» Arsenal, c’est le beau jeu. Et là-bas, il y a Wenger, des joueurs français et Vermaelen… « 

La petite star belge de Lille sur son année 2011 fantastique, une saison un peu compliquée et un avenir probablement british.

2011 fut l’année d’Eden Hazard : un titre de meilleur joueur du championnat de France qui couronnait un doublé Coupe-championnat avec Lille qui n’avait plus remporté de trophée depuis plus d’un demi-siècle.

Voilà qui méritait bien la place de n°1 du Top 100 Sport / Foot MagazineRTBF.

Te voilà récompensé par une nouvelle distinction individuelle. Que représente-t-elle pour toi ?

EdenHazard : Cela fait toujours plaisir et cela récompense le travail accompli l’an dernier. En plus, elle émane de Belgique, qui reste mon pays même si j’ai réalisé toute ma carrière professionnelle en France. Le football est un sport collectif, et un trophée individuel n’égalera jamais les prix que l’on peut remporter avec son club ou son équipe nationale, mais il constitue la cerise sur le gâteau.

D’où te vient cet attachement à la Belgique, alors que tu as quitté le pays à 14 ans ?

C’est en Belgique que je suis né, que j’ai grandi, que j’ai frappé mes premiers ballons : d’abord dans le jardin familial, puis à Braine-le-Comte, à Tubize… Après, il est exact que c’est en France que j’ai appris le métier de footballeur pro, mais on n’oublie jamais ses origines…

Tu succèdes au palmarès à Vincent Kompany. Que représente à tes yeux le capitaine de Manchester City ?

Un grand joueur, capitaine d’un grand club d’un grand championnat. Il a gagné la Cup l’an passé et je lui souhaite de remporter le titre cette année. Etre champion, cela reste le summum pour un footballeur. Au niveau national, en tout cas. Après, il y a la Ligue des Champions et les grands tournois internationaux. Cela viendra aussi, je l’espère.

Vous êtes deux joueurs extrêmement élégants, des footballeurs pour lesquels on va au stade. Qui te faisait rêver quand tu étais gosse ?

Des modèles, j’en ai eu tellement ! Zinédine Zidane, Thierry Henry, Juan Roman Riquelme,…

Tu as l’impression que des supporters de Lille se déplacent spécialement pour toi ?

Oui. Et ça me rend fier. Le foot, à la base, c’est du plaisir, donner du bonheur aux gens. On m’a déjà dit : -On va au stade pour te voir.Chaque fois, ça me fait quelque chose.

Il y a des joueurs dont tu ne raterais les matches à la télé pour rien au monde ?

Non, plus maintenant. Mais c’est sûr que voir Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, c’est toujours une belle expérience. Il y a aussi des équipes complètes comme le Barça, le Real, les Manchester ou Milan.

 » Refaire le même coup qu’en 2010-2011, je savais que ce serait très compliqué « 

Quelles images gardes-tu de 2011 ?

Il y en a beaucoup. La plus belle reste la fête que l’on a partagée à Lille avec les supporters, après le doublé Coupe-championnat. La parade en ville, sur le toit du bus à impériale, restera inoubliable. La saison n’avait pourtant pas trop bien commencé : j’ai eu quelques ratés au démarrage. J’ai grandi au fil de la saison, à l’image de l’équipe. J’ai toujours essayé de progresser, de fixer la barre de plus en plus haut, et j’ai travaillé en conséquence. La récompense fut au bout du compte.

L’année 2012 peut-elle se révéler aussi florissante ?

Ce sera difficile. Parce qu’il y a plus de pression et qu’on est attendu au tournant. Les adversaires sont très motivés à l’idée de se payer le scalp du champion. La presse, aussi, est plus exigeante avec le LOSC : à la moindre contre-performance, les critiques affluent. C’est logique : c’est la rançon de la gloire. On a perdu des joueurs, aussi. Pourtant, j’estime qu’en termes de qualité, on n’est pas moins bons que la saison dernière, même si notre élimination dans les deux coupes nationales et notre troisième place en championnat peuvent laisser penser le contraire. La concurrence est plus forte que la saison dernière, en Ligue 1. En janvier, on a été éliminé de la Coupe de France par Valenciennes : c’est déjà un trophée qui ne garnira plus les vitrines du LOSC. On a aussi été éliminé de la Coupe de la Ligue par Lyon. Il ne reste plus que le championnat, où l’on accuse un sérieux retard sur le PSG qui écrase un peu tout mais aussi sur Montpellier, qu’il ne faut pas sous-estimer. Ce sera compliqué, mais on continue à y croire. Il reste 16 matches et donc 48 points à prendre. Notre objectif principal est de terminer en ordre utile pour participer une nouvelle fois à la Ligue des Champions. Si la possibilité de viser plus haut se présente, on la saisira.

Tu savais que ce serait impossible de refaire une campagne aussi parfaite qu’en 2010-2011 ?

Collectivement et individuellement, ce fut exceptionnel. J’étais conscient que ce serait très compliqué de refaire la même chose. De là à ce que soit impossible… non. Maintenant, on sait depuis l’élimination en Coupe qu’on n’égalera pas notre performance de la saison passée.

La saison dernière, tu formais un trio d’attaque magique avec Gervinho et Moussa Sow. Tu es désormais le seul qui soit toujours dans le Nord. Te sens-tu un peu orphelin ?

Je m’entendais bien avec ces joueurs-là mais ceux qui les ont remplacés ont des qualités également. Joe Cole, Dimitri Payet et depuis peu Nolan Roux sont de grands joueurs.

C’est aussi plus difficile pour toi cette saison parce qu’on te marque de plus près ? Et tu portes le numéro 10 : celui que l’adversaire aime bien se payer, non ?

J’aurais le 45, ce serait pareil. C’est juste un numéro. Mais moi, j’y tenais, c’était celui de Zidane et de Riquelme, entre autres. J’aime bien le 10 depuis que je suis tout petit. Le 10, c’est le patron de l’équipe. C’est un symbole. C’est une question plutôt psychologique chez moi.

 » J’espère que le PSG n’ira pas au bout… mais je pense qu’il va le faire « 

Tu as été deux fois de suite dans l’équipe idéale de la Ligue 1 ? Tu penses qu’avec la saison que tu es occupé à jouer, tu vas vers le triplé ?

Je ne sais pas mais ce n’est pas un objectif. Ça fait plaisir d’être élu dans le onze type, surtout quand je vois les joueurs qui y figurent, mais c’est une distinction qui, entre guillemets, ne rapporte rien. Moi, je vise les trophées collectifs. Si le LOSC est à nouveau champion et si je ne suis pas dans l’équipe de l’année, ce sera parfait pour moi.

Tu pensais que le PSG pouvait gagner le championnat à coups de millions et de nouveaux joueurs ? Le projet aurait aussi pu échouer, il est fréquent que des clubs achètent plein de grands joueurs mais n’arrivent pas à faire prendre la sauce.

J’espère que les Parisiens n’iront pas au bout… mais je pense qu’ils vont le faire. De toute façon, vu les joueurs qu’il y a là-bas, ils sont obligés à 200 % d’être champions, sans quoi ce sera la grosse crise. Le PSG, c’est un peu le Manchester City du championnat de France. Il sera encore plus fort la saison prochaine, et encore un peu plus dans deux ans, quand tout le monde se sera parfaitement adapté et aura appris à bien se connaître.

Et Montpellier fait maintenant ce que Lille faisait la saison dernière : de très bons résultats avec un budget moyen.

Bravo à eux, on espère seulement à Lille qu’ils vont avoir  » un coup de moins bien « .

As-tu pensé, l’été dernier déjà, qu’il t’aurait été difficile de faire mieux et qu’il était préférable de quitter le LOSC pour relever d’autres défis ?

Honnêtement, oui. Cette pensée m’a traversé l’esprit. Un doublé Coupe-championnat, cela n’arrive pas chaque année pour un club comme le LOSC. Mais je connais bien le groupe et le coach, je savais que je pouvais encore progresser sur un plan personnel en restant ici, à défaut de remporter de nouveaux trophées collectifs. C’est aussi l’équipe qui pratique le plus beau football en France et je m’y sens comme un poisson dans l’eau. Et puis, après tout : l’été dernier, je n’avais que 20 ans. C’est jeune pour partir.

Le PSG s’est intéressé à toi. Tu t’es sans doute dit que c’était peut-être le moment de sauter dans le train parisien, vu les renforts annoncés ?

Le PSG fait rêver beaucoup de joueurs. C’est un grand club. L’intérêt que le PSG m’a porté était flatteur, mais je veux relever d’autres défis. A l’étranger, donc. Je n’oublie pas non plus que Lille est mon club formateur et cela aurait été bizarre pour moi d’aller renforcer une autre grosse écurie française.

 » J’espère que la saison prochaine, je serai dans un club qui jouera la CL pour la gagner « 

Tu rêvais de disputer la Ligue des Champions. A-t-elle répondu à ton attente ?

Disputer la Ligue des Champions, cela équivaut à côtoyer les plus grands joueurs de la planète. Aucune erreur n’est pardonnée. On l’a appris à nos dépens : on s’est fait remonter à 2-2 par le CSKA Moscou alors qu’on menait 2-0. Idem à Trabzonspor : on a dû se contenter du 1-1 alors qu’on a mené 0-1. Contre l’Inter Milan, on a perdu à deux reprises alors que j’avais l’impression qu’on pouvait gagner les deux matches. On avait les qualités pour terminer en tête du groupe ! Il y a des détails qui ne nous ont pas aidés. Si on bat Trabzonspor lors du dernier match, on passe. Ce soir-là, on a une dizaine d’occasions mais leur gardien fait le match de sa vie.

Vous avez été pénalisés par un manque d’expérience ?

Entre autres choses, oui, même si on est en configuration CL quand on joue contre Marseille ou Lyon. Beaucoup de joueurs, dont moi, découvraient la C1 et un autre monde. J’avais déjà disputé l’Europa League précédemment, avec de beaux matches aussi : contre Liverpool ou Fenerbahçe, par exemple. Cela m’a aussi aidé à progresser. Mais la C1, c’est encore un autre niveau.

Tu espérais plus de cette compétition, malgré tout ?

Je savais que je n’allais pas gagner la Ligue des Champions avec Lille, mais il est clair qu’on espérait sortir des poules, ou au moins être repêchés pour l’Europa League. Surtout dans ce groupe-là, qui n’était pas le plus inabordable.

Tu as eu l’impression que les adversaires te tenaient particulièrement à l’£il ?

Pas spécialement. Il faut dire aussi que le LOSC était considéré comme une petite équipe et que nos adversaires ne nous connaissaient pas très bien.

Cette campagne européenne va quand même te laisser quelques très beaux souvenirs ?

Certainement. J’ai découvert des grands stades, des ambiances particulières, des pays que je ne connaissais pas. Et le fameux hymne, c’est quelque chose. Cette CL, c’est  » tout en mieux « . J’ai eu la chance de jouer tous les matches, et j’en ai profité à fond, j’ai donné le maximum. J’espère que la saison prochaine, je serai dans un club qui la disputera avec l’ambition de la gagner. Quand tu as été champion, tu as envie de rejouer chaque année le titre. Quand tu as goûté à la C1, tu as du mal à t’en passer.

Il y a des adversaires qui t’ont bluffé ?

Wesley Sneijder, mais aussi Vagner Love, du CSKA Moscou. Quand tu affrontes des joueurs pareils, tu te dis : – Respect !

Qu’est-ce que la CL t’a appris sur ton propre niveau ?

Que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je suis loin du niveau d’un Lionel Messi ou d’un Cristiano Ronaldo. En même temps, j’ai eu la confirmation que j’avais les capacités pour évoluer en CL. Je n’ai pas été étincelant à tous les matches, mais pas mauvais non plus. En disputant cette épreuve chaque année, je progresserai encore.

Messi a quelque chose en plus que Ronaldo ? Ou l’inverse ?

Ce sont les deux meilleurs joueurs du monde, il n’y a pas photo. La principale différence, c’est que Messi a reçu plus de talent au départ, chez lui c’est plus inné. Ronaldo a dû bosser plus pour arriver au niveau où il est maintenant. Messi a aussi la chance d’avoir à Barcelone toute une équipe qui joue pour lui.

 » Suis-je vraiment moins bon avec les Diables qu’avec Lille ? « 

Tu sais pourquoi les Diables ne se sont pas qualifiés pour l’EURO ?

On a laissé passer plusieurs occasions de remporter l’une ou l’autre victoire. On a encaissé des buts fatals à des moments cruciaux. On ne peut pas pointer un détail précis où le bât a blessé. C’est un ensemble de circonstances et d’erreurs. Chacun porte une part de responsabilités dans l’élimination. Moi aussi.

Tu as souvent été loué pour ta facilité technique, tout en étant parfois critiqué pour tes statistiques modestes. Ton premier but avec les Diables, contre le Kazakhstan, t’a-t-il libéré d’un poids ?

On m’a effectivement souvent reproché de ne pas marquer. Je n’y ai pas prêté une attention plus grande que nécessaire. Mon premier but est venu au moment où il devait arriver. C’est fait, voilà tout. Si j’avais dû attendre 50 matches pour inscrire mon premier but, j’aurais attendu. Et si j’avais terminé ma carrière sans avoir été buteur chez les Diables, j’aurais éprouvé un regret mais sans plus. Le football reste un sport collectif. J’espère que je n’en resterai pas à ce premier but, mais j’espère surtout que mes buts suivants serviront à qualifier l’équipe pour la Coupe du Monde 2014.

Tu peux maintenant devenir un leader des Diables ?

Sur le terrain, oui. Un leader technique. Pour le reste, il ne faut pas attendre de moi que je donne des ordres à tout le monde, que je crie à un coéquipier : -Bouge-toi un peu. A Lille non plus, je ne le fais pas.

Que penses-tu du groupe dans lequel la Belgique a été versée ?

La Croatie est favorite. Elle compte quelques grands joueurs, qui évoluent notamment dans le championnat anglais. Certains ont tendance à considérer qu’on a été versés dans un groupe  » facile « . Je ne suis pas de cet avis. Il n’y a pas d’équipe inabordable dans le groupe, comme pouvaient l’être l’Espagne ou l’Allemagne précédemment, mais pas de petites équipes non plus. Il faudra aller au charbon contre la Serbie, l’Ecosse et le Pays de Galles. Je suis raisonnablement optimiste. Les premiers matches apporteront déjà un élément de réponse et conditionneront la suite.

Messi a déclaré que, s’il était moins bon avec l’Argentine qu’avec Barcelone, c’est parce qu’il s’entraînait tous les jours avec les Blaugranas et seulement épisodiquement avec les Albicestes. Toutes proportions gardées, est-ce aussi valable pour toi, vis-à-vis des Diables et de Lille ?

Suis-je vraiment moins bon avec les Diables Rouges qu’avec Lille ? J’estime avoir joué de bons matches avec la Belgique. De moins bons aussi. Cela dit, Messi n’a pas tout à fait tort. Lorsqu’on arrive en équipe nationale, on doit s’intégrer dans un groupe composé d’autres joueurs que ceux que l’on côtoie quotidiennement. On doit apprendre à se connaître, à trouver des automatismes. Cela viendra avec le temps, car la qualité est là.

De ta génération U17 avec laquelle tu as été demi-finaliste de l’EURO 2007, tu es le seul Diable. Tu es aussi le seul à évoluer en France. Cela peut-il expliquer le fait que tu aies dû chercher ta place ?

Je ne pense pas. J’ai des amis qu’en sélection, je me sens très à l’aise dans ce groupe.

L’équipe actuelle est un peu celle des JO de Pékin. Tu aurais voulu y être aussi ?

Les Jeux, ça fait rêver. Comme un EURO ou une Coupe du Monde. Mais Pékin est tombé un peu tôt pour moi, je n’avais que 17 ans ! Si, un jour, les Belges se qualifient encore, je suis prêt pour faire partie des jokers de plus de 23 ans que l’on peut sélectionner.

Pékin est toujours un sujet de conversation dans le vestiaire de l’équipe nationale ?

Oui ! Régulièrement, il y a des joueurs qui en parlent : -Ouais, ce qu’on a fait aux Jeux, tu te souviens de ça et ça… Ça donne envie.

Daniel Van Buyten se plaint qu’on le chambre au Bayern quand il rentre d’un match avec les Diables. Ça t’arrive aussi à Lille ?

Oui. Quand la Belgique perd contre une petite équipe, j’ai droit à des remarques. On me demande pourquoi les Diables ne parviennent pas à faire des résultats, avec le potentiel qu’il y a dans le groupe. Je n’arrive pas à répondre. Contre la France, par exemple, on pouvait gagner. Mais on ne l’a pas fait. Maintenant, ce serait bien qu’on soit sur le terrain dans les grands tournois au lieu d’avoir la télécommande en main !

Sans être déjà au niveau de Messi et de Ronaldo, tu deviens malgré tout de plus en plus décisif…

Inscrire des buts, c’est ce que l’on demande à un attaquant. J’en suis un, je sais donc ce qu’il me reste à faire. Depuis que je suis devenu pro à 16 ans, j’ai progressé chaque année dans la domaine des statistiques.

 » Difficile d’être titulaire au Real ou au Barça. L’Angleterre, ce serait idéal « 

En janvier, on t’annonçait presque chaque jour dans un grand club…

Ah bon, je n’étais pas au courant. (Il rigole).

Ces rumeurs, elles te faisaient rire ou elles t’énervaient ?

Les gens disent tout et n’importe quoi. Je connais ma situation. On m’envoie dans les meilleurs clubs, ça fait peut-être plaisir mais je ne m’intéresse pas à tout ce qu’on raconte.

Tu connais ta situation… C’est-à-dire ?

Je sais dans quelle direction je vais aller.

L’Angleterre est ta priorité ?

C’est le championnat dans lequel je pense pouvoir le mieux m’exprimer. Où je pourrai apprendre le plus, aussi. Difficile d’expliquer pourquoi. Question de feeling. Le niveau des matches, l’ambiance dans les stades : c’est encore bien supérieur à tout ce que j’ai connu en France jusqu’ici. Et cela m’attire.

On te cite régulièrement à Arsenal, Arsène Wenger t’apprécie beaucoup, tu as toujours été un fan de Thierry Henry,… Ce club t’inspire parce qu’il a une tradition de beau jeu ? Ce sera prioritaire pour toi de signer pour une équipe qui joue bien au foot ?

Bien sûr. C’est toujours plus plaisant quand c’est beau. En plus, à Arsenal, il y a un entraîneur et des joueurs français. Et Thomas Vermaelen. Il y a plusieurs clubs qui m’intéressent en Angleterre et Arsenal en fait vraiment partie.

Plus tôt tu partiras, mieux ce sera ?

Chaque chose en son temps : d’abord, bien terminer la saison avec Lille. Puis, il s’agira d’effectuer le bon choix. Partir à l’étranger pour me retrouver sur le banc, cela ne m’intéresse pas. Je sais que je devrai encore hausser mon niveau. Mais, depuis le début de ma carrière, j’ai toujours placé la barre un peu plus haut. Et j’ai travaillé pour être capable de la franchir. Et puis, je connais beaucoup de monde en Angleterre. C’est encore un attrait supplémentaire.

Ton ancien coéquipier Gervinho ?

Par exemple.

Un autre ancien coéquipier : Yohan Cabaye ?

Aussi. Il y en a d’autres.

Lorsque tu vois Gervinho sous le maillot d’Arsenal, t’arrive-t-il de te dire que tu aurais dû être à ta place ?

Je ne suis pas jaloux.

A un moment donné, on parlait surtout de l’Espagne. Du Real Madrid, par exemple…

Je n’ai jamais déclaré moi-même que je voulais aller au Real Madrid. D’autres l’ont fait à ma place. Je ne suis évidemment pas contre l’idée. Qui ne rêve pas du Real Madrid ? Ou du FC Barcelone ? Je ne ferme d’ailleurs la porte à personne. Tous les grands championnats me plaisent : l’Espagne, l’Italie, etc. Mais je suis convaincu que, pour le moment en tout cas, la destination idéale pour moi serait l’Angleterre. Je suis assez lucide pour me rendre compte qu’être titulaire chez l’un des deux grands d’Espagne, à mon âge, ce serait compliqué.

Te vois-tu plutôt à Londres ou un peu plus au nord, vers Manchester ?

Je l’ignore.

 » Je fais pour Gianni Bruno ce que Kevin Mirallas a fait pour moi à Lille « 

Tu ne joueras sans doute jamais en D1 belge. Cela te manquera-t-il lorsque tu raccrocheras ?

On ne peut jamais dire jamais. Pour l’instant, jouer en Belgique ne fait pas partie de mon plan de carrière, c’est clair. Mais ma carrière est encore longue. Un jour, pourquoi pas ? Terminer là où tout a commencé pour moi, cela pourrait être bien aussi.

Comment juges-tu l’éclosion de Gianni Bruno avec Lille ?

Je suis super content pour lui, évidemment. Le coach a mis du temps à le lancer, maintenant c’est fait.

Tu vois des points communs entre lui et toi ?

Oui et non. Il est Belge comme moi mais il n’a pas eu la même trajectoire. J’ai commencé plus tôt. A l’époque, c’est Kevin Mirallas qui m’a guidé. Aujourd’hui, j’essaie de faire la même chose avec lui. Il a la chance d’être dans le noyau qui est champion de France, ça aide. Parce qu’on apprend plein de choses plus vite, notamment la culture de la gagne. Et Gianni a la chance d’avoir comme coach un Rudi Garcia qui aime l’offensive. Pour un attaquant, c’est du bonus.

Pour Radja Nainggolan, les meilleurs jeunes belges doivent quitter très vite le pays. Tu es de son avis ?

Tout n’est pas à jeter dans la formation en Belgique mais c’est un pays qui aura toujours du retard dans ce domaine-là. Lille m’a approché quand j’avais 11 ans, on m’a bien détaillé le projet. J’ai beaucoup réfléchi et je suis venu à 14 ans. Au final, j’ai réussi. Ce n’est que du bonheur.

PAR DANIEL DEVOS ET PIERRE DANVOYE – PHOTOS : IMAGEGLOBE / HAMERS

 » Je savais que je n’allais pas gagner la CL avec Lille, mais on espérait sortir des poules ou au moins être repêchés. « 

 » Depuis que j’ai 16 ans, je progresse chaque année dans mes stats. « 

 » L’été dernier, j’ai envisagé de quitter Lille. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire