» Anderlecht a empêché Jef Mermans de faire fortune ! »

Pierre Bilic

 » Le passage de Romelu Lukaku à Chelsea a rappelé des transferts de quelques joueurs anderlechtois vers de grands clubs : Ludo Coeck à l’Inter Milan, Juan Lozano au Real Madrid, Enzo Scifo à l’Inter lui aussi, Jan Koller à Dortmund, etc. Mais aucun Anderlechtois n’a jamais autant attiré le regard du gotha européen que Jef Mermans. Même si le temps a gommé son souvenir, il a assumé un rôle essentiel dans l’histoire du Sporting. Né le 16 février 1922 à Merksem et décédé en 1996, le Bombardier signa sa première carte d’affiliation en 1932 à Tubantia Borgerhout. Le Beerschot et l’Antwerp rêvaient de l’engager mais Tubantia (D2) le céda à Anderlecht en 1942 pour un montant record pour l’époque : 3.125 euros ! Les Bruxellois l’alignèrent lors du dernier match de la saison 1941-1942 (Anderlecht-Gand 6-0, trois buts de Mermans) et, comme il ne pouvait pas jouer pour eux avant la saison suivante, ils perdirent 0-5 sur le tapis vert. Pourtant, quand Mermans s’était présenté au Parc Astrid pour son premier match, les contrôleurs refusèrent de le laisser entrer : inconnu au bataillon…

Cet hyper doué a lancé Anderlecht vers son destin. Buteur exceptionnel, Mermans marquait comme il respirait, excellait dans le jeu aérien et sa frappe était terrible mais il innova aussi en reculant dans le jeu. Comme tous les jeunes d’Anderlecht, je l’adulais. Nous avions parfois la chance d’observer un entraînement de la première et Mermans me serra un jour la pince en quittant le terrain : – Ça va ketje ? Je n’ai plus lavé cette main durant une semaine. Mermans a décroché sept titres avec les Mauves (1947, 1948, 1950, 1951, 1954, 1955, 1956), fut meilleur buteur de D1 en 1947 (39 buts), 1948 (23 buts) et 1950 (37 buts), 56 fois Diable Rouge, etc. Il était le meilleur attaquant de son époque avec le Suédois de l’AC Milan, Gunnar Nordhal, papa de Tom qui joua à Anderlecht.

Arsenal, Torino, le Real Madrid, Atalanta Bergame, le Racing Paris, Arsenal, Lazio Rome et tant d’autres clubs lui proposèrent des montagnes d’argent, des appartements de rêve, des limousines et une fortune à son club. Albert Roosens repoussa toutes les offres. C’était compréhensible : son équipe aurait été décapitée sans son Bombardier. Anderlecht adulait Mermans mais l’a empêché de faire fortune car il serait devenu millionnaire à l’étranger. A 35 ans, il est parti gratuitement (pour services rendus !) à Merksem et a terminé sa vie professionnelle comme… gardien de cimetière dans sa région ! On ne parlait pas encore de l’Arrêt Bosman : les Mermans d’aujourd’hui roulent sur l’or. « 

PIERRE BILIC

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