Apprendre à boire

C’est à la fois la préparation aux JO de Pékin et la prochaine campagne des Diables Rouges qui a été entamée à La Valette.

Cette fois, on a véritablement entamé la préparation de l’équipe olympique en vue des Jeux qui débuteront le 7 août prochain pour les footballeurs. Parallèlement, c’est aussi le début de la préparation à la prochaine campagne des Diables Rouges qui doit – chacun l’espère – les amener à la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud. Car beaucoup de joueurs sont des pièces maîtresses des deux sélections. Raison pour laquelle RenéVandereycken avait tenu à accompagner la délégation lors du stage à Malte, la semaine dernière, en qualité d’observateur tout en laissant le soin à FrankieVercauteren et StéphaneDemol de s’occuper du groupe (réduit) de Diables Rouges présents à Tubize. On peut vous l’assurer : même s’il était en équipement aux entraînements, MaîtreRené s’est réellement contenter d’observer et, à la rigueur, de… déplacer un cône de temps en temps.

Acquérir les bons réflexes

Certains joueurs – essentiellement ceux évoluant dans le championnat de Belgique et des Pays-Bas – avaient déjà passé des tests dans la salle de climatologie de l’université de Louvain. Il s’agissait maintenant de mettre ces tests en pratique sur le terrain. Pourquoi a-t-on choisi Malte pour effectuer le stage ? La première option était la Floride, dont le climat chaud et humide correspondait le mieux à celui que l’on rencontrerait en Chine. Mais il y a six heures de décalage horaire avec la Belgique et cela risquait de perturber la préparation des joueurs appelés à disputer également le match des Diables Rouges à Florence, vendredi prochain.

La deuxième option consistait, déjà, en un séjour en Chine. Mais la question du décalage horaire – quoique dans l’autre sens – se posait également.

La troisième option était le Sénégal : là, le décalage horaire aurait été limité à deux heures, mais il aurait fallu vacciner les joueurs (notamment contre la malaria). Finalement, on a choisi de rester en Europe, sur une île. Même s’ils ont eu droit à un ensoleillement quasi permanent, les joueurs n’ont pas réellement trouvé à Malte les conditions qu’ils devront endurer à Pékin, à Shanghai ou à Shenyang. Avec 19° à l’arrivée à La Valette, on était loin des 34° et des 70 % d’humidité prévus pour le mois d’août en Extrême-Orient.  » Mais on peut extrapoler les résultats « , assure le professeur PeterHespel, qui a accompagné les joueurs pendant le stage et les a d’ailleurs briefés dès avant le premier entraînement.  » Le but était de leur expliquer comment ils devaient se comporter dans ces conditions-là. J’ai aussi collecté des échantillons d’urine avant chaque entraînement, afin de contrôler s’ils s’hydrataient suffisamment « .

Au menu de la semaine, en plus du petit match disputé vendredi contre l’équipe nationale maltaise des -21 ans et gagné 1-2 avec des buts de Sanharib Malki-Sabah et d’ Axel Witsel : fitness le matin, entraînement sur terrain l’après-midi. Des entraînements souvent assez longs, de plus de deux heures, entrecoupés de pauses-boissons.  » L’objectif était de leur faire acquérir les bons réflexes « , explique JeanFrançoisdeSart.  » Par ailleurs, le but de ce stage était à la fois de renouer les liens entre les différents éléments du groupe et de travailler déjà les premières ébauches tactiques. De ce point de vue, le stage est réussi « .

Parmi les joueurs qui avaient le moins bien supporté les tests en salle de climatologie à Louvain, il y avait JanVertonghen. Son c£ur s’était emballé et on craignait même qu’il doive renoncer au voyage en Chine. Il n’en sera rien.  » En fait, j’ai mal supporté le masque qu’on m’avait apposé en fin de test, lorsque l’effort était le plus intense « , explique-t-il.  » Les autres joueurs l’ont gardé pendant 19 minutes. Moi, au bout de 11 minutes, j’ai dû l’ôter et arrêter tout effort. Je ne parvenais plus à respirer. J’étais aussi complètement déshydraté. Je n’avais pas assez bu avant les tests. Une bonne leçon à retenir « .

On sait que d’autres joueurs avaient souffert durant ces tests. MoussaDembélé les avait terminés en étant exténué. SébastienPocognoli préfère le froid et la pluie aux fortes chaleurs. Mais, en principe, il n’y aura pas de problème.  » Certains joueurs résistent mieux aux conditions extrêmes que d’autres « , concède le Prof. Hespel.  » Je ne citerai pas de noms, cela relève du secret médical. Il est clair que, dans le contexte des JO, le Brésil et la Chine pourraient être avantagés. Le Brésil – en tout cas dans certaines régions du pays – possède un climat similaire et les Chinois, qui joueront chez eux, seront forcément habitués. Mais il faut s’y faire. On ne peut que prévenir et donner les meilleurs conseils possibles « .

Le retour du capitaine

MaartenMartens, le capitaine des Espoirs, est de retour après une saison gâchée par une blessure au genou. Lorsqu’il s’est déchiré les ligaments croisés antérieurs du genou gauche, le 28 octobre, il s’était directement fixé un objectif : être rétabli pour les Jeux Olympiques.  » Je savais que j’avais peu d’espoirs d’encore rejouer en championnat avant la fin de saison « , relate-t-il.  » Ou alors, c’était pour un ou deux matches, cela n’en valait pas la peine. Les JO, c’était donc l’échéance suivante. Je me suis focalisé là-dessus. Si je peux être prêt, ce qui semble devoir être le cas, je veux à tout prix être du voyage car c’est un trop bel événement pour le rater « .

Pour Martens, c’est un peu la situation inverse à celle qu’il avait connue l’an passé. Lors de l’Euro 2007, il était apparu très fatigué.  » C’était le cas « , reconnaît-il.  » Cette fois, je devrais être l’un des plus frais du groupe. Mais ce n’est pas encore tout à fait le cas, car je n’ai retrouvé le terrain que depuis un mois et demi. La fatigue réapparaît donc rapidement après chaque effort. Je ressens encore une gêne lorsque j’appuie sur l’accélérateur. C’est normal. J’en suis tout juste à six mois après l’opération : c’était le 28 novembre, car j’avais attendu un mois avant de me faire opérer. Logiquement, après ce genre de blessure, il faut attendre six, sept, huit ou parfois neuf mois avant de retrouver son meilleur niveau. Je suis content de pouvoir me ré-entraîner. J’avais déjà un peu commencé à l’AZ, mais à Malte, j’ai franchi un palier supplémentaire. Maintenant, le mois de vacances qui m’attend va me faire du bien également. Je pars en Malaisie, dont le climat est comparable à celui que l’on rencontrera en Chine, mais c’est un hasard : j’apprécie particulièrement l’Asie et j’avais envie de découvrir ce pays. A mon retour, je pourrai recommencer les entraînements une semaine plus tôt avec l’AZ. Le groupe reprend le 30 juin, j’aurai encore une belle préparation devant moi « .

Martens est un peu considéré comme le leader de cette équipe.  » Leader, c’est un grand mot « , relativise-t-il.  » Il est exact que j’en suis le capitaine depuis trois ans. Cela s’est toujours très bien passé, on a toujours éprouvé beaucoup de plaisir à se retrouver et surtout, on a obtenu de très bons résultats. Je tiens à rappeler que durant ces trois années, on n’a perdu que deux matches officiels : l’un, de manière dramatique, lors des barrages contre l’Ukraine à Lokeren ; l’autre, c’était la demi-finale de l’Euro 2007 contre la Serbie. La collaboration a toujours été excellente avec le staff. Un vrai leader ? On n’en a besoin que lorsque les résultats sont moins bons. Dans cette optique, c’est important qu’un joueur comme VincentKompany nous ait rejoints. Il va sûrement nous apporter une plus-value, avec son expérience, sa classe. Il peut aussi s’ériger en leader, tout comme Jan Vertonghen. Plus on aura de joueurs de cette trempe, mieux on pourra prester « .

Au point de viser une place sur le podium ?  » On n’ira pas en vacances en Chine. L’objectif sera d’au moins s’extraire de la poule. A partir de là, tout deviendra possible. On possède une très bonne équipe, avec beaucoup de qualités et animée d’un très bon esprit. De ce point de vue-là, je ne me fais aucun souci. Mon seul point d’interrogation concerne les conditions climatiques que l’on rencontrera en Chine. Serons-nous capables de reproduire dans de telles conditions les prestations que l’on est en droit d’attendre de nous ? ».

AZ est l’un des principaux fournisseurs de l’équipe olympique… et même des équipes olympiques, car en plus de Martens, Pocognoli et Dembélé pour l’équipe belge, il y aura aussi BarryOpdam et RyanDonk pour les Pays-Bas, et le gardien SergioRomero pour l’Argentine, mais cela ne semble pas poser de problèmes.  » Je crois qu’on le doit en partie au directeur général du club, ToonHerbrands, qui est un ancien coach de volley de l’équipe nationale hollandaise « , estime Martens.  » Il a lui-même participé à deux ou trois olympiades, et sait ce que cela représente pour un sportif « .

Dembélé retrouvera Mirallas

Il y a un an, Moussa Dembélé avait dû renoncer à l’Euro 2007 en raison d’une blessure. Cela avait obligé KevinMirallas à jouer seul en pointe. Pour les JO, le joueur de l’AZ devrait retrouver son compère de Lille et reformer une paire d’attaquants complémentaires avec lui, comme chez les Diables Rouges.  » Kevin et moi n’avons pas joué souvent ensemble, mais on s’est trouvé directement « , reconnaît Dembélé.  » Nous sommes deux joueurs très différents : Kevin est plus attiré par le but, alors que je préfère garder le ballon ou réaliser une action. Cela colle très bien entre nous « .

Dembélé a un jour déclaré que, s’il marquait aussi peu, c’était parce qu’il… aimait trop le ballon.  » C’est la vérité. Lorsqu’on joue comme attaquant, ce qui est le cas en équipe nationale – un peu moins à l’AZ où je suis plutôt un pourvoyeur de ballon depuis la deuxième ligne – on a pour mission d’inscrire des buts. Pour moi, ce n’est pas aussi simple car je n’y ai jamais été habitué. Chez Kevin, on ressent ce pouvoir d’attraction envers le but adverse, que je n’ai pas. Il a été formé pour cela. Moi, j’ai toujours trouvé le football très joli et j’ai toujours été amoureux du ballon. Mon principal souci était de le garder. Je songeais à faire des arabesques, plutôt qu’à marquer. J’essaie de changer mon comportement, mais cela prend du temps. Je sais que j’ai une bonne frappe, et après avoir tenté ma chance au but, je me dis toujours : – Ca yest, j’ysuisarrivé, jedoiscontinuerdelasorte ! Mais, chassez le naturel, il revient au galop : lorsqu’une nouvelle occasion se présente, je ressens la même hésitation à frapper. Il faut que je me force à tirer plus souvent. LouisvanGaal me le dit aussi. Tout le monde me le dit. J’aimerais pouvoir inscrire 15 buts. Mais ce n’est pas dans ma nature. Et puis, à l’AZ, je joue comme milieu gauche ou comme n°10, rarement comme n°9 « .

Dembélé-Mirallas, c’est sans doute la base pour l’avenir offensif des Diables Rouges. D’une manière plus générale, c’est toute l’équipe olympique qui constitue une bonne base de travail.  » On forme un très bon groupe « , affirme Moussa.  » On réunit beaucoup de qualités : vitesse, puissance, technique. Le collectif est très au point. Et il y a des leaders : Kompany et Martens, des gens qui peuvent prendre la parole et exercent une influence naturelle. Moi, je suis plus calme, mais il faut de tout dans une équipe. Ce qui est sûr, c’est que tout le monde a envie de montrer ce dont il est capable. C’est très encourageant « .

Si toutes les conditions sont réunies, que manque-t-il pour obtenir des résultats ?  » Bonne question ! Avec les Diables Rouges, voulez-vous dire? Je sors d’un stage avec l’équipe olympique, où tout s’est très bien passé. Les Diables Rouges, c’est pour vendredi prochain, en Italie. Reposez-moi la question dans une semaine « .

par daniel devos

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