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Arnauld Mercier

Waasland-Beveren n’avait pris qu’un point en six matches quand le Français y a débarqué. Son bilan intermédiaire : trois nuls, une victoire, pas une seule défaite.

1. Ton équipe a déjà failli gagner pour le tout premier match de ta vie comme coach de D1, à Saint-Trond, qui a égalisé à la 95e minute ! Comment peut être l’ambiance dans le bus après une désillusion pareille ?

Les joueurs étaient frustrés, déçus, énervés sur eux-mêmes parce qu’ils savaient qu’ils devaient mieux gérer la dernière situation du match. Mais très vite, on a positivé le contenu. On était passés à côté d’une première victoire, on l’aurait eue si on avait mis un deuxième but, et on avait eu des occasions. On n’a pas eu de chance à des moments clés, non plus. Et sur l’égalisation, on a rendu deux fois le ballon dans les pieds de joueurs de Saint-Trond. À côté de ça, il y avait eu plein de choses intéressantes dans notre jeu, donc c’était encourageant. On a lavé les têtes dès le lendemain et on s’est remis au boulot.

2. Tu as eu Daniel Leclercq comme entraîneur à Valenciennes, qu’est-ce tu as retenu de lui, qu’est-ce que tu appliques aujourd’hui ? Son art de provoquer des conflits ?

Je retiens que c’était un entraîneur extrêmement rigoureux, qui donnait des exercices d’une grande simplicité mais aussi d’une grande efficacité. C’est vrai qu’il y avait des rapports conflictuels, je ne sais pas si c’était volontaire ou pas, je me suis parfois posé la question et je n’ai jamais eu la réponse. En tout cas, il savait pousser les joueurs dans leurs retranchements. Je joue dans un autre registre. Moi-même, j’ai eu un sérieux souci relationnel avec lui. Un journaliste a déformé mes propos, il a exploité deux minutes d’interview par téléphone pour faire un titre polémique. Au lieu de croire ma version, Leclercq a cru ce journaliste. Ça a mis un gros froid entre nous. Je lui en ai beaucoup voulu d’avoir plus fait confiance à un reporter qu’à son capitaine. On s’est reparlé par après, mais sur le coup, ça a été extrêmement difficile à vivre.

3. Tu as une licence en management du sport, tu as été le patron d’une quinzaine de salariés quand tu tenais un restaurant : à quoi te servent ces expériences dans ton boulot d’entraîneur ?

Ça m’aide beaucoup. Ma vie dans la restauration a été une très bonne école. J’ai appris à gérer des hommes. J’ai aussi appris la notion de travail parce que je bossais 90 heures par semaine pour faire tourner la boutique. Ma licence en management m’a amené une ouverture d’esprit, ça m’a appris à mesurer les enjeux et à être pragmatique, à aller à l’essentiel. Définir le travail de chacun, harmoniser les tâches de tout le monde, c’est maintenant ce que je dois faire à Beveren. J’ai un staff technique de sept personnes, plus un team manager, quatre kinés, deux médecins, trois intendants. Il faut faire en sorte que toutes ces personnes se mettent au service de l’équipe et du coach.

4. Tu as souvent été le capitaine de tes équipes : pourquoi toi ?

Je pense que je me suis approprié ce rôle parce que c’était dans ma nature de piloter la ligne arrière, ensuite l’ensemble de l’équipe. Depuis mon plus jeune âge, je me suis beaucoup investi dans tout ce que je faisais. J’ai aussi été capitaine pendant mon passage en Italie. Peut-être qu’à un moment donné, aux yeux du coach, c’est le signe que le joueur en question est plus concerné que la moyenne. Le brassard, on ne le donne pas au hasard.

5. C’est Roger Henrotay qui t’avait permis d’aller en Italie, aujourd’hui c’est plus son fils qui est dans l’actualité. Ton avis sur les scandales et les magouilles d’agents dans le football belge ?

Je ne connais pas Christophe. Par contre, je suis toujours en contact avec Roger, c’est d’ailleurs lui qui m’a informé qu’il y aurait peut-être une possibilité à Waasland-Beveren. Concernant les affaires, un an après le déclenchement, je n’arrive pas à me défaire de l’impression que ça a été beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Déjà, on a fait du bruit quand on a tout mélangé, les chipotages financiers des agents et les matches truqués. On a tout mis dans le même package, ce n’est pas normal. Il y avait une affaire à sortir : Malines. Mais ce club est toujours en D1A ! Et puis je n’ai pas apprécié que des agents non concernés par les affaires déversent directement sur ceux qui étaient interrogés ou emprisonnés. Le moment était mal choisi, c’était trop facile. Ça sentait les règlements de compte à plein nez, ce n’était pas très fair-play.

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