ASPIRANTE !

Cologne revêtira les couleurs du Brésil et sera la destination numéro un des oiseaux de nuit.

La cathédrale de Cologne, le Dom, domine la ville du haut de ses 157,4 mètres. Pour accéder à son sommet, il faut gravir 506 marches. Pendant des siècles, le Dom, dont on a posé la première pierre en 1248 mais qui n’a été achevé qu’en 1880, a été le plus haut bâtiment de la ville. Depuis 1981, le Colonium, l’antenne TV, le surpasse avec 266 mètres.

Pour deux euros, du haut du Dom, on a une vue à 360 degrés sur l’ensemble de la ville. Au loin, les quatre poteaux d’éclairage du RheinEnergiestadion, l’arène rénovée du FC Cologne, qui lutte pour son maintien en Bundesliga, qu’elle a retrouvée l’année dernière. A l’échelon inférieur, le club attirait une moyenne de 50.000 spectateurs. Bien que l’équipe n’occupe pas les premières places, elle dispute ses matches à domicile dans un stade comble. Le FC Cologne compte 30.000 membres.

Cologne est le FC Cologne. Les habitants sont fiers de tout ce qui représente leur ville. Le deuxième club, le Fortuna, n’a évolué qu’un an en Bundesliga, en 1973-1974. Il y a dix ans, alors qu’il attirait encore 10.000 personnes au Südstadion, en 2e Bundesliga, il a tenté de concurrencer son grand frère. L’année dernière, il est tombé en faillite et a été rétrogradé en Verbandsliga, où quelques centaines de fidèles le suivent encore.

Le RheinEnergiestadion va accueillir quatre matches de poules et un huitième de finale du Mondial.

La FAN FEST sur le Heumarkt et la Domplatz

Cologne se visite aisément à pied. Le Dom est situé à quelques pas de la gare où le Thalys débarque des flots de touristes. De la place de la cathédrale, vous arrivez au musée germano-romain et aux rues commerçantes. La Hohe Strasse mène à la Schildergasse puis à l’ Altmarkt, le centre gastronomique de Cologne. De là, en deux minutes, vous traversez le Rhin. Un peu plus au sud, passé le Rathaus qui date du Moyen Age, le visiteur arrive au Heumarkt et au pont, le Deutzer-Brücke, qui enjambe le Rhin. Le Heumarkt sera un point de ralliement pour tous ceux qui n’auront pas de billet pour le Mondial : on pourra y suivre les matches sur écran géant, comme de la Domplatz elle-même. Il n’y a pas dix minutes de marche entre les deux places.

La Cäcilienstrasse relie la Heumarkt à la Neumarkt. Les deux places ont une station de métro dotée d’une ligne directe avec le stade. De la gare principale, la Hauptbahnhof, le métro, U-Bahn, rejoint la Neumarkt en deux stations. De là, vous avez une ligne directe avec le stade.

A la jonction entre la Cäcilienstrasse et la Neumarkt, la Belgisches Haus. Elle a été construite en 1946 par des militaires belges. Initialement, elle regroupait l’administration militaire et un hôtel restaurant réservé aux officiers belges. Le bâtiment abrite désormais le consulat de Belgique, les représentants des trois régions et quelques associations belges. Il n’y a plus de militaires depuis cinq ans mais un millier de Belges vit toujours à Cologne.

Une ville de carnaval

 » Cologne vous aspire. Quand vous allez boire un verre, de préférence une Kölsch, vous ne restez jamais seul longtemps , explique Marc Herbrand, qui est directeur général de la chambre belgo germano-luxembourgeoise de Commerce. Il est un des 80.000 germanophones issus des cantons de l’Est et parle couramment les trois langues nationales. Il est frappé par la forte identification des habitants à leur ville :  » Je ne connais aucune autre ville à propos de laquelle il existe autant de chansons. En juillet, à l’occasion des Kölner Lichte, les feux d’artifice, vous avez la chair de poule quand vous êtes au milieu de centaines de milliers de personnes qui entonnent ces chants, accompagnés par l’orchestre philharmonique, « .

Les Colonais adorent faire la fête. Pendant toute l’année, la ville a un large programme d’animations. A la mi-août, la petite ceinture est fermée et envahie par des centaines de milliers de personnes, à l’occasion de la Ringfest. En décembre, il y a six marchés de Noël. Le cen-tre accueille des milliers de visiteurs étrangers. C’est en février qu’a lieu la plus grande fête et quand Cologne fait le carnaval, tout le monde y participe, du jeudi soir au mercredi matin, moment où on brûle la poupée.

Marc Herbrand :  » Début janvier déjà, on peut apercevoir des gens en costume de carnaval dans la rue. Beaucoup d’entreprises invitent leurs clients à une soirée carnaval. Le vrai carnaval coûte très cher. Pour faire partie d’un groupe, il faut verser une cotisation et le costume peut coûter jusqu’à 2.500 euros. Certaines associations proposent un arrangement : les personnes intéressées sont invitées pendant les cinq jours, comme si elles étaient membres, contre… 3.500 euros « .

Cologne va de l’avant, selon Herbrand :  » Après la guerre, il ne restait pas grand-chose du centre historique. On a reconstruit l’ Altstadt – la vieille ville « . Les principaux employeurs sont le constructeur automobile Ford, les entreprises chimiques sises à la périphérie et la Media City, qui abrite la WDR, RTL et quelques maisons de production.  » C’est aussi une des cinq grandes villes de foires allemandes. Cologne organise notamment la foire aux friandises. Cette année, on y dénombrait 127 organisateurs belges « .

Pour Herbrand, Cologne est latine :  » Il y règne beaucoup d’humour et une mentalité de laisser faire, laisser passer. C’est assez belge « .

Aux couleurs du Brésil

Olaf Pohl, responsables de relations publiques du Köln Tourismus, pense que le Colonais est très particulier :  » Il rit de tout, ne prend pas les choses au sérieux « .

De son bureau avec vue sur la cathédrale, Pohl confirme que Cologne absorbe aisément de grandes foules. Le Rosenmontag, le jour principal du carnaval, 1,4 million de personnes ont rejoint la ville, cette année. C’est plus que le nombre total d’habitants. Deux heures après l’événement, la ville était nettoyée, dépourvue de traces de la fête. L’année dernière, 1,5 million de jeunes ont rallié la ville, à l’invitation du Pape, pour les Journées de la Jeunesse. Toutes ont pu se loger et se sustenter sans problème. La ville a 22.500 lits, la région en propose 35.000 de plus. Début mars, 30 % de la capacité était réservée. Il reste donc des places.

Juin et juillet sont les moins bons mois en matière de tourisme. Les city trips ont davantage la cote en septembre et en octobre. Pohl énumère des chiffres, pour nous faire comprendre la facilité avec laquelle sa ville peut gérer un Mondial. Dix millions de voyageurs transitent par l’aéroport Cologne-Bonn chaque année. On attend 20.000 visiteurs de plus pour la Coupe du Monde. Si le stade est comble lors des quatre matches, cela représente 220.000 visiteurs.  » Comparé au 1,4 million de personnes venues au Rosenmontag, c’est quantité négligeable. Du 20 novembre au 23 décembre, dix millions de personnes visitent nos marches de Noël « .

Cologne voulait à tout prix accueillir le Mondial. Il lui avait échappé en 1974 parce que le stade n’était pas prêt. Un Mondial coûte très cher mais il est rentable en matière d’infrastructures routières et d’image.  » Beaucoup de gens visitent de toute façon Cologne mais son image sportive compte. Nous abritons la Sporthochschule, qui forme les entraîneurs de tout le pays, le musée allemand du Sport et de l’Olympisme, la gigantesque Kölnarena où se produisent les grandes équipes. Notre formation de hockey sur glace atteint chaque année les playoffs et le club de basket est dans le premier peloton du classement. Et puis, sans la Coupe du Monde, nous n’aurions pas un aussi beau stade, à l’ambiance aussi chaleureuse. Une campagne de promotion telle que le Mondial serait impayable pour une ville comme la nôtre « .

Cologne se focalise sur le Brésil et Pohl espère qu’elle se teintera de ses couleurs :  » Nous serons la capitale footballistique des supporters brésiliens. L’ambiance festive sera unique, contagieuse, et nous ne craignons pas de débordements « . L’agglomération compte de six à huit mille Brésiliens et 600 entreprises qui ont des intérêts au Brésil. Plus de 5.000 Brésiliens ont déjà réservé une chambre d’hôtel à Cologne, cela représente 35.000 nuitées. Planeta Brazil, qui coordonne la vente des billets au Brésil, envoie tous les supporters intéressés à Cologne. Quel que soit le déroulement du Mondial, ce lien avec le Brésil constitue le grand gain de la ville :  » Avant, nul au Brésil ne connaissait Cologne. Maintenant, dans toute agence de voyage brésilienne, il y a un poster de la cathédrale. Si ces 6.000 supporters nous font de la publicité et racontent à leurs compatriotes qu’il y a bien d’autres choses à voir que le football, d’autres Brésiliens viendront en visite « .

Récemment, Pohl a visité dix grandes villes brésiliennes au nom de Cologne. Il a donné des conférences de presse à São Paulo et à Rio.  » Maintenant, le Brésil connaît Cologne « . Les commerçants locaux devront consentir quelques efforts. Pendant le Mondial, cafés, commerces et restaurants pourront déterminer eux-mêmes leurs heures d’ouverture :  » En cas de besoin, ils pourront ouvrir 24 h sur 24. Ce ne sera sans doute pas fréquent mais ceux qui souhaitent rester ouverts après les matches en auront la permission. Le Brésilien moyen ne sort dîner qu’à 22 heures, heure à laquelle l’Allemand va au lit…  »

GEERT FOUTRé

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