Anderlecht souffre à cause d’un Frutos mal soigné

Jan Hauspie
Jan Hauspie Jan Hauspie is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Anderlecht joue à la roulette russe avec Nicolas Frutos depuis deux ans et demi. L’Argentin est retourné se faire soigner au pays. En Argentine, il n’était pratiquement jamais blessé. Ici ? Sept blessures sous Vercauteren, trois sous Jacobs. L’approche des entraîneurs ne joue pas de rôle. La nourriture, le climat ? Le Sporting affirme avoir tout vérifié.

La raison de ces blessures est peut-être simplement sportive. Anderlecht s’est rendu très dépendant de son avant. Ainsi, Frutos a-t-il accompagné le Sporting au Rapid Vienne la saison passée. En revalidation après une opération au talon, l’avant n’avait pas joué un seul des huit matches de championnat… Il disputa les dix dernières minutes du match en Autriche quand même ! En décembre dernier, un des médecins du club souligna, quand Frutos se blessa en Coupe UEFA contre Tottenham :  » Il n’est pas anormalement fragile mais il a souvent joué alors qu’il était déjà blessé « . Traduction : il a rarement pu mener sa rééducation à terme et a rejoué trop vite, partiellement parce qu’il le voulait et que le staff médical ne parvenait pas à le contrôler.

La condition générale d’un sportif détermine son risque de blessure. Frutos s’est blessé deux mois après son arrivée en Belgique. Depuis, il n’a jamais suivi de rythme d’entraînement normal. Une certitude : depuis deux ans, sa condition est insuffisante, d’autant qu’il n’a pas la réputation d’être une bête d’entraînement. Pour sortir de ce cercle infernal, une issue : repartir à zéro, sans fixer de délai de reprise, en tenant compte du footballeur mais aussi de l’homme, en établissant un programme multidisciplinaire. Reste à savoir si Anderlecht est en mesure d’emprunter cette voie, compte tenu de certains rapports malsains entre les membres du staff médical et un climat de méfiance général. Frutos, qui a pris l’initiative de consulter des médecins en dehors du club, est reparti se faire soigner en Argentine.

On doit évidemment se demander une nouvelle fois si construire son équipe autour d’un joueur disponible quatre matches sur dix est raisonnable ? Dans le monde des affaires, un tel manque de rentabilité vaut tout au plus un contrat à la prestation. Or, le Sporting a reconduit le contrat de Frutos jusqu’en 2012. Avec un salaire brut qu’on suppose flirter avec le million, il est un des joueurs les plus chers de Bruxelles. Son transfert avait coûté quatre millions d’euros fin 2005,… un montant déjà inouï. Anderlecht semble finalement avoir joué au casino avec Frutos. Lundi dernier, le joueur a dit à l’entraîneur :  » Cela ne va plus « . Une semaine plus tard, il s’envolait vers l’Argentine. Nul ne sait pour combien de temps.

JAN HAUSPIE

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