» Au Standard ? Pourquoi pas… « 

Bruno Govers

Privé de brassard, puis de temps de jeu, le Clabecquois est rentré dans le rang cette saison.

Si son but spectaculaire contre La Louvière, avec un ballon explosé en plein vol, n’avait fait la une de l’actualité sportive en novembre dernier, Walter Baseggio n’aurait guère défrayé la chronique cette saison.

Réserviste plus souvent qu’à son tour sous la houlette d’ Hugo Broos, le Clabecquois n’a pas bénéficié de plus de temps de jeu, loin s’en faut, après que Franky Vercauteren eut pris la relève au c£ur de l’hiver. Sa situation, bien au contraire, est même allée de mal en pis avec, comme triste point d’orgue, un rôle de spectateur lors du déplacement à Westerlo, en bout d’exercice.

En l’espace de neuf années au sein du noyau de Première, jamais encore le principal intéressé n’avait connu pareille humiliation, même si, en tout début de campagne, le staff technique avait déjà fait fort avec lui en le privant lui, l’italophile, d’une titularisation en Ligue des Champions face à l’Inter Milan.

Si Walt avait savouré sa petite revanche personnelle, à l’époque, en plantant un goal dès son entrée de jeu lors du match retour contre les Nerazzurri, au Parc Astrid, force est de reconnaître qu’il n’a jamais eu l’occasion de se racheter une conduite, par la suite, avec le nouvel homme fort des Mauves, qui a toujours privilégié la carte de Pär Zetterberg aux commandes de l’équipe, et celle du revenant Yves Vanderhaeghe en guise de rempart devant la défense.

D’incontournable il y a tout juste un an à peine, Walter Baseggio aura même dû composer avec le statut d’énième garniture puisque, chemin faisant, les Besnik Hasi et autres Goran Lovre lui brûlèrent la politesse sur le terrain. Réduit à un rôle de joker de luxe, qui ne correspond que peu ou prou avec ses qualités, le pur produit de l’Ecole des Jeunes du Sporting ne tient plus à vivre une situation du même tonneau. Il veut à tout prix rebondir mais l’incertitude plane toujours sur son futur cadre d’expression.

Walter Baseggio : J’ai eu deux entretiens constructifs récemment. D’abord avec le président Roger Vanden Stock, puis avec le coach, Franky Vercauteren. Aussi bien l’un que l’autre ont tenu à me dire qu’ils avaient encore foi en moi, malgré la saison pénible que j’ai vécue. Du côté de la direction, cette confiance se traduit par l’intention de ne pas me vendre, même si une cession, sur base locative, peut éventuellement être envisagée. L’entraîneur m’a demandé d’y réfléchir car, la saison prochaine, la concurrence risque d’être encore beaucoup plus corsée. Mais je ne compte pas baisser pavillon deux années d’affilée. Si je reste au Sporting, c’est avec la ferme intention d’y retrouver une place de titulaire.

Comment expliquez-vous votre descente aux enfers ces derniers mois ?

L’année passée, manifestement, tout allait très bien. Et chacun avait alors sa part de mérite : l’entraîneur, pour avoir mené l’équipe au titre, et les joueurs qui avaient réalisé cette ambition sur le terrain. Cette saison, par contre, l’entrée en matière fut beaucoup plus laborieuse, aussi bien en championnat qu’en compétition européenne. Et lorsque les résultats ne répondent pas à l’attente, on recherche inévitablement des coupables. A cet égard, je n’ai pas vraiment apprécié de me retrouver constamment dans l’£il du cyclone. De Tristan Peersman à Nenad Jestrovic en passant par Daniel Zitka, Vincent Kompany, Oleg Iachtchouk et Mbo Mpenza, Hugo Broos a eu maille à partir avec absolument tout le monde cette saison. Mais il n’y avait jamais qu’avec moi qu’on en faisait grand cas. Comme si j’étais le seul et unique responsable de la mauvaise passe de l’équipe.

Suite au changement d’entraîneur, certains, comme Jestrogoal précisément, se sont complètement métamorphosés. Pourquoi pas vous ?

