» ANTHUENIS NE DOIT PLUS RIEN CHANGER « 

Les Diables Rouges qui gagnent aux Pays-Bas : on peut parler d’une surprise de dimension !

Georges Heylens : J’avais déjà expliqué qu’il fallait reconstituer une aile gauche avec Didier Dheedene et Bart Goor, trouver une place pour Roberto Bisconti dans l’équipe et y intégrer plus de maturité. Les Hollandais ont cherché à provoquer une guerre de tranchées dès la première minute, ils ont joué à l’intimidation. En face, j’ai vu des Diables sereins, mais surtout très complémentaires et parfaitement organisés. Un Belge m’a impressionné plus que tous les autres : Bisconti. On connaît son ardeur et son discernement. Il a de nouveau prouvé son exceptionnelle utilité. Mais attention, ce n’est pas un joueur seul qui a conduit cette équipe à la victoire : c’est le succès de tout un groupe qui s’est coaché lui-même et a donné une leçon de collectivité et d’intelligence aux Pays-Bas.

Comment jugez-vous la complémentarité des deux flancs ?

Elle fut très, très bonne. Didier Dheedene et Bart Goor se connaissent. A droite, Eric Deflandre et Roberto Bisconti viennent aussi de prouver qu’ils pouvaient réussir de très bonnes choses ensemble. C’est prometteur et j’imagine qu’Aimé Anthuenis va maintenant en tenir compte.

Pour la première fois depuis qu’on a abordé la campagne des matches amicaux, Anthuenis n’a pas multiplié les changements en cours de match.

Sans aucun doute. Pour moi, il a enfin trouvé son équipe type. Il ne faudra plus y apporter que des retouches chirurgicales, en fonction des besoins spécifiques du moment. Anthuenis a son équipe type et son groupe de base : c’est avec tout ce matériel-là qu’il faut aborder les éliminatoires pour le Mondial 2006. Je n’aurais qu’un conseil à lui donner : -Maintenant, mettez tous ceux-là en pleine confiance.

On s’impatientait en constatant les multiples essais du coach fédéral…

Oui, et il est maintenant heureux qu’Anthuenis ait réussi ce gros résultat. Je pense que, si les Diables avaient de nouveau bu la tasse samedi dernier, sa situation serait devenue délicate. Le coach doit maintenant prouver qu’il a autant de clairvoyance que Raymond Goethals, Guy Thys, Paul Van Himst ou Robert Waseige, en partant avec un groupe fixe pour plusieurs années. Souvenez-vous de Thys : après avoir cherché pendant une année complète, il a fait presque tout sa carrière de sélectionneur avec la même base. Anthuenis a essayé pendant deux ans : la solution définitive s’est sans doute dégagée aux Pays-Bas.

Quid, alors, des titulaires habituels qui étaient absents ou sur le banc samedi ?

Il faut évidemment maintenir dans le noyau des joueurs comme Wesley Sonck, Emile Mpenza, Grégory Dufer, Luigi Pieroni, Olivier Deschacht ou Jelle Van Damme. Mais pas nécessairement les remettre dans le 11 de base. Pour moi, Sonck ne doit plus être considéré comme un titulaire indiscutable après ce qu’on a vu samedi avec Thomas Buffel et Mbo Mpenza devant. Même Dufer peut être une bonne alternative quand un de ces deux-là est indisponible.

Les Diables pourraient-ils aborder tous les matches avec cette équipe ? Même quand ils devront faire le jeu ?

Oui. Cette ligne médiane peut être efficace en toutes circonstances. Le duo composé de Sven Vermant et Philippe Clement est synonyme de métier et de solidité. Sur les flancs, Goor et Bisconti ont démontré qu’ils étaient très complémentaires aussi bien avec l’attaque qu’avec la défense. Selon moi, cette équipe est mûre pour entamer les éliminatoires du Mondial avec de bonnes chances de qualification.

Les Hollandais ne vous ont-ils pas déçu ?

Beaucoup, oui. Je n’ai pas vu de sens d’entreprise dans cette équipe, si ce n’est pour donner des coups… J’espère pour eux qu’ils vont démontrer autre chose à l’EURO. Le contraire serait inadmissible, quand on voit le talent individuel qu’il y avait samedi sur la pelouse mais aussi sur le banc.

Un mot sur la montée d’Ostende ?

C’est le grand mérite d’un homme qui a su transmettre sa hargne à tout un groupe : Gilbert Bodart. Il a déjà pris des coups depuis qu’il entraîne, notamment à Visé. Il en prendra encore. Pour un coach, l’apprentissage dure une dizaine d’années. Après cela, il est paré s’il tire les leçons de tout ce qui n’a pas marché. L’expérience de joueur de Bodart lui a déjà permis de passer les orages en ouvrant un grand parapluie au-dessus de son équipe.

Propos recueillis par Pierre DanvoyeGeorges Heylens commente le championnat.

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