ARRÊTE-MOI SI TU PEUX

La seule course au monde où la ligne d’arrivée vous rattrape, la version belge de la Wings for Life World Run, se déroule pour la 3e fois, le dimanche 8 mai prochain, à partir de 13 heures, à Ypres.

« Vous devriez essayer pour comprendre le sentiment que ça donne « , déclare Thierry Neuville (27 ans), pilote WRC, en parlant de la Wings for Life World Run. Marc Herremans, l’ambassadeur de la Fondation, opine.  » Les Anglais la décrivent bien : running for those who can’t. Courir pour ceux qui ne peuvent pas le faire. Je suis heureux que tant de gens témoignent ainsi de leur solidarité. L’année dernière, on a dénombré 101.208 participants dans le monde entier. Les rentrées de la course vont à la recherche sur les lésions médullaires, une rupture des réseaux nerveux dans la moelle épinière qui entraîne une paralysie et semble impossible à guérir.

Je ne demande qu’à soutenir financièrement les recherches sur la moelle épinière ou au moins à effectuer un pas dans la bonne direction. Plus nous mobilisons de gens, mieux c’est. Les enfants, surtout, espèrent qu’on trouvera un jour une solution. Nous voulons les aider à réaliser leur rêve. Personnellement, je crois en une percée rapide. En 2015, on a récolté 4,2 millions d’euros grâce aux 1.059.529 kilomètres bouclés au total.

UN DÉPART À 33 ENDROITS

Le dimanche 8 mai, à 13 heures belges, on va donner, à 33 endroits différents à travers le monde, le coup d’envoi de cette course un peu particulière imaginée par Red Bull en 2004. Son origine découle de l’accident tragique survenu au fils de l’ancien champion du monde autrichien de motocross, Heinz Kinigadner. Victime d’une chute, quelques mois plus tôt, le jeune Hannes s’est retrouvé paralysé. Son père s’en émut, à Salzbourg, auprès de l’entrepreneur milliardaire Dietrich Mateschitz, big boss de Red Bull. Ainsi naquit l’idée de mettre sur pied la Wings For Life Foundation. La première édition de l’épreuve, en 2014, a rassemblé 35.000 personnes. Depuis, le plateau croît de manière exponentielle. L’année dernière, on a dénombré 42.053 hommes, 31.307 femmes et 507 athlètes en chaise roulante, soit près de 74.000 coureurs qui ont versé chacun trente euros de droit de départ.

La Belgique en est à sa troisième édition, à Ypres et aux alentours, dans un magnifique décor champêtre. Le coup d’envoi est donné sous la porte de Menin. Trente minutes après les coureurs à pied, Neuville entame sa course de rattrapage à une vitesse de 15 km/h, qu’il augmente très progressivement pour arriver à 35 km/h. La course de chaque participant s’achève quand il est rattrapé par Neuville. Les trente premiers kilomètres se déroulent aux alentours de la Grand-Place d’Ypres. Il y a des postes de ravitaillement tous les cinq kilomètres et un DJ assure l’ambiance au centre de la ville.

THIERRY NEUVILLE AU RATTRAPAGE

Ensuite, le peloton découvre le Westhoek, les Flanders Fields et le légendaire cimetière Tyne Cot Cemetery. Ces deux dernières années, Tanja Dexters et Femke Herygers étaient au volant. Cette fois, c’est le vice-champion du monde de rallye WRC 2013, derrière l’invincible Sébastien Ogier, qui va prendre place dans le catcher-car.  » C’est un fameux défi « , explique le pilote Hyundai.  » Je ne suis pas habitué à rouler aussi lentement. En rallye, je dois au contraire chercher les limites de l’impossible. Il va donc falloir que mon copilote me tempère. L’année dernière, j’ai couru, comme Stoffel Vandoorne. Malheureusement, j’étais malade et j’ai été contraint à l’abandon après six kilomètres. Quelques copains des cantons de l’Est viennent aussi pour le fun. Lors d’une prochaine participation, je devrai parcourir plus de kilomètres qu’eux. Ça promet !  »

Le 3 mai 2015, Pieter Reijnders a parcouru 62 kilomètres. Deborah Gyselen a gagné l’épreuve féminine en courant 40,6 kilomètres. Selon la tradition, ils peuvent déterminer à quel endroit ils vont courir. Reijnders a opté pour la Floride. Le lauréat 2014, Wouter Decock, avait choisi la Roumanie, où il avait parcouru 61 kilomètres. Nele Louwagie a couru en Australie. Le record du monde est la propriété d’un coureur éthiopien de l’extrême, Lemawork Ketema, qui a réussi à franchir 79,9 kilomètres à Sankt Pölten, en Autriche, en cinq heures et cinq minutes. A Takashima, la Japonaise Yuko Watanabe a été rattrapée, au soleil couchant, après 56,33 kilomètres.

VISA POUR LE MONDE

La prestation absolue revient à la Suède : l’athlète en chaise roulante Aron Anderson a parcouru 64,82 kilomètres. Cette année encore, le vainqueur global se verra offrir un voyage dans le monde. L’année dernière, Red Bull a atteint les 5.000 inscriptions sur le sol belge.  » Talonner les coureurs n’est pas facile « , explique Neuville.  » Ça requiert énormément de concentration car on passe beaucoup de temps dans la voiture. En ce sens, c’est un bon entraînement. Je suis la ligne d’arrivée. C’est très bizarre.  »

L’ancien triathlète Marc Herremans sourit.  » Pour mon malheur, j’étais un fervent coureur. L’accident remonte à 14 ans déjà. Cet événement est un bon test. Vous vous fixez un temps, vous essayez de tenir une moyenne et surtout de repousser vos limites, en duel avec le catcher-car. Maintenir la voiture-balai derrière soi le plus longtemps possible est bien plus dur qu’on ne le pense. C’est une lutte très dure contre soi-même, son corps et un pilote de rallye de niveau mondial. Sentir toute cette caravane arriver peut être stressant. C’est en tout cas très spectaculaire.  »

PAR FRÉDÉRIC VANHEULE – PHOTOS REDBULLCONTENTPOOL

 » Je n’ai pas l’habitude de rouler aussi lentement.  » THIERRY NEUVILLE

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