Son contrat prend bientôt fin mais le Norvégien n’a pas encore eu de nouvelles de Bruges.

Ceux qui soutiennent que Rune Lange (28 ans) est un footballeur limité risquent de tomber à court d’arguments. Même avec le dos abîmé et sur une jambe, le Norvégien a rendu de précieux services au Club Bruges. Il y a deux ans, quand il s’est rétabli d’une délicate opération au dos, qui l’exposait à l’invalidité et donc à l’abandon de sa carrière, il a retrouvé le chemin des filets comme si de rien n’était. Deux buts contre Westerlo, deux contre Mouscron et un contre le Celta Vigo, l’Ajax et le Lierse. Maintenant, après son opération à la cheville, c’est pareil. Cinq buts en deux matches avec la Réserve, un goal contre Zulte Waregem et un autre contre La Louvière, en deux entrées au jeu, le tout sans Trond Sollied.

 » Je ne pense pas avoir joué grâce à Trond mais plutôt parce que j’apportais quelque chose à l’équipe, que je marquais, créais des espaces pour les autres et leur offrais des occasions. Trond n’a pas été le seul entraîneur de ma carrière. Nous verrons comment les prochains mois vont se passer mais je ne pense pas que l’identité de l’entraîneur change quelque chose pour moi. Je ne comprends pas ceux qui se l’imaginent. Je ne pourrais plus jouer parce que Trond est parti ? En plus, nous appliquons pratiquement le même système qu’avec lui. Je ne vois pas où se situe le problème. La façon dont on applique le dispositif dépend des éléments dont on dispose mais je ne décèle pas de différence de qualité par rapport à l’exercice précédent. Les joueurs sont plus libres maintenant mais de quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que la créativité ? Selon moi, c’est l’aptitude à se créer des occasions et à marquer. C’est bien ça, le football, non ? On peut discuter de style, on peut être pour ou contre quelqu’un mais moi, je ne tiens compte que des faits. Au vu du nombre de buts que je marque par rapport aux matches joués, je peux présenter un excellent CV.

En principe, nous avons gaspillé trop de points pour briguer à nouveau le titre mais comme les autres ont fait pareil, nous conservons une chance. Pour cela, nous devons extirper les fautes de notre jeu. Il m’est difficile de porter un jugement. J’ai été longtemps blessé, je ne me suis pas entraîné pendant les premiers mois, pas plus que je n’ai participé au stage. Je n’ai pas été en contact avec l’équipe, je n’ai pas assisté à tous ses matches. Dans ceux que j’ai vus, les gardiens, Tomislav Butina et Stijn Stijnen, ont souvent été les hommes en vue. J’ai constaté que nous ne nous sommes pas créé beaucoup d’occasions et que nous avons concédé plus de buts que d’habitude. Un des motifs peut être le départ de nombreux joueurs mais ce n’est pas une excuse. Cela dit, je constate peu de différence de qualité. Le fait que le staff aussi ait bénéficié de sang neuf est tout à fait positif « .

D’autres chaussures

Pour la deuxième fois en trois ans, Rune Lange est arrivé blessé à la reprise des entraînements. La première fois, il souffrait du dos. Puis, c’est la cheville droite qui l’a tracassé.  » Ce handicap datait de février dernier. J’ai ressenti une douleur dans le pied droit après le derby contre le Cercle. Ma jambe était bleue, à cause d’un saignement interne. Je ne me suis plus entraîné à fond jusqu’à la fin du championnat. Après une rencontre, je ne pouvais plus rien faire pendant deux ou trois jours. Je ne reprenais l’entraînement qu’à l’approche du match suivant. Je souffrais beaucoup, sans qu’on en trouve la cause. C’était une blessure étrange, peut-être due à mes chaussures. Je joue maintenant avec un autre modèle.

La phase finale de la saison a été lourde, avec la lutte pour le titre et la Coupe de Belgique. Nous n’avions pas assez de temps de récupération. J’en ai payé le tribut. En été, en effectuant mon programme de course individuel à Tromso, j’ai brusquement ressenti une douleur dans la cheville, à l’endroit qui était bleu depuis février. J’ai pensé à une élongation, voire à une déchirure, mais trois ou quatre jours plus tard, je pouvais courir sans problème. Ma condition était d’ailleurs bonne à mon retour à Bruges. Je pense même avoir été le meilleur dans les tests d’endurance. En revanche, les déplacements latéraux me posaient problème. Un examen a révélé que le muscle qui court le long du tibia pour passer sous la cheville était déchiré. Continuer à jouer malgré la blessure l’avait affaibli. J’ai été opéré : 53 points de suture, 30 à la cheville, 23 au pied. Après coup, je me dis que j’aurais mieux fait d’observer une période de repos au lieu de serrer les dents et d’avaler des pilules même si je ne voulais pas manquer tous ces matches importants.

