Attention au Panzer

Tony Martin porte les espoirs d’une nation.

Le cyclisme n’est plus un métier facile en Allemagne. Nul ne vous croit quand vous clamez  » Ich bin sauber « (je suis propre). Nul ne vous regarde quand vous brillez au Tour, puisque l’ ARD et la ZDF ne veulent plus couvrir ce  » show pharmaceutique  » en direct. Personne ne peut vous offrir d’emploi en Division 1, puisque Gerolsteiner, T-Mobile et Milram ont tourné le dos au Radsport.

 » J’espère que mes performances pourront provoquer un revirement « , déclare l’introverti Tony Martin. L’Allemand de 25 ans a réussi sa grande percée dimanche, en s’adjugeant Paris-Nice. Ce n’est pas une surprise pour les observateurs : en Espoirs déjà, Martin était qualifié de nouveau Jan Ullrich. Cette comparaison n’est pas aussi facile qu’elle en a l’air. Comme le dernier vainqueur allemand du Tour, Martin est un Ossie. Il porte une boucle d’oreille, s’est établi sur les rives suisses du Lac de Constance, possède deux énormes cuisses, adore mettre le gros braquet et est un spécialiste du chrono. C’est à cette épreuve qu’il doit son surnom : der Panzerwagen (le Panzer). De tous les spécialistes du contre-la-montre, c’est l’Allemand le plus proche de Fabian Cancellara. L’année dernière, dans le contre-la-montre final du Tour de Suisse, il avait même donné une leçon à Spartacus.

Les spécialistes du chrono se forgent généralement un joli palmarès dans les tours. Le mois dernier, Martin a remporté celui d’Algarve et l’année passée, l’Eneco Tour. Il a évincé Michael Rogers, triple champion du monde du contre-la-montre, chez HTC-Highroad, et celui-ci en est réduit à tenter sa chance dans de petites courses par étapes chez Sky.

Dans les grands tours, Rogers n’a jamais répondu aux attentes. Martin en est-il capable ? On compare souvent Paris-Nice à un Tour de France miniature et le livre d’or de la Course du Soleil regorge de dieux du Tour. Mais les cols du dernier Paris-Nice n’étaient que des bonsaïs en comparaison avec les arbres du Tour. L’édition 2009 du Tour de Suisse, que Martin avait terminée deuxième, évitait d’ailleurs les cols les plus ardus.

Martin ne manque pas de jusqu’au-boutisme. L’agent de police est l’opposé d’Ullrich, de ce point de vue. Au début de l’année dernière, sa direction lui avait même reproché d’être trop affûté. Quelques mois plus tard, au Tour, Martin s’était effondré en haute montagne, pour n’avoir pas ménagé ses efforts en mai et en juin.

En remportant Paris-Nice, Martin a ramené HTC-Highroad en tête du classement des victoires, une place que la formation de Bob Stapleton occupe depuis trois saisons, bien que, chaque hiver, une flopée de grands coureurs quitte le nid américain. Stapleton parvient toujours à transmettre le flambeau à de brillants jeunes. A Paris-Nice, Martin avait en l’Américain Tejay Van Garderen (22 ans) un lieutenant de luxe. Comme Martin, il est le fruit du scouting intensif et du suivi professionnel de HTC.

BENEDICT VANCLOOSTER

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