Anderlecht bruxelles-t-il encore ?

Interrogé par Sport/Foot Magazine concernant son amour pour Anderlecht, l’attaquant vedette des Mauves durant la fin des années 60 début 70, Jan Mulder, expliquait joliment :  » Anderlecht, c’est davantage Neerpede que Bruxelles. Anderlecht, c’est la Place de Linde et pas la Place de Brouckère.  » Et pourtant, on note une très faible représentation d’Anderlechtois dans les travées du Parc Astrid alors que la commune compte environ 100.000 habitants.

Le bourgmestre, Gaëtan Van Goidsenhoven, avance une explication :  » Une partie de la population bruxelloise s’est paupérisée. Et ma commune n’y a pas échappé. Peut-être que les gens préfèrent réduire les coûts et regarder les rencontres sur Belgacom TV dans les cafés aux alentours du stade. Et puis, c’est bien connu, quand on habite près d’un théâtre, on ne s’y déplace pas. On vit avec, mais on n’y va pas. Bruxelles offre aussi une quantité de loisirs, il faut faire des choix. Dans les grandes villes, le renouvellement de la population est rapide, les gens changent de commune, s’installent à la campagne, ils ne restent pas liés indéfiniment à un endroit comme avant. Je crois toutefois que l’Anderlechtois reste très attaché au club et à son image. Au niveau communal, on reste indépendant du club, il n’y a pas d’interactions comme on en a connues à Mouscron par exemple. On collabore à des actions comme la journée portes ouvertes, on met à la disposition du club le service propreté, la police, etc. mais cela s’arrête là. On a également acheté 120 places dans le stade que l’on distribue à des écoles ou des associations anderlecthoises.  »

Au-delà de la commune, c’est tout Bruxelles qui déserte le stade Constant Vanden Stock. Chef de groupe au conseil communal de Woluwe-Saint-Lambert, Michel Lemaire est abonné depuis 37 ans en tribune officielle. Il a suivi l’évolution du public mauve :  » Bruxelles est une ville très hétérogène. Sa population est amoureuse du foot mais ne va pas facilement au stade. C’est une population multiculturelle mais c’est vrai qu’on rencontre, par exemple, très peu de supporters d’origine immigrée à Anderlecht. Je crois qu’ Herman Van Holsbeeck fait montre d’ouverture sur le sujet, qu’il est conscient du problème et qu’il veut y remédier. Certes, des personnes comme Michel Verschueren, Van Holsbeeck, maintenant David Steegen, sont plutôt Bruxellois flamands, mais je ne pense pas qu’ils soient habités par un sentiment d’appartenance.  »

 » Le Sporting tente de conserver son image belge mais aussi bruxelloise « , poursuit Jean-Marc Ghéraille (journaliste à La Capitale).  » Et pourtant, des Bruxellois il n’y en a plus beaucoup. D’ailleurs on peut se demander s’ils vont encore au football, au vu des assistances moyennes du Brussels (1.500 à 2.000 personnes), de l’Union (800 personnes) et du White Star (200 personnes).

Jean-Michel De Waele (sociologue) :  » Anderlecht perd de plus en plus son identité bruxelloise. L’absence en tribunes de population immigrée et cosmopolite est flagrante. La seule réalité bruxelloise au stade, ce sont aujourd’hui les fonctionnaires européens. Comment le club peut-il se dire bruxellois et se couper autant de sa population ? »

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