Attaque en vrac

Thierry Siquet a essayé toutes les formules sans en trouver une capable de fonctionner deux matches d’affilée.

Le sujet revient régulièrement sur le tapis. Charleroi a trouvé sa défense, même si celle-ci accumule les approximations individuelles. Charleroi a stabilisé son entrejeu. Mais Charleroi n’a toujours pas trouvé la bonne combinaison en attaque. En 15 journées, le Sporting a déjà utilisé neuf organisations offensives différentes, passant successivement de la paire Cyril ThéréauHabib Habibou à celles composées d’ Abdessalam Benjelloun-Théréau, Orlando-Théréau, Mouhssine YajourChris Makiese, Yajour-Orlando, Yajour-Benjelloun (quatre fois utilisée, soit la paire la plus fréquente), Habibou-Makiese, sans oublier la mise en place occasionnelle d’un trio d’attaquant (une fois Benjelloun-Habibou-Yajour, une autre fois Orlando-Habibou-Makiese, et samedi, contre Malines, Orlando-Habibou-Théréau).

Et jusqu’à présent, Thierry Siquet ne sait toujours pas à quoi s’en tenir. Quand un duo fonctionne, c’est pour retomber dans la médiocrité une semaine plus tard.  » Je pense que l’on possède une des meilleures attaques de D1 « , lâche Habibou,  » mais on doit encore apprendre à jouer davantage en groupe.  »

Depuis le départ de Joseph Akpala, Charleroi se cherche à l’avant.  » Joseph, c’est Joseph. Il a marqué ses buts mais son temps est passé. Moi, je ne sais pas si je vais faire oublier Akpala mais je veux qu’on retienne mon nom « , continue Habibou. Pourtant, l’ombre du Nigérian plane encore sur le Stade du Pays de Charleroi.

Alors, qui est qui ? Et quelles sont les forces des attaquants présents dans le noyau ?

Habib Habibou

Il a directement été projeté dans le 11 de base après une préparation réussie. Pourtant, il n’a pas réussi à prendre le bon wagon, faute de régularité. Ce n’est qu’en remplaçant de luxe qu’il est parvenu à marquer les esprits. Avant de connaître son jour de gloire contre Tubize en marquant trois buts, ce qui en fait l’attaquant carolo le plus prolifique de la saison. Mais, bien qu’il s’en défende, il a tendance à planer après une bonne prestation et doit encore apprendre à conjuguer efficacité et régularité. D’autant plus que son entraîneur semble compter sur lui. Il n’a été titulaire qu’à six reprises mais il s’agit de l’attaquant qui compte le plus de minutes au compteur. Il est en ce moment incontournable.  » J’ai fait pas mal de progrès depuis le début de la saison. Je fais de meilleurs choix devant le but et je conserve ma lucidité « , explique Habibou.

Force :  » La vitesse, la technique et le sens du but « , répond Habibou.

Faiblesse :  » Je dois mieux placer mon ballon et être davantage à la disposition du collectif.  »

Est-il le meilleur attaquant des Zèbres ?  » Oui, je pense « , dit-il sans détour.

Minutes de jeu : 709 minutes (6 buts, soit un toutes les 118 minutes).

Cote : 7/10.

Mouhssine Yajour

Son arrivée à Charleroi avait déjà suscité quelques polémiques puisqu’il venait de Chiasso (en Suisse) mais qu’il appartenait apparemment toujours à son ancien club marocain, le Raja Casablanca. Jusqu’à présent, le Sporting n’a payé aucune somme de transfert (ni aux Suisses ni aux Marocains). Ses débuts furent catastrophiques, le joueur errant comme une âme en peine en attaque. Alors que Yajour réclame haut et fort une place dans l’axe de l’attaque, Siquet le préfère sur le flanc gauche parce que son jeu se prête naturellement aux ailes. Il aime provoquer l’adversaire et le met souvent dans le vent par ses dribbles et sa vitesse. De plus, ses centres peuvent apporter du danger.

En pleine phase ascendante, il a été écarté du groupe suite à une incartade à l’entraînement avec Habibou. Il a été réintégré dans le noyau mais ses récentes déclarations (il a notamment prétendu que la direction ne respectait pas ses engagements) n’ont pas plu du tout aux dirigeants. Yajour a envie de partir au mercato et il l’a fait savoir.

Force : ses dribbles et sa vitesse.

Faiblesse : son manque d’adaptation au groupe.

Est-il le meilleur attaquant des Zèbres ? Il est le plus technique.

Minutes de jeu : 545 minutes (2 buts, soit un toutes les 272 minutes).

Cote : 6/10.

Cyril Théréau

La politique des Bayat n’avait jamais autorisé de telles folies. Vendu à prix d’or au Steaua Bucarest en 2006 après s’être érigé en comète de l’été, l’attaquant français qui avait évolué auparavant à Angers et à Gap a été loué à d’Anderlecht. Là, il se trouvait sur une voie de garage, avant d’être arraché de façon définitive des griffes des Mauves. Cela a eu un prix : aucun montant n’a circulé mais les dirigeants carolos avaient reconnu que la signature du contrat de trois ans faisait de Théréau  » la plus grosse dépense jamais consentie pour l’achat d’un joueur « .

