Anderlecht-Standard, le duel continue

Des deux grands adversaires traditionnels, qui est le plus mal en point ? Anderlecht, qui a vu 15 millions d’euros lui filer sous le nez alors qu’il a une dette de 5,5 millions ? Ou un Standard qui réduit à ce point ses ambitions que ses fans ne se reconnaissent plus dans leurs Rouches ?

Une chose est sûre : les deux souffrent et sans doute que les malheurs de l’un servent de calmant pour l’autre. Jadis ennemis héréditaires, Anderlecht et le Standard s’étaient récemment rapprochés lors d’une trop rapide éclaircie de diplomatie et de fair-play. Mais Roger Vanden Stock et Lucien D’Onofrio se regardent à nouveau en chiens de faïence.

La semaine dernière a rendu un verdict sans appel : pas de phase de groupes en Champions League. Et pourtant, malgré ses limites (un noyau un peu court pour ce niveau et une apathie incompréhensible en première mi-temps), le club champion de Belgique aurait pu passer. Pour cela, l’arbitre écossais Craig Thompson aurait dû valider le but de Romelu Lukaku, annulé pour hors-jeu à la 75e minute alors que c’était 2-2. L’arbitre assistant avait du porridge dans les yeux et a levé son drapeau sans aucun sens. Sans vidéo, l’erreur reste omniprésente… même si on a cinq arbitres sur le terrain.

Une sortie cruelle alors que, pour progresser sur la scène européenne, Anderlecht aurait bien eu besoin de ces 15 millions. Pour bien faire, il devrait se renforcer avec plusieurs meilleurs joueurs. Et admettre qu’il y a peut-être aussi un problème d’entraîneur à ce niveau ? Tout cela étant, Anderlecht n’est pas mort : il peut continuer son aventure continentale en Europa League, une compétition qui n’est pas faite pour les chiens. Demandez à Diego Forlan. En étant positif, avec le Club Bruges et La Gantoise, on constate que trois clubs belges sont dans le cas.

Pendant ce temps, le Standard fait le service minimum. 1-0 contre Courtrai pour éviter la méga crise grâce à un but de Luigi Pieroni sur lequel aucun supporter ne plaçait un euro, c’est symptomatique. On aimerait acquiescer quand la direction Rouche affirme sans sourciller qu’elle est en train de reconstruire une équipe. Mais son coaching fait toujours jaser et jusqu’à la veille de la fin du mercato, le doute restait entier sur la possibilité de renforts. Surtout que pour permettre à un Pieroni de marquer, il faut changer tout le jeu de l’équipe. Au lieu d’être vertical et central, il devrait reposer – plus classiquement – sur le travail de vrais ailiers qui centreraient pour lui. Or là, on est traditionnellement dans une autre logique.

Tout juste accroché au top 6 et sans coupe d’Europe, le Standard a beaucoup de mal à rester crédible. Le travail de reconquête de l’estime du public ne doit plus tarder. Car, dure loi du foot, les fans vivent match par match. Pour eux, le magnifique Académie Robert Louis-Dreyfus n’est qu’un cinq étoiles où ils ne mettront jamais les pieds. Et alors que la direction est légitimement aussi fière d’avoir redressé les finances d’un club qui croulait sous les dettes que d’avoir décroché deux titres de champion, les fans vibrent plus face aux chiffres des classements que des bilans.

Plus encore, le Standard qui jubile d’avoir la plus belle trésorerie de son histoire n’a pas oublié la perspective du nouveau stade qu’il devrait contribuer à ériger. Les deniers publics ne payeront pas tout. Et puis, subsiste toujours la possibilité de devoir rembourser à la famille Louis-Dreyfus tout ou partie du capital que feu RLD avait investi dans le club. Une éventualité qui n’est pas d’actualité mais qui ne peut être écartée. En attendant de voir, Sclessin reste donc assis en bon père de famille sur son trésor de guerre. Et si cela permet aux dirigeants de dormir sur leurs oreilles, cela retourne l’estomac des supporters.

PAR JOHN BAETE

15 millions échappent aux Mauves tandis que le Standard jubile d’avoir la plus belle trésorerie de son histoire.

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