Ambitions en herbe

Les Diables Rouges méritent une autre pelouse pour préparer la Coupe du Monde.

La qualification des Diables Rouges pour la phase finale de la Coupe du Monde ne peut surtout pas être l’arbre qui cache la forêt. Le centre national de Tubize ou les initiatives régionales de foot-études sont des pas dans la bonne direction mais quand on apprend que c’est presque la dispute entre membres du Comité Exécutif pour monter dans l’appareil qui s’envolera pour le Japon en mai prochain, on s’interroge. Cela risque de coûter quelques millions à la fédération, donc aux clubs dont beaucoup sont dans le rouge. Au lieu de « grenouiller » pour un billet d’avion, certains auraient dû s’inquiéter un peu plus quant à l’état de la pelouse du Stade Roi Baudouin. Les jardiniers de la Ville de Bruxelles, propriétaire du stade, ont du boulot…

Mpenza-Sonck: essai reporté.

Après le match, comme Jan Peeters l’a fait, c’est trop tard pour rouspéter. Le plaisir de jouer était forcément limité sur une telle pelouse. Or, un début de campagne de préparation est important. La gadoue, la pelouse qui se dérobe, la tenue de route très difficile (un Norvégien s’est même gravement blessé au genou en tombant tout seul)…, impossible de poser le jeu: tout cela aurait pu déconcentrer les Diables. Il n’en fut rien, heureusement. Une défaite et c’était déjà la porte ouverte aux doutes. Les Belges n’ont pas été géniaux, loin de là, mais ils ont eu le mérite de rester concentrés jusqu’à la fin de la rencontre. L’absence d’Emile Mpenza a été regrettée. Sans lui, l’attaque manque de piment.

Wesley Sonck se débrouille mais n’est pas encore assez présent. Le Soulier d’Or a besoin de temps et ne joue pas en Bundesliga. L’expérience d’un duo Emile Mpenza-Wesley Sonck est remise à plus tard. Raymond Goethals prétend qu’ils ne sont pas tout à fait complémentaires. Le Sorcier bruxellois estime probablement que le meilleur buteur de D1 a besoin d’une tour à la Moumouni Dagano près de lui. Pas sûr car si Emile est d’abord un joueur de rupture, Sonck surgit plus de la deuxième ligne et sait offrir de bons assists à ses équipiers. Robert Waseige lancera sans aucun doute ce duo à la prochaine occasion: n’est-ce donc pas à cela que servent les matches amicaux? Et si la sauce prend, la Belgique aura trouvé une attaque pour quelques années. Si ce n’est pas le cas, il faudra improviser en avançant le méritant Gert Verheyen, Marc Wilmots ou Mbo Mpenza s’il retrouve la cadence à Mouscron.

Cela dit, les meilleurs joueurs belges de cette soirée norvégienne militent à l’étranger. Geert De Vlieger (Willem II) signa un match parfait et une parade de grande classe avant la pause citron. Il a acquis du métier, de la maturité, de la présence et rassure parfaitement sa défense. Petit à petit, sans faire de bruit, De Vlieger s’inscrit dans la lignée des très bons portiers de chez nous. Il a dû s’exporter pour en arriver là.

Devant lui, Daniel Van Buyten n’avait plus joué en équipe nationale depuis son fameux but d’Edimbourg. Big Dan s’est installé au centre de la défense comme s’il y avait toujours vécu. C’est un des effets positifs de ses aventures marseillaises. Là, pour jouer, plaire au public et à Bernard Tapie, il faut être fort dans sa tête. Daniel Van Buyten l’est et a été aussi à l’aise avec Eric Van Meir qu’avec Philippe Clément en deuxième mi-temps. Le Marseillais n’a pas cherché à séduire à tout prix, à marquer des points sur la route de l’Asie. Sa sérénité était, de loin, la meilleure façon de défendre sa cause. Il s’adapta tout de suite à l’état de la pelouse, joua simplement et s’en tira bien face à celui qui fut probablement le meilleur joueur du match: l’immense John Carew.

Si on cherche un duo d’attaque, l’axe défensif est aussi sujet à réflexion intéressante avec des variantes. Joos Valgaeren y apporte sa vitesse et c’est pour ça que Robert Waseige regrettait son absence et craint comme la peste qu’il ne soit opére (pubalgie) et fasse une croix sur la Coupe du Monde. Valgaeren est complémentaire avec tout le monde en défense. Au centre, le Mage peut aussi compter sur Glen De Boeck et Philippe Clément (le duo de Prague): il y a du monde dans ce secteur. Nico Van Kerckhoven a été solide au flanc gauche et on notera la bonne rentrée au jeu de Bart Goor plus décisif dans ses raids en profondeur que Danny Boffin. Le Berlinois inquiéta le gardien adverse, réalisa l’assist sur le but de Stefaan Tanghe en rabattant de la tête un centre de Gert Verheyen. Il est vrai que les joueurs étaient fatiqués et qu’il y avait plus d’espace entre les lignes en fin de match.

Un pèse-bébé pour Boffin?

Marc Wilmots fut égal à lui-même: bosseur. On attendait la prestation de Walter Baseggio avec curiosité. Bilan: un début timide cantonné dans sa zone, libération du geste au fil de la rencontre. Il a encore besoin de rôder les mécanismes avec Timmy Simons. A deux, s’ils y arrivent, Timmy et Walter peuvent valoir leur pesant d’or à l’avenir.

A propos de poids, les Diables Rouges ont déjà subi quelques tests physiques avant Belgique-Norvège. Coup d’oeil vers Eric Van Meir, un des « gros » du Standard. Pas de problème pour Robert Waseige qui n’a fait peser personne: « Dans le cas contraire, j’aurais dû prévoir un pèse-bébé pour Danny Boffin ». Un clin d’oeil qui résume la bonne ambiance qui règne au sein de l’équipe nationale. Celle-ci jouera en Grèce dans un mois: attention au terrain… sec.

Pierre Bilic, ,

Dia 1

De Vlieger n’a pas commis une seule erreur.

Le Comité Exécutif se dispute les billets d’avion pour l’Asie.

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