Arbitrage : Preud’homme et De Witte ont été beaucoup trop loin

Il y a dix jours, Michel Preud’homme, l’entraîneur de la Gantoise mais surtout entraîneur champion en titre avec le Standard, a été exclu du match à Charleroi et renvoyé dans la tribune par l’arbitre. Il avait hurlé au scandale dans le visage de l’arbitre (il l’avait presque touché !) pour une affaire de penalty contre son camp. Mercredi passé, après la défaite de Gand à Genk en Coupe de Belgique (et à nouveau pour une histoire de pénos), il y a allait d’un  » pas de commentaires à l’égard de l’arbitrage  » plutôt croquignolet. Jugez plutôt :  » Quitte à me faire b… (par l’arbitrage), je vais me faire b… en silence.  »

Preud’homme a toujours été surnommé Caliméro car il déplace facilement la responsabilité des défaites de ses couleurs vers les arbitres. Avant, c’était  » On en veut au Standard « , maintenant c’est  » On en veut à Gand « . Il est connu pour être un volcan sur le bord du terrain. Un soir, il a même été bousculer Enzo Scifo, son collègue de Mouscron ! Mais en dehors des matches, MPH est charmant, intelligent, sympa. Son hobby n°1 est d’ailleurs le golf, un sport où il faut se contrôler au maximum à tous points de vue. Et vous le croirez ou non, mais il donne des conseils de gestion du stress aux jeunes golfeurs talentueux de son club !

On peut se dire que c’est plutôt lui qui a besoin de conseils d’un psy. Mais ne soyons pas naïfs : dans le monde entier, les entraîneurs mettent l’arbitrage sous pression en espérant qu’il fléchisse en leur faveur. Cela s’appelle vouloir gagner à tout prix et c’est une déviance professionnelle. Sir Alex Ferguson en est un spécialiste, tout comme René Vandereycken. Mais en prenant ces deux exemples, on se rend compte que ce n’est pas toujours payant… De l’autre côté, il y a ces entraîneurs de talent et au palmarès en béton qui sont plus philosophes vis-à-vis de l’arbitre et adoptent une attitude vraiment sportive. Marcello Lippi (qui a gagné la Coupe du Monde et la Ligue des Champions) est un des chefs de file du classique  » faisons confiance à Monsieur l’arbitre « .

Comme réaction à l’attitude des Preud’homme, il n’y a qu’une solution : punir et suspendre de façon exemplaire ces entraîneurs qui donnent le mauvais exemple. Si on ne le faisait pas, ce serait grave car ce serait reconnaître que l’arbitrage est mauvais ! Mais en est-on loin ? A force de disséquer sans cesse les ralentis de la TV, on trouve toujours des erreurs d’arbitres. Récemment, à Studio 1, Lilian Thuram prêcha la bonne parole en matière d’antiracisme mais aussi d’arbitrage en affirmant qu’il avait toujours considéré les décisions arbitrales comme des faits de jeu.

Mais en Belgique, les pressions des dirigeants sur les arbitres vont sans cesse en augmentant. Quand leur club perd, c’est toujours la faute de l’arbitre. Mais là aussi, il y a heureusement des exceptions belges, symbolisées d’abord par Roger Vanden Stock… qui a positivement influencé son copain Luciano D’Onofrio à cet égard. Malheureusement, mercredi, après le naufrage gantois, le président des Buffalos – Ivan De Witte (également président de la Ligue Pro !) – a été au moins aussi loin que Preud’homme en parlant même  » à la limite, de falsification…  » Le gros colérique s’est excusé depuis, mais le mal était fait et pas un peu.

Du coup, lundi dernier, c’étaient les états généraux de l’Union Belge autour de la thématique. Si le soir, les arbitres de D1 et de D2 se réunissaient pour analyser leurs prestations (ça, c’est du good will), le conseil d’administration de la fédération se réunissait aussi pour prendre position concernant les faits gantois. On espère qu’on ne s’y est pas déguisé en autruche, même si le carnaval approche…

PAR JOHN BAETE

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