu par hasard que le football français a vu débarquer Jean-Michel Aulas à la tête de l’Olympique Lyonnais, le 15 juin 1987. Quelques mois plus tôt, Bernard Tapie, fraîchement président de l’OM, anime sur TF1Ambitions, émission à la gloire des nouveaux patrons. A la question d’un journaliste du Progrès de Lyon  » qui pourrait sortir l’OL de la tourmente ? », Tapie répond sans hésiter :  » Aulas « , présent ce soir-là sur le plateau. JMA a alors 38 ans et est à la tête de l’éditeur de logiciels pour PME, Cegid, une activité florissante. Son arrivée à l’OL est sujette à interrogations : il n’a aucune expérience dans le foot, et n’y connaît pas grand-chose. Son passé de joueur de handball de haut niveau et ses activités de sponsoring auprès de Carl Lewis et d’ Alain Prost contrebalancent.

 » Il a débarqué dans le foot avec une image de trader « , lance Vincent Duluc de L’Equipe.  » C’est l’époque des grands patrons au pouvoir dans le foot français, avec notamment Lagardère au Matra Racing ou Tapie à Marseille. Très vite, on a décelé chez lui une grande ambition, mais méthodique, graduelle. Il a eu pour son club une vision d’entreprise et européenne. Sur ces points, il fait figure de précurseur en France.  »

Suite à l’investissement de la société de cinéma Pathé en 1999, Aulas va se sentir de plus en plus fort et prêt à faire la guerre avec les plus puissants en France, avant d’attaquer l’Europe. Les succès des années 2000 iront de pair avec une détérioration de son image :  » Il a ce côté nouveau riche qui excède pas mal de gens « , cerne Serge Rezza de So Foot. Pour Aulas, le foot est un business où les faibles n’ont pas leur place et il ne s’en cache pas : – Il faut mettre des atouts de notre côté avec un Championnat d’élite, un état d’esprit tourné vers l’élite et pas vers les plus mauvais. Pour faire grandir son club, Aulas est prêt à tout. Il a parfaitement compris que le ridicule ne tuait pas.

Duluc :  » Il s’en fout de son image, pourvu que ses idées avancent. Ce n’est pas que je mens mais je ne dis pas toujours la vérité est une de ses sorties les plus célèbres.  » Et puis, Aulas aime être vu, entendu. Si pour diriger la France, il y a l’hyper président Nicolas Sarkozy, pour dicter la marche à suivre du football français, il y a son clone JMA. Reste que sa popularité dans les foyers français est très basse. Le livre, Aulas, l’enquête interdite, sorti en 2007, n’a pas remonté sa cote. On peut y lire par exemple que le président des Gones aurait fait suivre un journaliste par un détective privé en 1988, quelque temps après son arrivée au club.  »

Aulas nie en bloc. Toujours est-il que nombreuses de ses méthodes managériales sont critiquées. Lui n’en a cure et veut que son club grandisse : le holding OL groupe est né dans les années 90, ce qui a permis de décliner la marque en d’innombrables et surprenants produits dérivés : OL coiffure, OL auto-école, OL saint-marcelin ou encore OL Beaujolais. Le club est même coté en bourse depuis 2007 et espère concrétiser OL land (un méga complexe sportif avec en son sein une enceinte de 62.000 places) pour 2012-2013. Les idées ont beau fuser chez JMA, sa popularité ne grimpe pas, bien au contraire, et cela l’agace :  » On a gagné sept titres de suite et on ne suscite aucune reconnaissance. On est critiqué parce qu’on est ambitieux… On n’est vraiment pas respecté « , lança-t-il l’an dernier.

 » Il veut sans cesse et maladroitement montrer qu’il est détaché du complexe d’infériorité qu’a Lyon par rapport à Marseille ou Paris. Au final, ça le rend attachant « , conclut Rezza avec une pointe d’humour.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire