ARSENAL A ENFIN COMPRIS, BUT…

1. Les cinq raisons du revival des Gunners

Les joueurs d’Arsène Wenger semblent avoir franchi un cap. Si Arsenal a souvent brillé en Premier League, ce ne fut pas le cas lors de ses rendez-vous européens avec, seulement, deux quarts de finale de Ligue des Champions en 2001 et en 2004. Pour Wenger, qui coache Arsenal depuis 1996, ce n’est pas suffisant. A Madrid, en huitièmes de finale aller, les Londoniens ont prouvé que leur campagne actuelle pourrait être plus longue. Cinq raisons expliquent ce changement que je conclus par un avertissement.

a) attendre et partir en contre

Exploiter au plus vite la profondeur : c’est la marque de fabrique des Anglais, leur spécialité. A Madrid, Thierry Henry était en pointe, toujours prêt à foncer mais aussi à être un point d’appui pour ses équipiers, surtout José Antonio Reyes et Frederik Ljungberg. La reconversion offensive après la récupération du ballon était instantanée. Le moment s’y prêtait : le Real Madrid tentait de maîtriser le jeu. Face à une équipe plus attentiste, Arsenal, privé d’espaces et de profondeur, éprouve plus de peine à développer son jeu préféré.

b) isoler Ronaldo

Pour rendre Ronaldo inoffensif, Wenger a éliminé tous les éléments offensifs gravitant dans l’orbite du Brésilien. Tous ces joueurs ont été englués dans un filet que sept Anglais tressèrent au milieu du terrain. En infériorité numérique, les médians madrilènes ont été étouffés, réduits au silence et Ronaldo fut privé de ballons chauds.

c) élimination des arrières latéraux du Real

Roberto Carlos a été carrément inexistant. Cicinho s’est à peine plus montré. Or, ils assument habituellement un rôle important dans la remontée du ballon. Les Anglais ont coupé les ailes du Real dont le nombre de centres fut plus que réduit.

d) la solitude des arrières centraux

Comme Roberto Carlos et Cicinho s’évertuaient en vain de percer sur leur flanc respectif, ils ont abandonné les deux arrières centraux du Real à leur sort. C’est impensable quand on a Henry dans les pattes. De plus, Reyes et Ljungberg se sont fait un plaisir de plonger dans les espaces libérés.

e) ils ont… presque tout compris

Les Gunners ont bien man£uvré mais il reste une nuance négative. Le but (mais), c’est l’attitude de Henry en fin de match. Il a toisé stupidement les Madrilènes. A ne pas faire car les Espagnols sont fiers. A la place de leur entraîneur, je ne leur montrerais qu’une minute du match, la dernière avec un Henry inutilement arrogant. C’est une erreur et le Real y puisera peut-être l’énergie nécessaire pour signer un exploit à Londres.

2. Les dysfonctionnements défensifs collectifs

Dans de nombreux matches de la Ligue des Champions, on a relevé pas mal de comportements fautifs défensifs : or, il faut penser et réagir tous ensemble au même moment. Ce ne fut pas seulement le cas dans le chef du Real. Les arrières centraux de l’Ajax ont souvent oublié de faire un pas en avant et cette absence d’homogénéité a coûté cher contre l’Inter. Ce fut tout aussi flagrant dans le cas de Chelsea aux prises avec le Barça. Sur la droite, il est arrivé plus d’une fois que Geremi quitte inutilement son secteur afin de suivre un attaquant adverse qui plongeait entre les lignes. Quand cela arrive et qu’on joue en zone, il faut rester en place et confier celui qui s’infiltre à la garde de ses équipiers. En se décalant inutilement, Geremi ne faisait pas preuve que d’un manque de jugeote tactique. Il provoquait aussi un encombrement vers la droite et c’est exactement ce que Barcelone recherchait. A gauche, il y avait dès lors des boulevards et les Catalans s’y sont jetés avec bonheur. Ce fut le cas quand ils confectionnèrent le but de la victoire : à gauche, Ronaldinho a eu le temps d’organiser un contre, Henrik Larsson a servi Rafael Marquez, bon centre et but splendide de Samuel Eto’o. Chelsea fut incapable de parer la man£uvre : c’était un bel exemple de dysfonctionnement collectif.

PIERRE BILIC

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