ANDERLECHT PEUT-IL GAGNER PLUS QUE DE L’ARGENT EN LIGUE DES CHAMPIONS ?

Chaque semaine, Sport/Foot Magazine pose la question qui fait débat.

Lors de la première journée, à Istanbul contre Galatasaray (1-1), Anderlecht a fait bonne figure mais au match suivant, contre le Borussia Dortmund (0-3), l’énorme différence de qualité entre le ténor allemand et le Sporting a été frappante. Elle a rappelé le 0-5 face au PSG la saison passée, exercice durant lequel le champion de Belgique n’avait gagné qu’un point sur 18 en Ligue des Champions. Que peut attendre le représentant de notre pays au cours de cette édition, alors qu’il doit croiser le fer avec Arsenal à deux reprises et se rendre à Dortmund, entre autres ? Anderlecht a-t-il encore davantage que de l’argent à gagner en Ligue des Champions ?

 » La jeunesse, c’est un leurre  »

 » Je pense que oui « , affirme Aimé Anthuenis, ancien entraîneur des Mauves.  » Ils vont se distinguer dans quelques-uns de ces six matches. Ils ont été à un cheveu d’un résultat fantastique contre Galatasaray. Emarger à l’élite est un grand honneur qu’il convient de savourer. Tout le monde sait qu’il y a une grosse différence de moyens par rapport aux grands clubs européens. Une élimination ne constitue pas une honte tandis qu’une surprise suscite un large intérêt international. En 2000-01, nous avions terminé premiers d’une poule rassemblant Manchester United, le PSV et le Dinamo Kiev mais n’oubliez pas que nous avions entamé la campagne par une défaite 5-1 à Manchester et que nous pensions la même chose que maintenant : la Ligue des Champions, c’est bien beau mais c’est trop relevé pour nous. Pourtant, nous avions gagné le match retour 2-1, tout comme nos autres matches à domicile d’ailleurs, atteignant dès lors la deuxième phase des poules qui était encore en vigueur à cette époque.

On peut parfois encaisser un 0-3 face à une équipe allemande mais il ne faut pas perdre trois matches par trois ou quatre buts de différence, sous peine de prendre un coup de bambou et de perdre son assurance. Je dois dire que l’équipe d’alors avait une classe de plus, à tous les niveaux, que l’actuelle. Il devient de plus en plus difficile de former une bonne équipe. Dès qu’un joueur sort du lot, il devient impossible de le retenir. Par rapport à la saison dernière, Anderlecht a surtout amélioré sa phalange grâce à l’arrivée d’une figure centrale, Steven Defour. Il vaut mieux acheter un tout bon que sept moyens. Anderlecht a toujours eu de bons avants, des finisseurs mais pour le moment, AleksandarMitrovic n’est pas en forme. Compte tenu de son âge, il va la retrouver.

Ceci dit, Anderlecht avance toujours un argument que je trouve très relatif : il aligne une très jeune équipe. Il n’a aucune garantie que ces joueurs seront nettement meilleurs dans deux ans. Je connais beaucoup de jeunes talents qui ne sont jamais devenus des ténors et certains qui ont même régressé.  »

 » L’argent ne détermine pas tout  »

Thomas Buffel a participé à la campagne européenne de Genk il y a trois ans. Il a encaissé deux uppercuts à Valence (7-0) et à Chelsea (5-0). Les clubs belges ont-ils toujours leur place à ce niveau ? Faudrait-il imposer des critères de sélection plus stricts ? L’UEFA doit-elle modifier son concept ?  » Je n’en sais rien « , répond Buffel.  » L’argent ne détermine pas tout en football. Le petit poucet a toujours une chance de gagner et c’est ce qui fait la beauté du sport. N’oubliez pas qu’en 2011, Genk a réalisé des matches nuls à domicile contre Chelsea et Valence. C’étaient quand même des bons moments. Une équipe belge doit pouvoir aligner ses onze meilleurs éléments pour être en mesure de réussir quelque chose. Ce n’était pas notre cas à Valence et à Chelsea. C’est la largeur du noyau qui détermine jusqu’où on peut aller et là, évidemment, on en revient aux budgets.

Je trouve qu’Anderlecht possède une équipe capable de mener la vie dure aux autres en Ligue des Champions. Mati Suarez, plus DennisPraet, YouriTielemans et StevenDefour dans l’entrejeu, ça fait beaucoup d’intelligence et de bagage footballistique. Dortmund a un abattage considérable, c’est aussi une qualité. Il a plus de joueurs démarqués en possession du ballon et quand il le perd, il exerce plus de pression sur celui qui l’a. Quoi qu’il en soit, nous devons être fiers d’être représentés en Ligue des Champions car beaucoup de pays ne le sont pas. Il faut profiter de matches à Arsenal et à Dortmund. Prendre une claque à ce niveau n’est pas si grave. C’est une école qui doit permettre aux joueurs de s’améliorer, surtout les jeunes, et à l’équipe de progresser en championnat. Nous avons joué contre le Sporting il y a peu et j’ai senti qu’il avait été confronté à un autre rythme en Ligue des Champions, qu’il s’était accoutumé à une vitesse d’exécution plus élevée.  »

 » Pourquoi l’équipe s’éteint-elle après une heure ?  »

Pour être plus performant en Ligue des Champions, le Sporting doit changer de mentalité, d’après Nordin Jbari, consultant de Proximus TV et de la RTBF.  » A Galatasaray, Anderlecht a montré des qualités. Tout le monde a trouvé qu’il avait bien joué en Turquie mais pourquoi n’a-t-il pas gagné ? « , s’interroge l’ancien attaquant, qui s’est produit, entre autres, pour Anderlecht, Gand et le Club Bruges.  » Parce qu’il était mort après une heure. Son problème était physique. Anderlecht est prêt, physiquement, pour le championnat de Belgique mais pas pour la Ligue des Champions. Pour avoir une chance de survivre à la phase par poules, il faut une longue préparation physique, effectuée en fonction de cette compétition. Pour cela, il faut que la direction et le staff aient un déclic. Anderlecht aime être le king en Belgique mais s’il veut représenter quelque chose en Ligue des Champions, il doit s’y préparer convenablement. Ça peut lui coûter des points en championnat pendant les premiers mois mais ce n’est pas un problème : la saison passée, il a perdu dix matches mais il a été champion grâce aux play-offs.

Pour avoir une chance de gagner contre une grande équipe, il faut être à 200 %. Voyez comment le PSG, qui est un ténor, a battu Barcelone : ses joueurs ont couru comme des fous. CarlosMarquinhos, JavierPastore, EdinsonCavani… J’aime le beau football mais pour le développer, il faut être prêt physiquement. Aleksandar Mitrovic possède les qualités requises pour être le meilleur buteur de Belgique. Pourquoi ne l’est-il pas ? Parce qu’il n’est pas au point physiquement. C’est sa faute et celle du club, qui le tolère au lieu de le faire travailler individuellement. Un Mitrovic affûté aurait sans doute converti son occasion de but à Galatasaray et Anderlecht aurait deux points de plus, ainsi que beaucoup d’argent.  »

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE

 » La Ligue des Champions doit être une plate-forme pour améliorer les jeunes.  » Thomas Buffel

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