Allumez LE FEU !

Après le choc de ce soir en finale de la Ligue des Champions (Liverpool-Milan), place à nouveau au foot belge pour une dizaine de jours de folie. Jeudi soir, Standard-Genk en barrage pour la troisième place. Dimanche, finale de la Coupe de Belgique Bruges- G. Beerschot, puis deuxième manche Genk-Standard. Et le samedi suivant, ce sera un autre rendez-vous décisif, pour nos Diables sur les terres de la Serbie & Monténégro. On a connu des fins de saison moins chahutées !

Ne pas se retrouver automatiquement en Coupe d’Europe après avoir arraché 70 points (40 sur 51 au deuxième tour !), c’est un fait unique dans l’histoire de notre foot. Une première dont Liégeois et Genkois se seraient bien passés. Les joueurs, entraîneurs, dirigeants et supporters de ces deux clubs ont tout connu en l’espace d’une semaine. Au soir de la 33e journée, on pleurait à Genk (le président Jos Vaessen avoua qu’il faisait une croix sur l’UEFA) pendant que les supporters faisaient la fête sur le terrain de Sclessin dans une joyeuse ambiance de fin d’examens. Mais il devait être écrit que l’on ne vivrait pas un championnat comme les autres. Samedi dernier, les rires étaient dans le vestiaire de Genk et les larmes dans celui du Standard, étonnamment passif à Ostende, où les Rouches se souvenaient avec une infinie tristesse qu’il n’y a pas si longtemps, ils rêvaient encore d’un barrage face à Anderlecht pour une qualification… en Ligue des Champions.

Ce double match de barrage, c’est du pain bénit pour le héros malheureux de la Côte : Sergio Conceiçao y a raté un vrai penalty européen à quelques secondes de la fin. On imagine qu’il ne sera plus chez nous en août, et une chose est sûre : l’artiste portugais ne mérite pas de rater ainsi sa sortie. Il avait déjà dilapidé une partie des chances européennes du Standard en loupant son tir au but contre Charleroi en Coupe de Belgique ; ce serait trop injuste qu’on lui impute un nouvel échec suite à son raté ostendais. Son visage après cet envoi manqué valait tous les discours : les yeux noirs comme jais et comme jamais, le beau Sergio a démontré qu’il était impliqué à fond dans le projet Standard. On a vu des regards moins marqués à la sortie du vestiaire de La Louvière, samedi après la débâcle au Lierse : les amis d’ AlbertCartier ont balancé ce match après l’annonce du coach français qu’il ne prolongerait pas au Tivoli. Lamentable.

Un autre Standardman prépare les tests matches avec un soin tout particulier : pour un Cédric Roussel revenu à son meilleur niveau, c’est une occasion en or de peler son £uf avec la direction de Genk et René Vandereycken, qui l’avaient û de façon incompréhensible û barré de leurs plans. En 180 minutes, le géant de Bray peut sauver sa saison et rappeler à Aimé Anthuenis qu’il vit toujours.

Tiens, parlons-en de Vandereycken et d’Anthuenis. Voilà deux coaches qui vont jouer gros dans les prochains jours. René Béton sait à quoi s’en tenir : si Genk ne se qualifie pas pour l’UEFA, il pourra décamper. Idem û on suppose û pour Anthuenis : une défaite à Belgrade et la Belgique pourra oublier le Mondial 2006, avec tout ce que cela sous-entend au niveau du poste d’entraîneur. A Genk, Jos Vaessen reproche à Vandereycken de prôner un football trop frileux. Comment réagira-t-il dimanche soir si son équipe est battue par le Standard après avoir assuré sa part de spectacle ? Que dira-t-il si Genk se place pour l’UEFA après avoir anesthésié le show ? On est curieux d’entendre. L’homme a-t-il oublié qu’une association Cédric Roussel- KevinVandenbergh aurait pu enflammer son public û sympathique mais critique û aujourd’hui sevré d’émotions fortes ?

Le résultat du double barrage pourrait en tout cas reconditionner le puzzle des coaches de notre D1. Quel sera le raisonnement au Standard en cas de qualification ? Estimerait-on que l’on a désormais les fonds nécessaires (la participation aux poules de l’UEFA, cette saison, a rapporté très gros) pour racheter le contrat de Trond Sollied à Bruges ou celui d’ Eric Gerets à Wolfsburg ? Essayerait-on de persuader Dominique D’Onofrio qu’il doit rester une année de plus, en attendant l’arrivée de l’un de ces deux coaches ?

Le Standard et Genk reçoivent en tout cas une occasion unique d’entrer dans la légende du foot belge. Le double test match Bruges-Anderlecht pour le titre en 1985-1986, on en parle encore près de 10 ans plus tard. Messieurs les artistes, Messieurs les puncheurs, à vous de jouer et de nous enflammer : allumez le feu !

par Pierre Danvoye

CÉDRIC ROUSSEL VA JOUER SA SAISON sur 180 minutes. Face au club qui l’a chassé…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire