Au-delà de la nouvelle image

Après avoir évacué les effets négatifs de  » la clique d’Italiens  » et assuré qu’ils valaient bien la D1, les Dragons veulent encore progresser. Leur directeur technique explique comment.

Alors que plusieurs questions restaient en suspens, le puzzle montois prend forme. On attendait du mouvement dans le staff technique et les postes de direction, il y en aura finalement très peu. Le staff demeurera le même, Bernard Smeets, le préparateur physique et Michel Iannacone, l’entraîneur des gardiens, ayant prolongé leur contrat de deux ans, Michel Wintacq d’un an.

La direction voit l’arrivée de Christophe Dessy à la tête de l’école des jeunes. Au mois de mai, le président Dominique Leone ne savait pas encore s’il allait confier toute la gestion sportive au nouvel arrivant ou maintenir le directeur technique actuel, Jean-Paul Colonval à son poste.

1. Colonval prolonge

Finalement, c’est la deuxième solution qui a été préconisée, Colonval paraphant un nouveau bail d’un an.  » Je n’avais pas exclu l’idée de quitter le club « , dit-il.  » Et je l’aurais fait par la grande porte vu les deux dernières années particulièrement réussies « .

Pourquoi avoir voulu quitter le club ?

Jean-Paul Colonval : La lassitude tout simplement. A 67 ans, j’ai le droit d’être de temps en temps fatigué. Cette fonction engendre un stress quotidien. Il faut gérer les dossiers, écouter les récriminations des uns, entendre les autres – je tiens à la nuance. Depuis deux ans, je n’ai pris que cinq jours de congé.

Qu’est-ce qui vous a décidé à rester alors ?

Le président. Il voulait que je reste et quand on se sent apprécié par le patron, on ne peut que l’écouter. Il reconnaissait la qualité du travail. Et puis, je suis là avant tout pour aider le club. Pour paraphraser le Général Charles de Gaulle, est-ce que vous voulez qu’à 67 ans je commence une carrière de dictateur ?

2. Dessy arrive

Pourtant, l’arrivée de Dessy laissait présager qu’il y aurait un remaniement dans l’organigramme…

C’est moi qui ai voulu l’arrivée de Dessy, comme celle de José Riga en son temps. C’était l’occasion pour nos équipes de jeunes de faire un pas en avant. L’arrivée de Dessy va accélérer le processus de mise en orbite des jeunes vers l’équipe Première. Dessy s’est remis en question en France, il a un esprit éveillé. Il est curieux et travaille avec méthode et rigueur. Il sait encadrer les coaches de jeunes. On s’est rendu compte que nos formations n’étaient pas inférieures à celles des autres clubs jusqu’à 14 ans et, qu’après, elles n’arrivaient plus à rivaliser. Dessy va faire un audit. Il va prendre contact avec les établissements scolaires pour avoir leur accord et on va essayer de dégager un statut d’élite. Nous avons à PHASE, l’ancien site d’entraînement de l’équipe Première à Havré, toutes les installations nécessaires pour accueillir ces jeunes. Ce projet doit être opérationnel en 2008.

Est-ce que l’arrivée de Dessy modifie votre rôle et votre fonction ?

Non. Il s’occupe des jeunes. Dans l’organigramme, il se situe en dessous de moi mais je lui délègue volontiers mes prérogatives sur le sujet, vu son savoir-faire.

3. Leone continue de décider

Avez-vous toujours été sur la même longueur d’onde que les autres décideurs sportifs ?

Cela relève de la cuisine interne mais je peux vous dire que personne n’essaye d’imposer son point de vue par la force. Il n’y a qu’un décideur : le president Dominique Leone. At the end of the day, decision is taken by the chairman comme disent les Anglais.

Vous dites qu’une seule personne décide mais on a l’impression que tout le monde donne son avis ici…

C’est faux. On n’est plus à l’époque où la clique d’Italiens avait pris possession du club avant mon arrivée. A la réception d’après match contre Anderlecht, j’ai reçu le plus beau compliment d’un des décideurs anderlechtois – Vous avez changé l’image du club. C’est la vérité. Je ne retiens que cela et j’en suis fier.

Vous êtes en place depuis deux ans. A l’époque, vous aviez déjà bien bourlingué dans le monde du foot. Pourtant, cette fonction de directeur sportif était nouvelle pour vous. Vous a-t-elle surpris ?

Non.

Vous ne vous êtes jamais senti dépassé par les événements ?

Non. Jamais. Si je m’étais senti dépassé, je serais parti. Je me demande d’ailleurs bien quel événement aurait pu me dépasser…

En deux ans, le club a retrouvé les sommets. Est-ce un sujet de fierté pour vous ?

Les succès engrangés m’ont conforté dans certains concepts. Il y a deux ans, le club était dans le fond du panier. Le président était meurtri mais ne voulait pas s’en aller sur une défaite. On a analysé ce qui s’était passé : 18 joueurs sont partis et j’ai préconisé l’engagement de Riga parmi 10-12 candidats. Le choix s’est avéré judicieux. Par la suite, il a fallu transformer les joueurs et, de perdants en faire des gagnants. Grâce au travail de Riga, on a retrouvé la D1.

Il y a un an vous avez décidé de faire une nouvelle lessive, agissant à l’opposé des derniers promus comme Zulte Waregem ou Roulers qui avaient conservé la majeure partie de leur noyau. Pourquoi ?

Si on n’avait pas agi de la sorte, on serait descendu. On s’expose toujours à la critique. Votre magazine nous avait pointé à la 18e place dans les pronostics d’avant saison. Finalement, on finit neuf places plus haut. Pas mal, non ?

Il y a quand même eu quelques tâtonnements…

Bien sûr. Tout le monde commet des erreurs. On a dû agir dans la précipitation, l’été passé. Il a même fallu réajuster notre effectif au mercato. Sur quatre arrivées, on a enregistré trois réussites. C’était bingo !

4. Garder le noyau moins Wamberto plus Seka

Pourtant, cette année, Mons compte bien jouer la carte de la stabilité…

Je l’espère mais un contrat n’a que la valeur qu’on veut bien lui accorder. C’est une protection pour le joueur. Beaucoup moins pour le club. Mais c’est clair : on veut la stabilité et changer l’effectif le moins possible.

Mohamed Dahmane sera-t-il le seul départ important ?

Si cela ne tenait qu’à moi, il y aurait un seul départ. On a dit que si Dahmane s’en allait, on serait amené à trouver un autre tueur des surfaces, ce qui ne court pas les rues. Mais on ne peut pas non plus aller à l’encontre de la volonté du joueur. Il faudra faire preuve d’imagination.

D’autres joueurs sont-ils courtisés ?

S’il y a beaucoup de bavardages et de supputations, il n’y a aucune offre concrète. Pour le moment, on est en pleine partie de poker. Chaque club cache ses cartes et on attend de voir qui va ouvrir le jeu mais notre bon championnat a attiré l’attention et suscité les convoitises.

Vous venez de transférer le médian ivoirien de Beveren Roméo Seka, un joueur qui a un profil très proche d’autres médians…

Depuis quatre ans, il évolue en Belgique. Il ne connaîtra pas de problème d’adaptation. C’est un joueur technique et talentueux. Il prendra dans le noyau la place de Wamberto mais on ne peut pas parler de profils similaires : Seka a 23 ans et tout l’avenir devant lui. Il est là aussi pour pallier un départ éventuel. Il peut évoluer sur le flanc droit, gauche ou derrière les attaquants.

5. Garder ses jeunes

L’année passée, vous avez multiplié les tests pour éviter trop d’erreurs de casting. Continuerez-vous dans cette voie ?

Maxime Annys, l’attaquant de Roulers, continuera son test cette semaine. C’est la volonté de Riga qui doit compléter son information par rapport à ce qu’il a déjà vu. Par ailleurs, nous avons envoyé des invitations et un arrière gauche brésilien, un autre ivoirien et un avant-centre burkinabé seront également mis à l’essai.

L’arrivée de Dessy a coïncidé avec le départ des jeunes Porco, Ulens et Dutrieux pour Charleroi. Pourquoi ne pas avoir misé sur ces jeunes ?

Jusqu’à fin février, nous avons lutté pour rester en D1. On ne pouvait pas prendre le risque de lancer des jeunes et puis, Riga a construit son noyau en faisant confiance à certains éléments. Ce n’était pas pour les renvoyer en tribune et les priver de primes par la suite.

Oui mais on peut comprendre les envies de départ de Porco, Ulens et Dutrieux.

Ils n’étaient pas prêts pour la D1. Pour le reste, je n’ai pas de commentaires à faire à ce sujet. C’est encore sensible. Leur attitude nous a heurtés.

Mais Mons doit quand même faire un effort envers ses jeunes…

Le cancer, ce sont les 32 heures de cours obligatoires dans un programme d’humanités classiques. Tant que le programme n’est pas allégé, on ne pourra pas espérer mieux. On ne peut quand même pas s’entraîner la nuit ! En Belgique, on est adepte du bricolage. Cela a tenu la route longtemps. Plus maintenant.

6. Ne plus tout faire payer par Leone

La nouvelle tribune sera-t-elle prête pour la reprise ?

Les travaux ont pris 15 jours de retard mais cela devrait être prêt pour notre premier match à domicile, face à Malines. A espérer que cela attire du monde car je ne comprends pas que Mons ne compte pas davantage de supporters. Dans le temps, Mons était une ville de foot. On peut venir au stade à pied. Or, je constate qu’il y a davantage de supporters qui viennent des environs que de Mons même.

Cela fait plus de quarante ans que vous naviguez dans le monde du football. Retrouvez-vous le même football que vous avez connu ?

Oui. Cela change mais le football reste le football. On sait si on assiste à une bonne rencontre ou pas. Quand je vois des matches de jeunes ou de D1, je retrouve cette passion et cet enthousiasme communicatif.

Et si vous aviez arrêté, auriez-vous pu vous passer du football ?

Bien sûr que non. J’aurais continué à visiter les stades. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Et puis, je me serais aussi mis assidûment au golf, passion que je n’ai pu assouvir ces dernières années.

Mais n’y a-t-il quand même pas plus de satisfaction à être acteur du monde du foot que spectateur ?

Evidemment. Se sentir impliqué dans une belle aventure a quelque chose de gratifiant. Nous avons construit quelque chose dans un désert. Si nous n’avions pas pu compter sur notre président, Mons serait en Promotion. On n’apprécie pas à sa juste valeur les effets produits par l’implication personnelle du président. Et je ne le dis pas par flagornerie.

Cela n’est-il pas dangereux pour Mons de ne dépendre que d’un seul homme ?

La mauvaise gestion pend au nez de tout le monde. Pas rien que de Mons. Ici, on a, c’est vrai, un club artificiel car il repose essentiellement sur un homme mais la troisième étape consistera à construire une troisième tribune avec des loges qui nous apporteront des rentrées financières supplémentaires. Tout cela doit permettre, à terme, de viser la stabilité.

par stéphane vande velde – photos: reporters/ mossiat

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire