Annus horribilis

Dury, Maes, Rangnick, Jol, Hasi, Vanhaezebrouck, Vanaken, Hazard, Odjidja… tous ceux dont on parle au Parc Astrid pour éviter une nouvelle saison catastrophique.

Herman Van Holsbeeck aurait préféré ne pas s’exprimer après la défaite à Lokeren. Il avait le pas pressé en sortant du vestiaire mais il n’a pas pu échapper à la question à la mode : quand John van den Brom sera- t-il viré ? En six minutes, le manager l’a dit cinq fois !  » Notre entraîneur a toujours notre confiance. Il restera jusqu’à la fin de la saison.  » Le Hollandais a un bilan comparable à celui de Frankie Vercauteren lors de son C4 en 2007. Et il fait beaucoup moins bien que Hugo Broos au moment où il avait dû prendre la porte en 2005. Vendredi soir, une personne du club, présente en tribune d’honneur, a fait la comparaison qui tue :  » On est du niveau d’Anzhi – Genk, ça ne vaut plus rien.  »

C’est frappant dans le discours de Van Holsbeeck : Van den Brom entraînera Anderlecht  » jusqu’à la fin de la saison « . Il est sous contrat jusqu’en juin 2015 mais personne n’imagine qu’il preste sa dernière année. S’il est toujours en place, c’est parce qu’il garde la confiance du duo Roger Vanden Stock / Herman Van Holsbeeck. Officiellement, il y a un troisième décideur : Philippe Collin. Mais il est tributaire des autres. Or, si ça ne tenait qu’à lui, Van den Brom aurait déjà été licencié depuis un bon bout de temps.

Que lui reproche-t-on, au-delà des résultats ? Et qui pourrait le remplacer ? Analyse.

Van Holsbeeck l’a encore répété le week-end passé : son président avait annoncé une saison de transition. Il faut donc l’assumer. Le manager estime que son coach ne doit pas payer la note et il signale que les changements d’entraîneur en cours de saison sont de toute façon rarement payants. Mais lorsque la direction discute du cas de Van den Brom, Collin fait remarquer qu’une saison de transition est censée préparer la saison suivante. Et il ne voit pas en quoi l’équipe progresse sur ce plan.

Des jeunes qui régressent

Après Lokeren, Van Holsbeeck a dit :  » Nos jeunes sont stressés.  » Collin, lui, constate qu’ils régressent, qu’ils sont moins bons que l’année dernière. Il s’interroge aussi sur certains transferts, dont celui d’AleksandarMitrovic. Il se souvient qu’après sa toute première apparition, à Zulte Waregem, on en avait fait le nouvel extra-terrestre de notre championnat. Mais pour lui, le Serbe n’a pas encore tout à fait confirmé. A ses yeux, si les jeunes ne s’améliorent plus, Van den Brom a une part de responsabilité.

Autre chose qui l’irrite : l’importance prise par Van den Brom dans le fonctionnement du club. Il rappelle les transferts qui ont été des échecs : Samuel Armenteros, Demy de Zeeuw, voire Bram Nuytinck. Et lors des réunions de la direction, quand certains commentent l’excellent niveau technique et physique du Standard, il rappelle que Van den Brom a viré Mario Innaurato, reconnu comme un crack en préparation physique. Il met aussi le doigt sur le caractère du Hollandais, qui supporte très mal la critique – interne et externe.

Message à VDB :  » Casse ton contrat  »

Pour un entraîneur, la troisième saison à Anderlecht est souvent compliquée – elle avait été fatale à Broos et Vercauteren. On essaie de le faire comprendre à John van den Brom. Avec ce message :  » Ce serait mieux que tu décides de partir.  » Le but est de parvenir à un accord financier à l’amiable. Mais VDB ne partira pas de son plein gré. Et donc, il faudra lui payer sa dernière année de contrat, soit environ un million. Cela ennuie très fort la direction, vu l’état actuel des finances. Pour prendre un exemple : il est prévu d’aménager une tribune autour d’un terrain de Neerpede, une partie des travaux a déjà été faite, mais il faut près de 500.000 euros pour les terminer et le dossier est à l’arrêt.

On estime que c’est trop cher pour le moment. C’est révélateur. Vu le classement actuel, il est fort possible aussi que les recettes d’ici la fin de la saison ne soient pas celles que le club espérait. Les abonnés ont appris la semaine dernière qu’ils auraient droit à une réduction de 10 % par rapport à la saison dernière sur l’abonnement pour les play-offs ( » Abonnés, participez en première ligne au combat pour le titre « ). Un collaborateur nous dit :  » C’est ridicule. Les supporters sont outrés, dégoûtés par ce que l’équipe montre cette saison. On risque de n’avoir que 10.000 personnes dans le stade pour les play-offs. C’est 30 % de ristourne, qu’il faut proposer. Ce serait une façon de remercier ceux qui tiennent le coup depuis le début de la saison.  »

 » Un grand nom étranger  »

Un proche de la direction nous dit que le sort de Van den Brom n’est pas encore définitivement scellé, qu’il pourrait quand même rester si Anderlecht finissait par être champion. Et pour lui, si le Hollandais s’en va,  » la direction frappera un grand coup en allant chercher un coach connu à l’étranger « . Deux noms sont cités : l’Allemand Ralf Rangnick et le Hollandais Martin Jol.

Rangnick, qui a entraîné plusieurs clubs de Bundesliga, est directeur sportif de Salzbourg. Van Holsbeeck le connaît : ils se sont rencontrés deux fois à Londres en 2012, quand il fallait remplacer Ariel Jacobs. Une des raisons pour lesquelles Rangnick avait décliné l’offre était l’âge moyen de l’équipe. Il visait un football basé sur le pressing et la vitesse d’exécution, et il estimait que les cadres étaient trop âgés pour pratiquer ce jeu exigeant. Aujourd’hui, on reparle de lui mais il ne semble pas qu’il y ait unanimité pour le recontacter.

Jol, qui a coaché aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre, a lui aussi déjà figuré sur les listes d’Anderlecht. Cela remonte à plusieurs années, à l’époque du C4 de Vercauteren, mais il garderait une bonne cote. Par rapport à Rangnick, il a l’avantage d’être libre depuis son limogeage par Fulham en décembre dernier. Reste à voir si le comportement très hollandais de Van den Brom ne va pas inciter la direction à changer de nationalité.

Autre outsider étranger : le Portugais Paulo Sousa. Il a fait une fantastique carrière de joueur (Benfica, Sporting Lisbonne, Juventus, Dortmund, Inter), et dans son pays, il est considéré comme un futur très grand coach. Il est actuellement au Maccabi Tel Aviv. C’est Lucien D’Onofrio qui a soufflé son nom. Pas sûr que ça apaise tout le monde…

Collin pro-Dury

Besnik Hasi est chaud. Si on le lui demande, il prend immédiatement la place de Van den Brom. Ce n’est pas la première fois qu’il manifeste son envie de devenir T1. Il a réfléchi dans le passé à une offre de la fédé albanaise et il aurait aimé partir à Malines récemment. Des preuves qu’il n’envisage pas d’être éternellement adjoint. Mais il reste loyal par rapport au Hollandais, personne dans le club ne le soupçonne de vouloir l’éjecter.

A-t-il une chance ? On a l’impression que la seule possibilité, pour lui, serait un C4 de Van den Brom avant la fin de la saison. Dans ce cas, il serait probablement nommé pour les derniers matches. Et à plus long terme s’il faisait ses preuves. Par contre, il semble avoir trop peu d’appui pour être nommé pendant l’été.

