ARBITRE PROFESSIONNEL

La Nouvelle-Zélande avait accueilli le Mondial des -17 ans fin 1999. Comme souvent, le Brésil l’avait emporté. La finale, face à l’Argentine, avait été arbitrée par un Allemand, Wolfgang Stark, alors âgé de trente ans. Il n’y avait pas d’arbitre belge. Ils n’étaient pas assez bons. Par contre, il y avait un referee syrien, militaire de carrière. Il n’était resté qu’une dizaine de jours sur place, avant de repartir avec une indemnité de quelque cinq cent mille francs. Il nous avait expliqué que cette somme équivalait à deux ans de solde en Syrie.

De tels cas laissent à penser qu’on n’est plus très loin de l’arbitrage professionnel. Les hautes sphères du football, la FIFA, donc, s’en soucient de plus en plus. Sepp Blatter, le président, a été très clair à ce sujet il y a deux semaines, au terme de la réunion de l’ International Board, à Edimbourg. Il a déclaré que le football avait tellement évolué ces dernières années qu’il devenait sans cesse plus difficile aux arbitres de signer des matches sans faute. Et Blatter de préciser: « Le football doit conserver son caractère humain mais il est urgent que l’arbitrage soit professionnalisé. Je n’affirme pas que cela évitera toute erreur mais les juges seront psychologiquement plus forts et ils jouiront de plus de respect s’ils agissent en salariés parmi d’autres salariés ».

Blatter a avancé qu’une étude réalisée au sein du hockey sur glace suisse démontrait une nette augmentation de la qualité du jeu depuis l’introduction d’arbitres professionnels. Il a ajouté que la limite d’âge de 45 ans, introduite lors de la Coupe du Monde au Mexique en 1986, à l’intention des internationaux, ne serait plus maintenue. Certains pays, comme le Brésil, l’Argentine, le Mexique, l’Espagne ou l’Italie, sont trop vastes pour qu’on puisse y effectuer un déplacement en un jour. Des arbitres y sont donc déjà professionnels et on pourrait généraliser ce changement de statut. Les meilleurs arbitres de certaines petites nations qui n’ont pas de Ligue professionnelle de football pourraient même recevoir ce statut pour siffler dans des championnats étrangers plus relevés.

Actuellement, c’est encore difficilement accepté mais les préjugés s’envoleraient rapidement, dès qu’on aurait constaté que les professionnels sont meilleurs que les amateurs et qu’ils se seraient fait un nom et une réputation.

Voilà une bien longue introduction à la problématique de l’arbitrage belge, qui a progressivement disparu de l’élite internationale. Nous n’avons plus de juges du format de Loraux, Ponnet ou Van Langenhove.

Nos meilleurs compatriotes sont absents des grands matches de la Ligue des Champions ou des éliminatoires du Mondial. La génération des Piraux et Hayen a atteint la limite d’âge et l’Union Belge est décidée à octroyer une formation professionnelle à leurs cadets. Ça ne veut pas dire que Frank De Bleeckere et Paul Allaerts ou le jeune espoir Serge Gumienny vont subitement gagner beaucoup plus que les montants imposables actuels, soit 20 ou 25.000 francs, selon qu’il s’agit d’un match du week-end ou de semaine. Ils bénéficieront au moins d’un encadrement professionnel qui devrait leur permettre d’atteindre le niveau de leurs collègues d’autres petites nations, comme les Pays-Bas, la Suisse ou l’Ecosse, qui fournissent quelques-uns des meilleurs arbitres du monde.

Ce suivi professionnel va être assuré par Werner Helsen, professeur à la KUL, ancien joueur et entraîneur, pour l’aspect physique, par Jef Brouwers, ancien arbitre et psychologue, et par Damien Garitte, le médecin de la fédération. S’ils accomplissent bien leur mission et suivent attentivement leurs élèves, la Belgique sera rapidement mieux représentée au sein de l’arbitrage international, où seul Frank De Bleeckere s’est vu attribuer une petite place par l’UEFA, au sein du groupe des arbitres d’avenir.

Mick Michels

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