Attaque plombée

Entre les départs, les joueurs un peu tendres, les revanchards et les blessés, Mathijssen essaie de construire une ligne offensive.

« On reçoit des leçons de réalisme « , a lâché Jacky Mathijssen après la défaite contre Gand (1-3). Avec deux buts au compteur (seul le Germinal Beerschot a fait moins bien), l’attaque carolo se cherche encore et dégage pas mal d’interrogations. Si depuis le début de la saison, les lignes directrices deviennent de plus en plus visibles dans les autres secteurs de jeu, ce n’est pas le cas en attaque. Le coach a changé d’attaquants à chaque rencontre sans, pour le moment, trouver la bonne combinaison.

Cyril Théréau, l’incontournable ? Ben non…

Jusqu’à présent, une certitude se dégageait : la présence de Cyril Théréau, qui restait sur une très bonne saison. Elu Zèbre d’Or (meilleur joueur de la saison), le Français avait pansé ses plaies mentales et avait retrouvé son efficacité. Outre sa production, il avait également acquis une importance énorme sur le jeu, décrochant souvent pour aider l’entrejeu et offrir des espaces pour les médians.

Vendredi, à la conférence de presse d’avant-match, Mathijssen le reconnaissait :  » C’est vrai qu’il est incontournable « . Mais, surprise du chef, deux jours plus tard, pas de Théréau. Ni dans le onze de base, ni sur le banc, et pas de trace de lui dans la tribune.  » C’est le choix du coach « , expliquait le secrétaire général du club Pierre-Yves Hendrickx. Même son de cloche auprès de Mogi Bayat. Quant à Mathijssen, il ne faisait planer aucun doute.  » Il n’était pas dans un état de préparer le match comme je le souhaite et comme je l’exige. On a parlé tous les deux et on a estimé qu’il valait mieux qu’il ne joue pas cette rencontre.  »

La cause : courtisé pour un transfert (notamment par le Germinal Beerschot), Théréau se voyait bien partir. Avec l’aval des dirigeants favorables à l’idée de se séparer du plus gros salaire du noyau, eux qui font dans le low cost. Tout ceci n’est pas vraiment du goût de l’entraîneur, qui doit construire avec des bouts de ficelle. Pour preuve : contre Gand, il n’y avait pas d’attaquants sur le banc des réservistes !  » Cela ne sert à rien de regarder le nom de son remplaçant. On a vu contre Gand qu’il manquait à l’équipe et que c’était une perte pour nous. Et un Sporting sans Cyril subit un recul dans son évolution. Il faut absolument le remplacer.  »

Orlando, l’éternel espoir

Un match inoubliable contre Saint-Trond en 2005 avait fait du Brésilien Orlando une pépite à couver. Oui mais depuis lors, Orlando a pris en musculature ce qu’il avait perdu en vitesse et s’est perdu dans les méandres des couloirs du Sporting. Son prêt à Genk ne lui a servi à rien. Retour à la case départ.

Sa chance ? Mathijssen a toujours cru en lui. Au point de tenter en vain de le faire venir à Bruges lorsqu’il y officiait. En ce début de saison, Orlando a retrouvé une nouvelle confiance. Il a du mal à rester régulier sur une rencontre mais ses séquences de dribbles et d’accélération font du mal à l’adversaire, comme sur le but contre Gand. Depuis le début de championnat, Mathijssen recherchait avant tout un complément idéal à Théréau :  » Cela dépend du système mais ce qu’il faut à côté de Cyril, c’est avant tout de la profondeur.  » Et ça, le Brésilien aime.

Cependant, depuis son arrivée en Belgique, Orlando n’a jamais été un grand buteur (16 buts en six ans). Il est même particulièrement maladroit dans le dernier geste. Il ne peut donc constituer à lui seul l’arme offensive ultime.

Moussa Gueye en pleine évolution

Reste la troisième arme utilisée par Mathijssen : Moussa Gueye. Le Sénégalais, seul buteur-attaquant depuis l’entame de la compétition, doit encore apprendre à s’intégrer au groupe. Il est très réservé. Ce fut d’ailleurs son principal problème à Mons où il a commencé à se sentir mieux après l’arrivée de Mustapha Jarju.

Cependant sa mentalité plaît beaucoup au coach.  » C’est quelqu’un de très à l’écoute. Il veut apprendre, il attend les consignes et essaie de les appliquer. Il fait de son mieux « , analyse Mathijssen.  » S’il reste aussi appliqué, c’est un exemple à suivre. Et il va gagner énormément de temps sur la concurrence ! « 

Par contre, il doit encore s’améliorer dans le dernier geste. Contre Gand, il a vendangé deux occasions.  » Maintenant, ses équipiers doivent apprendre à l’utiliser selon ses qualités. Exactement comme Orlando. « 

Adekanmi Olufade, le mystère

Sur papier, l’attaque devait être belle : la taille pour Théréau et la vitesse ainsi que la profondeur pour Adekanmi Olufade. Pourtant, contre Gand, c’étaient Gueye et Orlando les titulaires.

L’état de santé du Togolais reste mystérieux. Plus aligné en championnat depuis un an et une grave blessure, Olufade, qui restait sur une préparation satisfaisante n’a toujours pas joué une minute avec les Zèbres. Officiellement, personne ne s’inquiète.  » Cela fait trois à quatre semaines que le plan consistait à le préparer pour une présence de 5, 10 ou 45 minutes contre Gand « , dit Mathijssen.  » Mais mardi soir, la veille du jour où on comptait l’incorporer dans les exercices collectifs, il s’est fait mal au mollet. Cela ne fait que retarder sa rentrée d’une semaine. « 

Pourtant, un doute subsiste. Pourquoi annoncer le vendredi qu’il s’est blessé… le mardi ? Et être rétabli est une chose, retrouver le rythme en est une autre. Quand le Togolais pourra-t-il donner la pleine mesure de son talent ?

De plus, son âge (30 ans) ne plaide pas en sa faveur. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est blessé à un autre endroit après avoir mis son corps à contribution pour revenir.  » Je sais qu’il travaille à la limite « , avouait Mathijssen  » mais je ne crois pas qu’il a redescendu toute la pente qu’il montait. Juste un palier. « 

L’attaque de Charleroi est donc en lambeaux avec des départs à la pelle (il ne faut pas oublier que la direction s’est séparé de Mboyo Peléet Habib Habibou, titulaires à Courtrai et à Zulte Waregem), un pari osé en la personne d’Olufade, deux jeunes sans expérience (Gueye et John Tshibumbu)… et Orlando.

par stéphane vande velde – photo:belga

« Un Sporting sans Théréau subit un recul dans son évolution. (Jacky Mathijssen) »

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