ANTI Wimbledon

En 1995, Dick Norman, un timide Flandrien de 24 ans et de 2,04 mètres, était un total anonyme, champion des éliminations au premier tour. Cinq mois avant Wimbledon û son premier tournoi du Grand Chelem û, il se sépare de son coach, Carlos Rodriguez, et se concocte lui-même un plan d’entraînement. Il découvre Roehampton et ses courts bosselés où se déroulent les qualifications de Wimbledon et loge dans un hôtel minable en compagnie d’autres nobodies. Mais la magie du tournoi prime ces aspects sordides et le soir, il se console en buvant une bière, au son de la guitare, sur le balcon, en sifflant les filles qui passent dans la rue. Il a l’impression d’être en vacances.

Il perd la finale des qualifications mais quatre forfaits lui permettent d’accéder au tableau final, de fouler le gazon magique de Wimbledon et d’affronter les grands du tennis. A priori, il n’a aucune chance et ses jambes tremblent quand il pénètre sur le court pour jouer Pat Cash.

 » Je serais volontiers rentré sous terre quand Cash a fait son entrée, acclamé par la foule « , dit Norman.  » Je n’étais qu’un nain. Une fois le match entamé, j’ai senti que j’avais mes chances si je contrôlais mes nerfs. L’Australien avait 30 ans et était souvent blessé. A la fin du tie-break du premier set, je l’ai pris à contre-pied, il s’est foulé le genou et a abandonné « .

Norman atteint le deuxième tour, face à Stefan Edberg, pour lequel il avait ramassé des balles dans un match d’exhibition en Belgique. Il s’attend à une raclée mais gagne 6-3, 6-4, 6-4. Il livre son match le plus difficile contre Todd Woodbridge. Il perd le premier set mais se ressaisit grâce à ses volées. 6-4, 6-4, 3-6, 6-3. La Belgique est euphorique mais Norman ne le découvrira qu’à son retour. Boris Becker mettra fin à son rêve au quatrième tour. Il n’en a cure : il a réussi un exploit et, surtout, il a joué contre son idole.

Déçu par son idole, Boris Becker

 » Boris était un héros à mes yeux. Il était dans le vestiaire des têtes de série, il vivait sur une autre planète. Je ne pouvais croire qu’il était en face de moi sur le terrain. Je le regardais plus que la balle ! J’ai livré un bon match J’ai même plongé une fois au filet… Mais une fois que Becker a gagné le premier set, il s’est envolé vers la victoire (6-7, 3-6, 4-6). Je l’ai revu récemment à Halle. J’ai été déçu. Il se comporte en star, il ne pense qu’à son image. L’ancien sportif navigue dans la jet-set. Dommage…  »

L’euphorie de son exploit s’est rapidement heurtée à ses limites. Dick remporte encore le Challenger de Newcastle, un mois après Wimbledon, mais il piétine :  » A 14 ans, j’étais sûr de rejoindre un jour le top-100 mais chaque fois que j’en approchais, je trébuchais. Mon tennis comportait trop de lacunes. Je comptais fébrilement les points dont j’avais besoin pour faire partie du top-100 et me plaçais sous pression. En 1998, j’ai arrêté les frais « .

Pendant huit mois, il a donné des cours de tennis puis a disputé quelques tournois pour l’argent. Là, son service a fait des miracles :  » Sans entraînement, j’ai battu le numéro 220 et j’ai effectué mon come-back professionnel en 2000.  » Son approche plus décontractée a fait des miracles : il a terminé 2002 au rang 95 de l’ATP… A 34 ans, Norman est le deuxième joueur le plus âgé du circuit mais il ne songe pas à se retirer des courts. La saison dernière a été médiocre.  » Je ne pouvais effectuer mes adieux sur une note pareille. Depuis le début de cette année, tout va de nouveau bien. Je suis numéro 118 et je pense pouvoir rejoindre très vite le fameux top-100.  »

Cette année, il a à nouveau disputé les qualifications de Wimbledon mais la magie du tournoi s’est estompée :  » C’est l’épreuve la plus stressants. Le tirage au sort est décisif. Je n’aime pas le gazon, même s’il convient à mon tennis. Ce ne sont que services et retours de services. Et les faux bonds… On reçoit deux chances sur un match et il faut les saisir, sous peine d’être battu avant de s’en rendre compte. Je n’aime pas non plus tous les règlements en vigueur à Wimbledon ni les affreux costumes du corps arbitral, sans parler de la bouffe anglaise « .

Filip Dewulf

 » Je n’aime pas les règlements ni les affreux costumes des arbitres. SANS PARLER DE LA BOUFFE ANGLAISE  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire