Assurance défense

Le capitaine brugeois souligne qu’il est plus important de ne pas encaisser de buts que d’en marquer à la pelle.

Contre Kiev, Gert Verheyen a fêté chacun de ses trois buts avec une exubérance rare en son chef. Sans doute parce qu’il a émergé du trou pour redécouvrir le paradis sur terre. Il y avait un moment que le capitaine du Club Brugeois n’avait plus réalisé de tels exploits sur un terrain.

« Marquer trois fois en deux matches était super… mais ne vous imaginez pas que ma moindre forme des deux derniers mois m’inquiétait. C’est normal de ne pouvoir évoluer constamment au même niveau. Nul ne vit au même rythme mais ça se remarque davantage chez les footballeurs. Evidemment, c’était ennuyeux. Il y a longtemps que j’étais en méforme: depuis la saison passée et toute cette histoire… »

Vous parlez de ce fameux contrat de cinq ans que vous avez signé pour déclarer peu après qu’en refusant de vous laisser partir, le Club avait perdu un joueur mais aussi la face?

(Il opine du chef)

Alors que beaucoup d’autres joueurs estimaient mériter une augmentation, sur base de leurs performances…

N’oubliez pas que j’ai joué neuf ans ici pour peu d’argent. ( il rit). En outre, je pense qu’une chose était claire: les supporters voulaient que je reste. Je l’ai remarqué à leurs réactions quand j’ai pris cette décision.

Tout ce foin vous a-t-il fragilisé?

C’est possible. Si c’était arrivé à quelqu’un d’autre, la presse ne s’en serait pas souciée, je crois.

Comment supportez-vous les critiques?

Vous êtes critiqué dès que ne jouez pas bien. Et plus vous avez reçu de louanges auapravant, plus dures sont les critiques ensuite. Ça fait partie intégrante de notre travail car quand quelqu’un d’autre commet une erreur à son boulot, ce n’est pas étalé dans les journaux. Si je joue mal, on peut l’écrire. Ce qui me fâche, ce ne sont pas les jugements qu’on porte sur mes prestations mais ce qui se passe autour du terrain. Des choses qui n’ont rien à voir avec le foot mais sont écrites pour placer des personnes sous un sale éclairage.

Etiquette de footballeur moyen

N’avez-vous pas craint qu’on vous recolle l’étiquette de footballeur moyen?

Non. A moins qu’on n’ait oublié ce que j’ai réalisé avant. Même si je sais qu’on ne vit pas dans le passé, qu’il faut constamment faire ses preuves.

Vous n’avez jamais tremblé pour votre place?

Je peux la perdre comme n’importe qui mais je ne m’attarde pas là-dessus. Un joueur doit faire de son mieux. Il semble que l’entraîneur ait jugé qu’il était préférable pour l’équipe de continuer à m’aligner.

Comment traitez-vous une forme récalcitrante, à 31 ans?

Quand ça ne va pas bien, je n’ai aucun plaisir à jouer et je suis moins joyeux dans la vie de tous les jours. Bien entendu, j’essaie de faire mon travail à l’entraînement. Pour le reste, j’attends que la forme revienne, car elle revient toujours. Je n’ai jamais manqué de confiance mais je ne me sentais pas bien. Pour réaliser de bonnes prestations, il faut se sentir bien. Ce n’était plus le cas, pour plusieurs raisons.

La blessure aux abdominaux qui vous a fait souffrir au second tour de la saison passée et vous a mis sur la touche pour un moment?

Je dois continuer à me soigner pour éviter que cette blessure ne se remanifeste. Elle m’a fait perdre beaucoup de force et il faut beaucoup de temps pour revenir à 100%. Ça finira bien par être le cas, même si je suis déjà très heureux de ma forme actuelle.

La plaie des adducteurs

On dirait que tous les footballeurs ont des problèmes aux adducteurs.

C’est une blessure qui surgit suite à une surcharge mais je n’en connais pas les origines exactes. Je constate qu’elle atteint aussi bien les jeunes que les trentenaires, des joueurs comme Tim Smolders, qui n’a pas une grande masse muculaire, ou Hans Cornelis qui est très développé.

Lorsque vous avez décidé d’achever votre carrière au Club Brugeois, ces problèmes aux abdominaux ont-ils joué un rôle?

Vous savez que si vous partez en Angleterre ou en Allemagne, vous ne jouerez pas cinq ans de plus alors qu’ici, c’est possible. Après trois ans dans un de ces championnats, j’aurais sans douté été usé par l’intensité des entraînements et des matches.

Recevez-vous plus de ballons à droite, depuis qu’avec Ebou Sillah ou Nastja Ceh, le triangle possède un gaucher, à la place de Sven Vermant, droitier?

Oui, les ballons sont mieux répartis sur les deux flancs maintenant.

Vous n’avez jamais caché que vous préfériez évoluer dans l’axe de l’attaque, où vous vous mouvez plus aisément.

Je continue à penser que je m’exprime mieux dans l’axe. Mais je ne suis plus constamment obligé de jouer sur ma ligne à Bruges. Je peux également converger dans l’axe.

N’avez-vous pas convoité la place de Rune Lange, quand il ne trouvait pas ses marques?

Non. La seule discussion qui ait eu lieu s’est produite en stage, quand nous avons évolué avec deux attaquants, cinq médians et trois défenseurs; donc une occupation unique des flanc.

La concurrence est redoutable. Est-ce gérable à terme?

Difficilement. Si vous regardez notre banc, vous n’y trouvez que des garçons qui peuvent jouer et le mériteraient.

Une concurrence encore saine

« On ne peut être champion avec des saboteurs », avez-vous déclaré quand vous avez raté le sacre lors des dernières saisons d’Hugo Broos et Eric Gerets. Ça ne risque pas de se reproduire cette saison?

Je ne sais pas. Il est normal que ceux qui ne jouent pas soient malheureux. Le contraire serait grave.

N’est-ce pas normal dans un grand club?

Oui, mais ça ne console pas les joueurs concernés. Ceux qui font banquette ne pensent pas à ce qu’ils gagnent. Ils ne songent qu’au moyen de s’en tirer.

Quand la concurrence devient-elle malsaine?

Pour l’instant, elle ne l’est pas encore.

Trond Sollied est-il à même de gérer cette situation?

Je pense que oui. Ça ne doit pas l’empêcher de dormir.

Il voulait des joueurs d’expérience, des certitudes et non plus des jeunes. Vous aviez d’ailleurs dit: « Stefaan Tanghe constituerait le remplaçant idéal de Sven Vermant, le Club doit l’enrôler ».

Oui, j’ai également dit que si vous vous en teniez à votre politique de ne jamais acheter des joueurs de 28, 29 ou 30 ans, à terme, vous vous retrouveriez fatalement avec un noyau très jeune. Je ne pense pas que ça constitue un problème pour l’instant. Nous disposons toujours de footballeurs expérimentés et plusieurs jeunes, malgré leur âge, ont déjà vécu mal de choses.

Grosse stabilité

Le Club est-il bien armé?

J’en ai l’impression. Nous sommes très stables pour l’instant. J’ai le sentiment que nous jouons avec plus d’assurance en défense, ce qui se reflète dans tout notre jeu. Ça nous donne plus d’assurance que si nous marquions cinq ou six buts. La qualité de la défense est plus importante que le pourcentage réalisé à la finition. Je ne peux dire si nous sommes partis pour une nouvelle série mais notre début de saison est déjà extrêmement positif. Nous avons une chance sérieuse d’être champions.

Comme la saison dernière? Vous y croyiez aussi.

Très longtemps, mais au second tour, nous avons perdu ce sentiment à cause d’une série de matches nuls. Nous avons galvaudé nos chances.

Ça ne se reproduira plus?

C’est toujours possible. Les résultats sont déterminants pour le moral. Si vous n’obtenez plus de résultats, suite à un concours de circonstances, vous n’êtes jamais à l’abri d’une crise.

L’expérience de la saison passée ne peut-elle constituer une arme?

Non. Une équipe dépend toujours de la forme des joueurs. Je ne pense pas que nous ayions commis des erreurs particulières la saison passée.

Le problème, c’est que vous n’aviez plus d’espaces?

Oui, au premier tour, tout le monde ou presque a attaqué contre nous, ce qui n’était plus le cas après le Nouvel-An. Beaucoup d’équipes verrouillent leur défense, déjà maintenant.

Pouvez-vous mieux déjouer cette tactique?

Non, ça reste très difficile. Chaque fois, nous nous heurtons à une muraille mais nous nous en sommes bien tirés jusqu’à présent.

500 millions pour Bruges en CL?

Et Anderlecht, votre grand rival?

Il a perdu beaucoup de talent par rapport à la saison dernière. C’est pour cela que nous avons une chance réelle de gagner le titre.

Rêvez-vous de la Ligue des Champions?

Le titre est plus important à mes yeux. Je ne trouve pas que nous ayions notre place en Ligue des Champions, quand j’en vois le niveau.

Vous n’y obtiendriez pas grand-chose?

Ça dépend. Si vous la vivez comme une expérience, votre envie d’y jouer est justifée. Il ne faut pas s’y lancer en croyant casser la baraque.

Le club ne doit donc pas rêver de gagner un demi-milliard grâce à cette épreuve?

Je ne pense pas ( il rit). Au contraire. Se qualifier n’est déjà pas évident. Pour ça, vous devez passer deux tours préliminaires, donc…

Quand vous voyez ce que réalise Sven Vermant à Schalke 04, vous n’avez pas mal au coeur en pensant que vous ne vivrez jamais pareille expérience?

Pas du tout. Je n’ai pas regretté ma décision une seule seconde. Je vois aussi Bart Goor à Hertha, où j’aurais pu jouer. Quand on parle de critique… Sept journaux rien que pour Berlin, tous les jours… Non, je suis content d’être resté à Bruges. Je m’y plais beaucoup et je me vois très bien y jouer pendant cinq ans encore.

Christian Vandenabeele

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