Pour donner ma pleine mesure, je dois beaucoup jouer. Or, je n’ai pas souvent eu l’occasion de me dépenser sur le terrain. Bizarrement, j’ai peut-être disputé l’un de mes meilleurs matches au Lierse cette saison. C’était le deuxième de l’ère Vercauteren et il s’était malheureusement soldé par un partage : 1-1. Après avoir perdu contre Ostende la semaine précédente, l’équipe en était donc à un point sur six. Dans ces conditions, il fallait s’attendre à des changements et, sans que je comprenne trop pourquoi, j’ai trinqué. Cette éviction a eu l’effet d’un coup de massue. Et peut-être me suis-je quelque peu résigné après que d’autres, sortis de nulle part, m’eurent dépassé. C’est le seul grief que j’aie à me faire : j’aurais dû montrer davantage les dents dans ce contexte. En lieu et place, j’ai accusé le coup et j’ai manqué de répondant.

Comment repartir de zéro ?

Franky Vercauteren dit qu’il a tout essayé avec vous : la méthode douce et la forte. Sans succès.

Si on me punit en me privant d’une place dans le onze de base contre l’Inter Milan mais que j’ai l’occasion de monter au jeu, malgré tout, on voit ce dont je suis capable : marquer un but. Mais si je ne figure pas sur la feuille de match, que puis-je montrer ? Pas grand-chose, bien sûr. Certains se sont étonnés que je tire la tête dans la tribune de Westerlo. En d’autres circonstances, les mêmes ne comprenaient pas que je sourie, de temps à autre, lorsqu’une caméra balayait le banc de touche où j’étais assis. Comme quoi, j’avais beau faire n’importe quoi cette saison, il y avait toujours quelque chose à redire en ce qui me concerne. Ce n’était jamais bien ou bon.

Repartir de zéro, est-ce possible à Anderlecht ?

Pour moi, oui. Sans problème. Je ne ressens aucun phénomène d’usure ou de déjà-vu. Je ne pense pas non plus que le public m’ait pris en grippe après toutes ces années. La preuve : il a très régulièrement scandé mon nom cette saison et m’a gratifié d’ovations mémorables contre le Germinal Beerschot ou Mons. Durant tous ces mois difficiles, il n’a jamais marchandé son soutien à mon égard. C’est le signe que j’ai bel et bien toujours un avenir au Sporting. D’ailleurs, s’il n’en était pas ainsi, la direction ne me retiendrait pas.

Une location est malgré tout possible. A cet effet, le nom de Charleroi a même été cité : un club qui avait permis à Pär Zetterberg de s’épanouir autrefois et de revenir par la grande porte au Parc Astrid.

Zet avait 20 ans au moment où il a pris le chemin du Mambourg, moi j’en ai presque 27. C’est différent. Mais je n’exclus rien. D’un Sporting à l’autre, pourquoi pas ? Une chose est sûre : je ne veux plus vivre une saison maudite, pareille à celle qui vient de s’achever. Et je ne tiens pas non plus à faire banquette. A mon âge, je veux jouer. A Anderlecht, je l’espère. Et si cette perspective devait m’être refusée, je demanderais à changer d’air temporairement. En Belgique ou ailleurs. Dans ma situation, je ne ferme aucune porte.

Le Standard s’est manifesté pour vous par l’entremise de Luciano D’Onofrio. Vous vous imaginez porter les couleurs du Standard un jour ?

Oui, pourquoi pas ? J’ai toujours apprécié Sclessin et je ne pense pas que je serais nécessairement perçu comme un déserteur de la part du public anderlechtois. Il sait ce que j’ai enduré ces derniers mois et fait preuve de compréhension à mon égard. Si je peux dépanner les Rouches pendant un an, quitte à ce qu’un Standardman me relaie durant la même période au Parc Astrid, je ne vois pas pourquoi je ferais la fine bouche. Le plus important pour moi, je le répète, c’est de me remettre complètement en selle. Dans un contexte familier si possible ou, à défaut, dans un autre entourage. Je n’aurais pas peur d’effectuer ce pas.

Votre épouse Rosalba attend famille pour le mois de décembre. Un départ à l’étranger est-il envisageable dans ces conditions ?

Je suis libre d’agir à ma guise. Mais je n’irai quand même pas n’importe où non plus. Ma priorité demeure l’Italie. Il y a quelques mois, la Fiorentina s’était manifestée mais ses dirigeants avaient reculé devant les exigences financières de la direction anderlechtoise. S’il s’agit d’un prêt, la donne n’est plus tout à fait la même. Reste que les Florentins ne se sont plus montrés depuis un certain temps. Je ne sais pas s’ils m’ont encore dans leur viseur. Mais il n’y a pas que ce club en Italie.

Votre ancien coéquipier anderlechtois, Alin Stoica, s’est planté à Sienne, après avoir échoué au Club Bruges. Son cas ne vous laisse sûrement pas insensible ?

C’est vrai que nous étions présentés tous deux comme les coming men au Sporting, il y a quelques années et que nous avons connu des fortunes sensiblement diverses depuis lors. Je ne comprends pas ce qui s’est passé avec Alin. Il avait tout ce qu’il faut pour conférer une autre dimension, beaucoup plus technique, aux Bleu et Noir. Et il s’est complètement fourvoyé. En Italie, j’ai cru comprendre qu’il n’avait pas livré un seul match en Serie A. C’est dingue.

Un manque de volume de jeu

Pour lui comme pour vous, c’est le même refrain qu’on entend : un manque de volume de jeu.

C’est quoi le volume de jeu ? Et qu’est-ce qui est préférable : courir à en perdre haleine derrière un ballon insaisissable ou être plus économe de ses efforts et bien faire circuler le cuir ? A choisir, je privilégierai toujours la deuxième solution. C’est elle, d’ailleurs, qui a causé la perte de Milan face à Liverpool en finale de la récente Ligue des Champions. Gennaro Gattuso et Andrea Pirlo ont eu beau s’époumoner, ils étaient chaque fois battus en deuxième mi-temps, par une ligne médiane adverse en tous points remarquablement orchestrée. Personnellement, je reste persuadé que quand les tâches sont bien définies sur un terrain, secteur par secteur, c’est surtout le ballon qui est mis à contribution. L’ennui, c’est qu’au Sporting ces directives ont trop souvent manqué. Avec Hugo Broos, on faisait parfois n’importe quoi sur un terrain. Dans ce registre, le Club Bruges était plus structuré. Ceci dit, il y a eu un mieux dès que Franky Vercauteren a repris les commandes, c’est évident. On sait où on va à présent.

Est-il exact qu’en période de préparation, la saison passée, vous en étiez quasiment venu aux mains avec l’entraîneur actuel ?

C’est de l’histoire ancienne. Pendant un stage, tout le monde veut se montrer car les places sont chères. A un moment donné, j’avais pris la défense de Tristan Peersman qui avait été injustement réprimandé à mes yeux. Le ton est monté, c’est tout. Je n’ai jamais frappé un adversaire, je ne vois pas pourquoi je m’en prendrais à mon propre coach dans ces conditions (il rit).

Franky Vercauteren jure par un football moderne où les notions de médian offensif ou défensif ne sont plus de mise : vous êtes capable de répondre à cette conception-là ?

Quand Aimé Anthuenis a débarqué au Sporting, en 1999, je n’en menais pas large non plus. Pour la bonne et simple raison que, d’après lui, Oleg Iachtchouk était un médian beaucoup plus polyvalent que moi. Je ne me suis jamais laissé abattre par toutes ces considérations et j’ai probablement livré, à cette époque, les deux meilleures saisons de ma carrière. Dont l’une, ponctuée par une accession au deuxième tour de la Ligue des Champions en 2000-2001. L’actuel entraîneur fédéral m’avait poussé dans mes derniers retranchements et peut-être avais-je besoin de cette situation pour me transcender. Aujourd’hui, quelques années plus tard, je me retrouve en quelque sorte dans un cas de figure analogue puisque j’ai affaire à un coach qui n’a pas fait de moi sa priorité ces derniers mois. J’espère lui prouver qu’il s’est trompé et que je suis capable de me sublimer. De toute façon, la concurrence ne m’effraie pas. Marius Mitu est un très bon joueur. Mais, si nous sommes rivaux pour la même place, il devra prouver qu’il est meilleur que moi.

Difficile de ne pas vous demander des nouvelles de votre poids.

Très bien merci (il rit). J’ai été un peu dans le rouge à un moment donné mais tout est revenu à la normale. C’est bizarre quand même que mon poids interpelle tout le monde alors que d’autres n’ont pas, non plus, la taille mannequin au Sporting.

Une toute dernière question : le Sporting compte dans son staff un psychologue, Johan Desmadryl. Avez-vous déjà fait appel à ses services ?

Pas du tout. Je suis bien dans ma peau et dans ma tête. Je ne vois pas la nécessité de m’adresser à lui. Il a déjà suffisamment de travail avec certains (il rit).

Bruno Govers

 » Je suis le seul qu’on interpelle sur son poids. Pourtant, D’AUTRES N’ONT PAS LA TAILLE MANNEQUIN non plus au RSCA  »

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