Je suis désormais rétabli. Je peux jouer l’intégralité d’un match sans problème mais l’opération et le plâtre m’ont fait perdre de la masse musculaire. Ma cheville droite et les muscles avoisinants n’ont pas encore recouvré toute leur force. Ma détente n’est pas encore optimale. La cheville reste raide, je ne peux pas encore l’étirer comme il le faudrait. Cependant, avec un tape et un bon échauffement, ça va.

Comme je me suis entraîné trop dur pendant ma rééducation, cumulant les séances avec le groupe et les entraînements individuels pour rattraper mon retard, j’ai souffert d’une surcharge de la cheville et du tendon d’Achille. Les deux dernières semaines, j’ai donc dû lever le pied et diminuer l’intensité des séances de renforcement des muscles touchés. J’espère qu’en janvier, tout sera rentré en ordre.

Je me rends chaque jour à l’entraînement avec plaisir. Je veux être à nouveau titulaire car entrer au jeu et faire ses preuves en quelques minutes n’est pas évident. Bien sûr, cette décision revient à l’entraîneur. Je fais de mon mieux et j’essaie de saisir ma chance quand elle se présente. Je me fixe là-dessus.

Parfois, mon dos est encore raide, sans que ce soit un handicap. Je dois bien faire mes étirements. Cette hernie m’a fait perdre du temps. Sans elle, j’aurais progressé nettement plus. Tout le monde souhaite jouer sans douleur ni blessure mais bon, c’est impossible en football. C’est un sport de contacts, on s’entraîne dur, les matches se jouent au couteau. Peu de joueurs parviennent à vivre une année sans le moindre pépin physique. La saison passée, personne n’a été épargné à Bruges, si mes souvenirs sont bons.

Une carrière est courte, la concurrence intense. On ne veut donc pas être sur la touche, surtout que c’est un beau sport. On gagne moins quand on n’est pas sur le terrain et l’argent joue évidemment un rôle, mais c’est surtout le plaisir de jouer que je regrette quand je suis out. J’espère ne pas regretter, plus tard, d’avoir si souvent persévéré malgré mes blessures et avalé des anti-douleurs et des anti-inflammatoires. Je n’ai pas rendu service à mon corps, je le sais. Quoi qu’il en soit, je devrai vivre avec les conséquences de mes décisions. Comme on ne peut pas changer le passé, autant l’accepter « .

Les belles années arrivent

Son contrat expire en fin de saison. Le Club ne s’est pas encore manifesté, contrairement à Valerengen, Lilleström, Rosenborg et Tromso.  » Je pense que ma carrière s’achèvera en Norvège mais j’espère bien jouer encore six ans, sans grave blessure. Donc, je me demande si retourner au pays n’est pas prématuré. Je suis assailli de doutes. Peut-être dois-je attendre encore quelques années. Je n’ai encore pris aucune décision, tout reste ouvert. Il est difficile de prévoir quoi que ce soit en football. Qui sait ? Peut-être achèverai-je ma carrière sur un autre continent ? C’est aussi une option mais pas encore maintenant. Je veux en tout cas rejoindre un club qui me veut vraiment, qui a une assistance nombreuse, une bonne ambiance et où je peux relever un défi.

Je n’ai pas encore eu de nouvelles de Bruges. J’ignore ce que la direction pense. Quand je vois Marc Degryse, nous discutons d’autres choses. De ma blessure, des matches. Je n’attends rien de plus et je ne trouve pas non plus que je doive prendre l’initiative de parler de ça. Si le Club s’intéresse encore à moi, il me le fera savoir. J’ai 28 ans, j’entame sans doute mes plus belles années et je ne redoute certainement pas de me retrouver sans club cet été. Le seul aspect négatif de ma situation, c’est que j’ignore où je vais vivre. C’est pour ça que je veux un contrat de plus d’un an. Chaque année, aux alentours de la Noël, je me demande ce que je ferai l’été suivant. C’est lassant. Je veux pouvoir m’installer, être sûr de ce que je ferai dans les années à venir.

Cette incertitude ne me ronge pas. Je demeure serein. Je me focalise sur mon retour car être libre de transfert n’est une situation confortable que quand on est en bonne santé, qu’on joue bien et régulièrement. C’est ma priorité. Avant de briguer quelque chose de nouveau, je dois être fit et acquérir du rythme. Nous verrons bien ce qui arrivera mais je ne me mets pas la pression d’ici le Nouvel An « .

CHRISTIAN VANDENABEELE

 » C’EST QUOI, LA CRÉATIVITÉ ? SELON MOI, C’EST L’APTITUDE À SE CRÉER DES OCCASIONS ET À MARQUER  »

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