Cette déclaration a manifestement paralysé le Français, fragile mentalement. Et depuis lors, il ne cesse de traîner son spleen sur les terrains. De plus, il y a eu maldonne depuis le début : ses 3 buts en 4 matches lors de l’été 2006 avaient laissé le souvenir d’un buteur. Ses statistiques roumaines (10 buts en 17 matches avec le Steaua) partaient également dans ce sens. Or, tant Jacky Mathijssen que Siquet ont toujours vu le Français en pivot, créant les brèches et harcelant les défenses, plutôt qu’en renard de surface.

Après avoir scoré à cinq reprises lors du deuxième tour de la saison dernière, il est retombé dans le trou (un seul but depuis l’entame de la compétition).

Forces : sa capacité à dévier les ballons de la tête.

Faiblesse : son mental.

Est-il le meilleur attaquant des Zèbres ? Non.

Minutes de jeu : 667 minutes (1 but).

Cote : 4/10.

Orlando

Le mystère de Charleroi. Cela fait maintenant quatre ans qu’il anime l’attaque carolo mais on attend toujours l’année de l’éclosion. Jamais, il n’a réussi à répéter les performances de sa première saison. Depuis lors, il a pris en muscles ce qu’il a perdu en vivacité et en spontanéité. Dans un bon jour, il est toujours capable de faire basculer une rencontre… mais les bons jours se font de plus en plus rares. Chaque saison, Orlando est courtisé, Mathijssen ayant même essayé de le faire signer à Bruges il y a un an et demi. Preuve donc de son talent, mais il lui manque la régularité nécessaire pour faire de lui une plus-value pour Charleroi.

Cette saison, comme lors des campagnes précédentes, il alterne le chaud et le froid et est plus proche du banc des remplaçants que d’une place dans le 11 de base.

Force : ses déboulés sur le flanc, sa technique et son côté imprévisible.

Faiblesse : son manque de constance. Dans un mauvais jour, il loupe tout ce qu’il entreprend.

Est-il le meilleur attaquant des Zèbres ? Dans un bon jour, oui.

Minutes de jeu : 459 minutes.

Cote : 4/10.

Abdessalam Benjelloun

Arrivé avec une étiquette flatteuse et une réputation de blessé chronique, il a connu une préparation délicate avant de débuter en force avec Charleroi (un but contre Roulers). Mais sa réputation le poursuit : il s’est blessé et même s’il a retrouvé toutes ses capacités, il n’a jamais atteint le niveau espéré. De plus, il n’est que prêté par les Ecossais d’Hibernian et l’option n’a toujours pas été levée par le Sporting. En janvier, le Marocain pourrait donc retourner à Edimbourg.

Quand il est aligné, il a déjà prouvé qu’il savait dompter un ballon. En revanche, son réalisme devant le but n’a jamais été évident. Et quand il fut un peu trop seul en pointe, il n’a jamais réussi à imposer son physique aux défenseurs adverses.

Force : son jeu technique (et normalement son réalisme dans le rectangle).

Faiblesse : sa combativité. A quelques moments d’absence dans une rencontre.

Est-il le meilleur attaquant des Zèbres ? Il en a le potentiel mais il ne l’a pas encore exploité.

Minutes de jeu : 469 minutes (1 but).

Cote : 3/10.

Chris Makiese

Lui aussi commence à trouver le temps long et se verrait bien partir au mercato. Le Français prêté par Lille (Charleroi s’attendait à refaire le coup de Dante) n’a absolument rien montré à chaque fois qu’il a eu sa chance. Il voudrait davantage de crédit mais Siquet ne peut décemment pas plus lui en donner quand on relève la faiblesse de ses prestations. Pourtant, il a démontré de bonnes choses en plantant deux doublés en matches de Réserve (dont un contre Anderlecht). Il n’a pas encore digéré le fossé entre la Réserve et un match de D1.

Force : il est un vrai attaquant de rectangle. Il allume à chaque fois qu’il peut.

Faiblesse : N’arrive pas à se retrouver en position de tir.

Est-il le meilleur attaquant des Zèbres ? Certainement pas. C’est pour le moment celui qui a montré le moins de choses.

Minutes de jeu : 253 minutes.

Cote : 2/10.

Nicolas Digiugno

Le dernier arrivé. Monté des Espoirs et de la Réserve où il claque but sur but, ce pur produit de l’école des jeunes manque encore de planches. Il n’est pas encore prêt pour le haut niveau mais il mériterait qu’on lui accorde le crédit que les autres attaquants ont tous reçu.

Force : le sens du but.

Faiblesse : jeunesse et donc inexpérience.

Est-il le meilleur attaquant des Zèbres ? Non, il doit encore tout prouver.

Minutes de jeu : 16 minutes.

Pas de cotation.

par stéphane vande velde- photos: belga

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