Anelka City

Kevin Keegan dispose d’un budget trois fois supérieur à celui de Lokeren.

Un jour, lors d’une conférence de presse, le légendaire Sir Matt Busby a déclaré :  » Il y a deux équipes à Manchester. Manchester United et les réserves de Manchester United « . C’était dans les années 60, à l’époque de GeorgieBest et de BobbyCharlton, une période où le rouge dominait car le bleu avait dû vendre son meilleur joueur, Dennis Law, au Torino et allait être relégué deux ans plus tard.

Les deux clubs adorent se taquiner. Voici quelques paroles d’une chanson des supporters de City : -W e’ve taken the Kop, we’ve taken the Shed, but what we love best iskicking the Reds «  – le Kop faisant référence à Liverpool, le Shed à Chelsea et les Reds au voisin… à qui on adore botter les fesses.

La ligne de démarcation qui sépare les deux clubs est partiellement sportive, partiellement religieuse. City est anglican. Il a été fondé par le club de cricket local. United a toujours eu un lien avec les Celtes, les catholiques, originaires d’Irlande. De nos jours encore, on retrouve un net ancrage irlandais dans la structure du club.

Si Manchester City est très connu en Angleterre, il n’a plus évolué sur la scène européenne depuis 25 ans et cette fois, il y est parvenu par la petite porte. City a terminé la saison passée, sa première parmi l’élite depuis, à la neuvième place. Il doit sa qualification au trophée du Fair-Play. Il s’est empressé de consentir de gros investissements en joueurs et a déménagé dans un stade flambant neuf.

Pour pouvoir organiser les Jeux du Commonwealth, Manchester a en effet bâti un stade d’une valeur de 200 millions d’euros, un temple qui compte 48.000 places. Afin de le rentabiliser après cet événement unique, on a proposé à Manchester City de troquer le Maine Road, appelé le Wembley du Nord outre-Manche, contre le Manchester Stadium. Cette saison, il accueille en moyenne 46.470 spectateurs. Seuls Newcastle et Manchester United font mieux.

City semble n’éprouver aucun problème à intégrer ses nouveaux joueurs. Kevin Keegan est fermement décidé à aller plus loin avec l’équipe qu’il a reprise en mai 2001. City venait d’être relégué de la Premier League et était en proie à des problèmes financiers, réglés il y a un peu plus d’un an par David Bernstein, un riche homme d’affaires. A cette époque, la dette du club s’élevait à 60 millions de livres, soit 86 millions d’euros. Bernstein s’est rendu en Amérique, où la banque d’investissement Bear Stearns a accepté d’accorder un emprunt de 43 millions d’euros au club, sur base de son énorme potentiel de spectateurs et de ses possibilités commerciales.

Mais Keegan, qui avait déjà conduit Newcastle de la D2 à l’élite de la Premier League au milieu des années 90, avec force transferts, demandait plus d’argent pour renforcer son équipe. Ça a entraîné de sévères divergences de vues avec Bernstein, qui a finalement démissionné en mars dernier. Keegan a obtenu le soutien du principal actionnaire du club, Stephen Boler, qui a fait fortune grâce à l’entrée en Bourse du Limelight Group, une société spécialisée en cuisines et en intérieurs, et qui possède une immense propriété en Afrique, où il s’adonne aux joies du safari.

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Avec la bénédiction de Boler, Keegan s’est donc lancé sur le marché des transferts. Il a choisi le court terme et embauché des trentenaires. David Seaman, qui aura 40 ans vendredi, est venu librement d’Arsenal pour remplacer Peter Schmeichel. Michael Tarnat (ex-Bayern) aura 34 ans en octobre et TrevorSinclair (30 ans) a coûté 3,6 millions d’euros, exigés par West Ham, descendant. Trois jours après ce transfert, Paul Bosvelt (33 ans, Feyenoord) a signé. On ignore le montant de l’opération. En août, King Kev a encore ajouté trois médians à ses emplettes dont Antoine Sibierski (29 ans, Lens) et Claudio Reyna (30 ans, Sunderland). Mais c’est le 30 août que City a fêté son plus gros coup : Steve McManaman a obtenu du Real un transfert libre et il retrouve à City un vieux copain de Liverpool, Robbie Fowler. McManaman a 31 ans.

Sur papier, Keegan n’a pas dépensé plus de 12 millions d’euros cet été – trois fois le budget annuel de Lokeren ! Mais les contrats pèsent évidemment très lourd sur le budget. En plus, Fowler, l’ancien prodige, ne décolle pas du banc, à cause de la pléthore d’attaquants, dont le Costaricain Paulo Wanchope, blessé pendant deux ans et repêché depuis peu, et le petit et vif Shaun Wright-Phillips, le fils adoptif de Ian Wright (ex-Arsenal).

Kevin Keegan compte bien poursuivre sa belle série face aux équipes belges. Avec Liverpool, il a battu le Club Brugeois et comme entraîneur de Newcastle, il s’est imposé avec panache face à l’Antwerp.

Sa défense comporte un solide Chinois, Sun Jihai, et deux Français expérimentés, Sommeil et Distin. Mais l’étoile de City est l’enfant terrible du foot français, Nicolas Anelka. Il n’a encore que 24 ans. Il vient de réaliser un hattrick contre Aston Villa et son passé est déjà imposant. Il s’est successivement produit pour le PSG (10 matches), Arsenal (91), le Real Madrid (33), le PSG à nouveau (54), Liverpool (22) et Manchester City (47). Il compte déjà 20 sélections en équipe nationale, même si ce chapitre s’est refermé en novembre dernier, quand il a refusé une sélection tardive de Jacques Santini, qui devait remplacer Gouvou, l’avant de Lyon, blessé, à l’occasion d’un match amical contre la Yougoslavie. La fédération française s’est empressée de le suspendre pour deux matches internationaux et Anelka a aussitôt annoncé qu’il ne pensait plus à l’équipe hexagonale.

C’est Arsène Wenger qui a attiré Anelka, alors complètement inconnu, à Londres, où il a éclaté. Il a semblé reprendre des couleurs à Liverpool, qui l’a repêché après son aventure ratée en Espagne, jusqu’à ce que GerardHoullier décide, l’été 2002, de ne pas lever l’option qui le liait au PSG. Kevin Keegan s’est précipité avec un contrat. L’entêté Français semble à nouveau capable du meilleur à Manchester City. Il a déjà marqué six buts en autant de matches cette saison.

Keegan aime attaquer, c’est connu. Contre Aston Villa, par exemple, il n’a pu compter sur son régulateur, Paul Bosvelt, revenu du match des Pays-Bas contre la Tchéquie avec une inflammation de l’estomac. Le Hollandais voulait jouer mais Keegan l’a ménagé, lançant pour la première fois McManaman, plus offensif, malgré son manque de rythme. Avec en sus Wanchope, Anelka et Wright-Phillips, l’équipe a perdu son équilibre, mais City s’est quand même imposé 4-1.

Keegan compte bien poursuivre sa belle série face aux équipes belges

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