Andrew Carroll : repris de justice, épris de justesse

En perfide Albion, on ne parle que de lui. Il est dans toutes les pages. Sportives, mondaines mais aussi judiciaires. Plus il dérape dans la vie, plus il file droit sur le terrain. C’est souvent tout droit et sans appel pour ses adversaires. En liberté conditionnelle dans le privé, impossible à priver de liberté sur les pelouses.

Le Magpie Andrew Carroll est un phénomène. Il cherche encore un sens à sa vie d’homme qu’il a déjà trouvé le sens de sa vie de footballeur. Il sait tout faire et il le fait. Dans le pré, sa folie est ordonnée par le ballon, par le devoir de servir les autres, ses coéquipiers et ses supporters. Dans la rue, rien ne met de l’ordre dans sa folie. Servir qui ? Servir quoi ? A son âge, avec sa gueule et son compte en banque, on se sert des offrandes de la vie.

Déjà jugé pour bagarre, il a réussi à convaincre le tribunal que le verre, qui a terminé sa course dans la tronche d’un videur, avait accidentellement quitté sa main. Il s’en tire avec 2.500 livres de dommages et intérêts.

En liberté conditionnelle, on disait, pour violence sur son ex petite amie. Même si on n’y était pas, lamentable, minable. Dernière révélation, une orgie de sexe, d’alcool et… d’autres substances après l’historique derby contre Sunderland. Pour cette dernière escapade, il a dû s’évader. Et oui, depuis un mois, le club l’a placé en garderie chez son coéquipier et complice sur la pelouse Kevin Nolan.

Avec Madame Nolan, c’est 22 h 30 à la maison… et ça marchait.

Presque tout le foot anglais a poussé Fabio Capello à le sélectionner pour le match contre la France.  » Presque  » car certains ne peuvent concevoir qu’un hors-la-loi, un hors la vie, puisse défendre les couleurs nationales. Certains s’offusquent du message envoyé aux jeunes :  » Tu peux mener ou plutôt malmener la vie comme tu veux, tu finiras quand même international anglais.  »

Mouais, les gens qui s’obstinent à vouloir que les footballeurs soient des exemples doivent se réveiller. L’exemplarité du sport et des sportifs n’est plus une évidence, c’est devenu une exception. Et pas toujours de la faute des sportifs. Loin de là. Dans notre monde, tout est marchandise, profits, intérêts. Beaucoup s’offusquent du salaire des footballeurs et autres sportifs mais si on se donne la peine de pousser la réflexion avant l’offuscation, on constate quand même quelque chose de formidable. C’est qui, qui va au turbin, qui offre le spectacle, qui subit des accidents de travail, qui offre des parenthèses enchantées à des vies trop tristes, qui voit le fruit de sa production lui revenir directement ? Hein, c’est qui ? Les footeux sont les derniers ouvriers qui profitent plus de leur production que leur patron…

Tu joues, tu gagnes, jackpot. Et les intermédiaires, les parasites, ceux qui se sucrent, ceux qui salent l’addition, ils le font sur le dos des patrons. C’est pas beau ça ? Dans les stades, on devrait entendre :  » C’est la luuuutte finaaale « ,  » Avanti popolo « , etc.

Evidemment, même dans cette classe-là, il y a différentes classes. Et là on est d’accord, les footeux ne sont pas toujours des exemples. Rappelez-vous, l’affaire Bosman. Ils sont combien à avoir fait un geste pour celui qui leur a transformé la boue en or ? Pas beaucoup. Aussi peu que ceux qui se souviendront des écarts de Carroll s’il fait la différence sur les pelouses. La plus belle preuve est quand même l’appel d’ Arsène Wenger à Don Capello pour qu’il sélectionne le bel Andy.

Wenger, le plus bel exemple de la parfaite perfection de la transmission. Le plus respectable éducateur technique, physique, tactique mais aussi civique qui soit. Chez les Gunners, jamais de vague, c’est du Walt Disney hors des pelouses. Heureusement, dessus, y a des fulgurances à la Tex Avery, c’est pour ça qu’on les aime. Pour leur créativité bien ordonnée qui vire au désordre pour les autres. Et c’est pour cela aussi que même s’il l’apprécie, Wenger ne prendra jamais Andrew Carroll dans son équipe. Faut pas pousser.

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

PAR FREDERIC WASEIGE

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