Amoureux de la mentalité belge

Avec ses fines lunettes, sa chevelure méchamment grisonnante et sa moustache abondante, Sef Vergoossen cultive le look de l’anti-star. Les observateurs hollandais ont longtemps affirmé qu’il était trop gentleman et ne possédait qu’une culture footballistique limitée. Il était tellement discret, que les mêmes personnes ne l’imaginaient pas réussir dans un de leurs trois grands clubs: l’Ajax, le PSV ou Feyenoord.

Vergoossen leur répond de façon tranchée: « Ne vous en faites pas pour moi. Ne croyez surtout pas que je rêve d’entraîner une grande équipe hollandaise. Mon rêve, c’est Genk ». Un jour, il reçut d’ailleurs une offre de l’Ajax, mais il venait de signer au MVV Maastricht et n’imagina pas une seconde de revenir sur son engagement. A ses compatriotes qui s’interrogeaient sur ses motivations lorsqu’il signa au Racing, il répondit que, Genk, c’était le Schalke 04 belge: la même ambition, la même ferveur populaire. Il ajouta qu’il venait de s’engager dans un tout grand club. « Et j’ai découvert des conditions de travail idéales. Si on me demande ce qu’on peut encore améliorer dans ce club, je dois réfléchir longtemps. Manchester, Milan ou Anderlecht ne sont pas mieux équipés ».

A la limite, on pourrait croire que Vergoossen était dégoûté de travailler dans son pays. « A Genk, le foot est encore une fête, une vraie. Alors qu’aux Pays-Bas ou même en Allemagne, un match s’assimile simplement à une compétition sportive. Là-bas, je ne vois pas de baraques à frites à l’approche des stades, pas de cafés remplis à ras bords avant et après les matches. En Hollande, le supporter moyen prend sa douche à 18 heures, passe à table à 19 heures, puis se rend au stade et s’installe à sa place dix minutes avant le coup d’envoi. Ici, les supporters vivent avec leur équipe plusieurs heures à l’avance. Mais surtout, les joueurs belges comprennent mieux et plus vite leurs obligations professionnelles que les Hollandais. Je l’avais déjà remarqué à Roda. Ce n’est pas un hasard si j’avais tenu à travailler avec plusieurs joueurs belges là-bas: Bob Peeters, Tom Soetaers, Joos Valgaeren, Stefan Van der Heyden, Kevin Van Dessel. Ils n’étaient pas trop chers, mais ce n’était pas la première raison pour laquelle je les voulais dans mon noyau. A Roda, je devais me battre tous les jours, aidé par le staff technique et l’équipe médicale, pour faire entrer dans la tête de mes joueurs hollandais qu’ils devaient être plus pros. Je ne pouvais leur laisser qu’un minimum de liberté ».

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