Anderlecht SANS DINDANE

Les vieux observateurs du foot belge vous le confirmeront, jamais Anderlecht n’a vécu une situation comme celle créée la semaine dernière par le refus d’ Aruna Dindane de jouer le match de championnat contre La Gantoise. On se souvient tout juste d’un clash entre le mythique Paul Van Himst en 1975 quand, joueur vieillissant, il refusa de jouer sur le flanc droit en Coupe des Coupes contre Zurich. Mais Dindane, c’est une bombe atomique qui tombe sur le stade Constant Vanden Stock. L’Ivoirien est au sommet de son art, alors que Van Himst n’avait plus que son palmarès à faire valoir. Ce fut d’ailleurs sa dernière saison dans le club de sa vie.

Et ça, alors que tout allait apparemment si bien : l’équipe s’est qualifiée (ou plutôt Aruna a qualifié Anderlecht) pour la Ligue des Champions, les abonnements de la saison se sont vendus comme des petits pains et les dirigeants espèrent que les mini-abonnements pour la Ligue suivront la même tendance. La vitrine européenne est prête et le président Roger Vanden Stock se doit de satisfaire ses clients. Il s’est battu pour que son produit contienne de l’Aruna et n’a aucun intérêt à ce que cet ingrédient vienne à manquer. Sous peine d’être traité de charlatan.

Mais il savait pertinemment bien que la situation serait tendue à partir du moment où, dès la fin de la saison 2002-2003, Aruna n’avait plus qu’un an de contrat et était dans le collimateur d’un Manchester United à l’affût d’une bonne affaire.

Les Mauves firent des pieds et des mains pour qu’il prolonge son contrat avec le club. Evidemment pour pouvoir négocier un transfert plus juteux. Ce qui fut fait pour une période supplémentaire de deux ans, jusqu’à l’été 2006, donc. Le problème des dirigeants anderlechtois, qui eurent des larmes de reconnaissance à l’époque, est û selon Dindane û qu’ils lui firent une promesse ferme. Celle de le laisser partir, moyennant une bonne offre à la fin de son contrat initial, c’est-à-dire avant la fin de ce mercato-ci.

Mais malgré les propositions (on parle de huit millions d’euros de la part de West Bromwich Albion pour Anderlecht et de 1,4 million d’euros net par an pour quatre ans pour le joueur), Dindane n’a pas reçu son bon de sortie. Anderlecht estime son Ivoirien à 12 millions d’euros maintenant, tellement il est important. Mais le joueur est excédé d’attendre une promesse qui ne se réalise pas et décide de ne pas jouer contre Gand.

Formellement, c’est grave. Il s’est mis complètement dans son tort vis-à-vis de son club. Une faute professionnelle qui pourrait lui valoir une suspension (on parle de six mois) si on invitait la FIFA à danser.

Anderlecht a pour lui un contrat en béton qui lie le joueur au club jusqu’en juin 2006. Dindane est convaincu de la mauvaise foi du club et a toutes les apparences contre lui. La situation est complètement pourrie, donc, car on ne voit pas Dindane encore avoir envie de jouer pour Anderlecht… ou alors de faire un effort jusqu’au mercato de janvier Ce serait bien pour le club par rapport à la Ligue des Champions, mais il ne devra plus exiger douze millions d’euros à ce moment-là. Car la fin du contrat du joueur aura encore approché.

Cela dit, on voit mal l’intérêt d’un club de garder encore un joueur contre son gré. Ce n’est jamais à l’occasion de telles démonstrations de force qu’on reconnaît la puissance d’un club, mais plutôt à ses choix de style de jeu, ses résultats et au bonheur que les joueurs y éprouvent.

Quant au joueur, s’il est tellement convaincu qu’on lui a menti au point de ne plus envisager de porter le maillot mauve, il n’a qu’une solution : faire jouer la loi de 1978, casser son contrat et payer à Anderlecht l’équivalent de son salaire jusqu’en juin 2006.

Mais est-ce une solution envisageable alors que son agent est belge ( Serge Trimpont) et serait brûlé sur le marché national s’il privilégiait une telle option ? Ce serait le problème de l’agent, pas du joueur. Et les plus grands supporters des Mauves auraient recours à la Loi de 1978 sur le contrat de travail s’ils pouvaient améliorer leurs conditions professionnelles, non ? Et depuis quand le fait d’appliquer une loi belge n’est-il pas honorable ?

par John Baete

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