On en revient à Philippe Collin. Si ça ne tient qu’à lui, il faut faire le forcing pour débaucher Francky Dury à Zulte Waregem. Ils se sont côtoyés à la Fédération et s’apprécient. Collin est frappé quand il voit, dans de nombreux matches, des Anderlechtois qui ne savent pas quoi faire avec le ballon, qui n’arrivent pas à le sortir proprement de la défense, qui cherchent des solutions mais n’en trouvent pas parce qu’il n’y a pas d’appels, pas d’automatismes. Il constate qu’à Zulte Waregem par exemple, c’est bien mieux huilé, expliqué, répété. Il est pro-Dury pour ses qualités d’homme et ses compétences d’entraîneur. Mais il y a des obstacles à surmonter pour le faire venir à Bruxelles.

Boskamp suggère Maes

D’un point de vue financier, ce ne serait pas simple puisque Dury a signé, il y a quelques mois, un nouveau contrat de dix ans à Zulte Waregem. La somme à débourser sera énorme si les dirigeants flandriens ne collaborent pas. Et rien ne dit qu’ils collaboreraient. Depuis l’affaire ThorganHazard, les relations entre les deux clubs ne sont pas au top. Autre obstacle à un transfert de Dury : Anderlecht ne peut pas se permettre de passer en force. Après le dénouement raté du dossier Hazard, Van Holsbeeck a reconnu qu’il était allé aux limites de l’éthique. Le Sporting oserait-il attaquer une nouvelle fois un concurrent direct de front ?

L’autre piste belge crédible mène à Peter Maes. Lui aussi a un allié : son grand pote JohanBoskamp, qui a gardé ses entrées à Anderlecht. On l’y écoute toujours. Les atouts de Maes : il a un passé mauve, il connaît les exigences de la maison, il sait comment elle fonctionne. On y apprécie beaucoup le boulot qu’il fait à Lokeren. Lui aussi fait pratiquer à son équipe un jeu reconnaissable, comme Dury. Et à l’inverse de Van den Brom. Maes est toutefois encore sous contrat jusqu’en 2016 et, sans citer de montant, la direction waeslandienne signale qu’il faudra mettre le paquet pour le débaucher. C’est déjà ce qui avait refroidi Genk il y a quelques semaines, quand ce club avait pensé à Maes pour remplacer Mario Been. Le nom de HeinVanhaezebrouck circule aussi mais c’est beaucoup moins chaud.

On suit le bourreau Vanaken

Hans Vanaken a buté le week-end dernier contre les Mauves après les avoir déjà tués en mettant deux goals en tout début de saison. Herman Van Holsbeeck a reconnu que c’était un joueur suivi. Après le match de vendredi, Vanaken a donné son analyse :  » D’un côté, il y avait un Lokeren qui construisait du jeu, et de l’autre, un Anderlecht qui balançait des longs ballons…  »

Parmi les autres renforts possibles, il y a toujours Vadis Odjidja qui reste une idée fixe de Van Holsbeeck mais c’est peu probable. Par contre, la piste Thorgan Hazard pourrait être réactivée. Parce qu’à partir de l’été, Anderlecht pourra négocier une location en face à face avec Chelsea, sans plus devoir tenir compte de l’avis de Zulte Waregem. Et aussi parce que Hazard n’aura peut-être plus la même cote qu’il y a deux mois.

Quand il a reçu le Soulier d’Or, il affirmait encore qu’il voulait jouer dans un meilleur championnat dès la saison prochaine. Mais il a du mal à confirmer entre-temps, et à la fin de cette saison, il pourrait être redevenu un joueur du niveau d’un bon club belge, encore trop tendre pour une toute grande compétition. Et a fortiori pour Chelsea.

PAR PIERRE DANVOYE

 » 10 % de réduction pour les abonnés lors des play-offs ? C’est ridicule. Il faut leur donner 30 %.  »

Virer Van den Brom coûterait 1 million. Et il manque déjà de l’argent pour terminer Neerpede…

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