Au rapport

Le président de la commission centrale des arbitres joue le jeu.

Vendredi dernier, la Commission centrale des arbitres (CCA) avait réuni ses arbitres de D1. Au programme, une batterie de tests physiques et, l’après-midi, un débriefing et un rappel des nouvelles règles.

Le point avec le président de la CCA, Jean-Claude Jourquin sur les dossiers chauds.

Vous devez entendre chaque année la même question. Mais y a-t-il des raisons d’espérer des arbitres de très bon niveau cette saison ?

Pour moi, depuis quelques années, l’arbitrage belge progresse. Nous avons développé une politique de jeunes en introduisant des nouveaux arbitres mais l’arbitrage est également une question d’expérience. Au fur et à mesure, tous nos affiliés ont de plus en plus de métier. Ils progressent. Mais l’arbitrage est quelque chose qui n’est pas facile. Des erreurs sont commises et il faut vivre avec.

Que faudrait-il faire pour avoir un arbitre à la Coupe du Monde ?

Frank De Bleeckere est retenu parmi les candidats. Mais c’est un petit peu comme le parcours du combattant. Il n’a pas le droit à l’erreur. Il va être désigné dans un certain nombre de compétitions et s’il passe tout cela de manière correcte, il a de réelles chances de rester. Mais la Coupe du Monde se fait par trio. L’arbitre a le droit de choisir ses assistants et une fois qu’il a choisi, ce trio effectue toutes les étapes ensemble. Si un des membres du trio échoue ses tests physiques, c’est l’ensemble qui est recalé. Nous espérons que De Bleeckere sera le représentant de notre arbitrage à la Coupe du Monde mais ce n’est pas encore gagné. Surtout quand on voit la qualité de certains arbitres encore en lice. Et leur nationalité aussi.

Le classement international des arbitres belges a-t-il évolué ?

Nous avons établi le nouveau classement des arbitres appelés à évoluer dans différentes catégories (ceux pour la D1, les aspirants, ceux pour la D3) au mois de juin. Par contre, le classement international de catégorie A1 ne se fait qu’en octobre.

Comment alors expliquer que vous misez sur Frank De Bleeckere pour la Coupe du Monde alors que, comme le classement n’a pas évolué, il n’est pas le premier arbitre belge ?

La Belgique a son classement basé sur la compétition belge. La FIFA a le sien et l’UEFA aussi. Les classements ne sont pas les mêmes et on peut très bien avoir un arbitre qui officie très bien en Coupe d’Europe et qui, en Belgique, ne preste pas au même niveau. Ou bien on dit que l’on suit le classement de l’UEFA, ou bien on dit que chaque pays doit évaluer ses arbitres en fonction de ses prestations nationales. Et celles de Frank De Bleeckere dans notre championnat ne sont pas ce qu’on est en droit d’attendre d’un garçon comme lui.

Et pourquoi De Bleeckere ne preste pas aussi bien en Belgique que lors des matches UEFA ?

C’est une très bonne question. Ce qu’on a voulu faire vis-à-vis de lui, c’est de lui dire qu’un arbitre de son niveau doit se faire un honneur d’être également le premier dans son pays. Nous avons pris cette décision pour le motiver, une façon de lui dire û Mon cher ami, n’oublie pas que si tu es arrivé à ce niveau, c’est d’abord parce que tu as réussi en Belgique. A un moment donné, on doit donner un électrochoc à nos arbitres. Le problème, c’est que cet électrochoc a pris, sur le plan communication et média, des proportions qui dépassent ce que cela devait être.

Echanges internationaux

Vous avez lancé des échanges d’arbitres la saison passée en partenariat avec les Pays-Bas et le Luxembourg. En êtes-vous satisfaits ?

Oui. Absolument. Les clubs et les arbitres sont contents. D’ailleurs nous intensifierons le système. Surtout avec nos voisins hollandais qui nous offrent un terrain d’action plus vaste. Huit matches de la compétition néerlandaise seront arbitrés par des Belges contre six la saison passée. Quatre au premier tour, quatre au second. Par ailleurs, huit rencontres de la compétition belge seront prises en charge par des referees néerlandais. Cela permet à nos membres d’officier lors des rencontres de haut niveau. Tous nos arbitres internationaux ont pris part à ce système. Paul Allaerts, Johan Verbist, Frank De Bleeckere, etc.

Mais ce système n’a-t-il pas montré ses limites avec le Luxembourg ?

L’arbitre luxembourgeois Alain Hamer est de haut niveau : il est retenu parmi les candidats à la Coupe du Monde. Je ne pense que nous puissions dire qu’il s’agisse d’un mauvais arbitre. Il a peut-être eu un jour moins heureux en Belgique. Mais fondamentalement, il doit nous apporter quelque chose.

Mais là, le système d’échange n’offre aucune plus-value pour les arbitres belges. Arbitrer au Luxembourg, ce n’est quand même pas la panacée…

Entre les Pays-Bas et la Belgique, les rencontres sont du même niveau. Par contre, entre le football luxembourgeois et le football belge, ce n’est pas le cas. Si Hamer officie chez nous, c’est parce qu’il est une exception dans le football luxembourgeois. Il arbitre régulièrement dans la compétition française. Mais, nous n’envoyons pas au Luxembourg nos arbitres internationaux. Nous envoyons des jeunes, stagiaires en D1 ou en D2.

Est-ce que ces échanges pourraient également se faire avec d’autres pays limitrophes comme la France ou l’Allemagne ?

Les conditions d’échange dépendent des clubs. Ils ont marqué leur accord à condition que cela ne leur coûte pas plus en frais annexes (repas, hôtel, logement). Avec les Pays-Bas, cela s’arrange fort bien parce qu’on peut prendre un arbitre qui n’habite pas trop loin de la frontière. On gère cela de telle manière à ne pas engendrer de frais supplémentaires. Si on envisage cela avec la France, on ne peut pas faire autrement que de partir pour deux ou trois jours. C’est pour cela que pour le moment, nous limitons ces échanges aux pays les moins grands. Le Luxembourg le fait avec une partie de l’Allemagne proche, avec l’Alsace…

Mais rien n’empêche de voir un jour un Belge à Lens, Lille, Troyes ou Metz ?

Oui. Pour nous, aller à Lens ne pose pas un problème. Mais si on nous envoie un Français, ce ne sera pas nécessairement quelqu’un de Lens.

La vidéo

Vous avez édicté les modifications de certaines règles. Mais, on voit que certaines manifestations de joie après un but sont toujours punissables d’un carton jaune. N’y a-t-il pas un fossé grandissant entre l’arbitre et le joueur ?

Ce ne sont pas les arbitres qui font les lois mais la FIFA. A certaines occasions, l’arbitre est désolé de brandir le carton jaune mais il est obligé de le faire. Et ce sont les joueurs qui doivent se rendre compte que les arbitres ont d’autres choses à faire que de sanctionner ces bêtises. Enlever son maillot et grimper au grillage : les lois du jeu disent qu’il faut sanctionner ces faits. Par contre, la gravité d’une faute reste une question d’appréciation. Mais on réagit aussi quand on voit que dans un match il y a une agression et un maillot enlevé et que ces deux fautes aboutissent toutes les deux à un carton jaune. Mais d’un côté il y a une appréciation et de l’autre un fait…

L’utilisation de la vidéo a-t-elle été envisagée en Belgique ?

On reconnaît trois points concernant l’utilisation de la vidéo : les faits de jeu, les moyens de preuve et de défense et pour confondre un joueur coupable de brutalités. Pour le premier point, c’est non. Par contre pour les deux autres points, on peut avoir recours à la vidéo. Concernant le troisième point, la vidéo peut être utilisée dans la mesure où le quatuor arbitral n’a pas eu l’occasion de voir les brutalités en question. Nous sommes à l’écoute de la technologie. Ainsi, nous avons été attiré par un système d’oreillette qui relierait le trio arbitral et qui est utilisé en France. Nous avons décidé de procéder à des essais lors des matches amicaux. Si un des trois arbitres parle, les deux autres l’entendent. On peut même imaginer un arbitre débutant, relié à un coach qui se trouverait sur le bord du terrain et qui le guiderait dans son placement et ses décisions.

Tout tacle agressif sera désormais sanctionné d’un carton rouge. Est-ce que cela veut dire que le tacle de Laybutt sur Chatelle l’année dernière vaudrait, cette année, à son auteur une expulsion ?

Non car, pour nous, le tacle de Laybutt était correct. Il s’agissait d’un tacle sur le ballon et le deuxième pied est resté à hauteur du sol. Mais Chatelle a eu son pied pris entre les deux jambes de l’Australien. Mais cela reste un tacle réussi. Le mouvement vers le ballon est tout à fait correct. Peut-être a-t-il été exécuté avec une force trop intense. Mais le cas de la blessure de Chatelle est un épisode plus malheureux qu’autre chose.

Stéphane Vande Velde

 » Le tacle de Laybutt reste un tacle réussi  »

 » De Bleeckere doit être le meilleur dans son pays aussi… « 

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