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 » Aucun point du règlement ne prévoit ça « 

Il va falloir se montrer inventif pour que le foot d’en bas sorte sans trop de casse de la crise.

Jeudi 12 mars, 10h12. L’Association des Clubs Francophones de Football communique : BREAKING CORONAVIRUS : toutes les compétitions de l’ACFF sont à l’arrêt. Plus d’informations vont suivre sur www.acff.be.

À ce moment-là, la Pro League maintient toujours sa décision de faire jouer les matches de la dernière journée de D1A, à huis clos. Pourquoi le foot amateur est-il plus proactif et radical que le foot professionnel ?

 » Il ne restait qu’un match de championnat à jouer en D1A, avant un cap important de la saison, la fin de la phase classique, donc je pouvais comprendre qu’à ce moment-là, la Pro League envisageait toujours que les matches se jouent, sans spectateurs « , nous explique Daniel Boccar, secrétaire-général de l’ACFF.

 » Mais dans le cas du foot amateur, on trouvait que c’était criminel de poursuivre les compétitions. Chaque week-end, on a 500.000 personnes concernées par des matches, des joueurs qui se côtoient dans des vestiaires, des parents qui se retrouvent dans des buvettes. On n’était pas dans un scénario où il suffisait de jouer encore juste un match avant de réfléchir calmement à la suite.

Dans le foot amateur, le championnat est encore long. On devait agir et on a pris nos responsabilités, indépendamment des décisions de la fédération. On estimait que prendre simplement des demi-mesures, c’était très dangereux. C’est pour ça qu’on a agi aussi vite.  »

Des décisions pareilles doivent être prises par tout le conseil d’administration, soit 21 personnes – dont un tiers environ est aussi dans le CA de l’Union Belge. Vu qu’il était impossible de réunir tout le monde en très peu de temps, les discussions se sont faites par vidéo-conférence, téléphone et mail. Et tout le monde est vite tombé d’accord sur l’arrêt immédiat des championnats jusqu’à la fin du mois de mars. Une deadline déplacée au 3 avril, le soir même, quand le conseil de sécurité a annoncé les mesures de confinement.

Quid si les championnats ne reprennent pas ?

Ce n’est pas sot de réfléchir déjà à ce qui se passera si on ne rejoue plus en amateurs cette saison. Quid des résultats des championnats, dans ce cas ?  » On est occupés à étudier tous les cas de figure possibles « , poursuit Daniel Boccar.  » Si on rejoue le 5 avril, le 15 avril, fin avril. Si on ne rejoue plus avant l’été. Tous les modèles sont déjà à l’étude chez nous, province par province. On fait des simulations, des projections. Si on rejoue, le fera-t-on aussi en milieu de semaine pour finir les championnats plus vite ?

Deux fois par semaine, l’ACFF aura une réunion de crise avec l’aile flamande, la Pro League et l’Union Belge. On va recevoir régulièrement aussi des informations de l’UEFA. Il y a peu de certitudes en ce moment, mais il y a une date butoir qu’on ne peut pas reculer : le 30 juin, tout doit être fini parce que c’est une date clé au niveau des affiliations. Et dans le calcul des dates, il faut aussi tenir compte des tours finals.  »

Et si vraiment, dans le pire des cas, on ne rejoue pas ? Quid des classements ?  » Là, il faudrait une décision du conseil d’administration de l’ACFF. Ce serait inédit parce qu’il n’y a pas de jurisprudence. Et, à ma connaissance, aucun point du règlement ne prévoit un arrêt des championnats en pleine saison. Quand le CA tranchera, ce sera en tout cas sans discussion et ce sera une décision sans possibilité d’appel. Le but est qu’à ce moment-là, tous les intérêts personnels soient mis de côté, que les membres du CA directement concernés parce que leur club est concerné, donnent la priorité au bon sens pour tous.  »

Des aides financières des fédés et du monde politique ?

Benny Mazur est le pendant de Daniel Boccar au nord du pays. Il est secrétaire-général de Voetbal Vlaanderen. Suite à l’annonce de la mise au repos de tout le pays, il a été bombardé de questions venant du foot amateur en Flandre.  » Par exemple, le Patro Eisden, via Stijn Stijnen, et Deinze m’ont demandé l’autorisation de continuer leurs entraînements. Mais je ne pouvais pas leur donner un accord parce que la décision de tout arrêter venait de plus haut, du conseil national de sécurité. Des dirigeants se demandent comment leur équipe pourrait rejouer le 5 avril alors que les entraînements sont interdits jusqu’au 3 avril. Le temps nous apportera des réponses.  »

Daniel Boccar
Daniel Boccar© BELGAIMAGE

Voetbal Vlaanderen se penche déjà sur les implications financières des mesures sanitaires.  » Mai, juin et juillet sont traditionnellement les mois les plus compliqués, sur le plan financier, pour les clubs amateurs, parce qu’il y a peu ou pas de rentrées. Pendant ce temps-là, les frais fixes continuent à courir : les factures de gaz, d’eau, d’électricité, la location des infrastructures communales, les investissements dans l’aménagement des terrains,…

Ne pas avoir de matches entre début mars et le début de la saison prochaine, ce serait une catastrophe économique pour les clubs. On doit aussi penser à la situation particulière des équipes les plus ambitieuses, qui ont des joueurs pros à temps partiel ou carrément à temps plein. Il faut continuer à les payer. On nous a déjà demandé si l’aile flamande et l’Union Belge allaient supporter les salaires. C’est une demande ridicule parce que nous n’en sommes pas capables.

On peut par contre réfléchir à la possibilité de différer les paiements des cotisations et des assurances. Et les autorités communales pourraient aussi donner un signal, parce que 90 % des clubs amateurs en Flandre utilisent une infrastructure de la commune.  »

Alors, l’homme compte sur le bon sens des autorités.  » Les services d’inspection financière disent que la buvette du club de foot est le premier café du village. Je ne dis pas que les clubs doivent toucher les mêmes primes que les établissements classiques de l’horeca mais on prévoit quand même de contacter le monde politique.  »

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