Allô JOS VAESSEN ?

A Genk, le trésorier se félicite tous les jours d’avoir vendu Cédric Roussel à Kazan. Ce joueur avait été acheté à Wolverhampton, en août 2003, pour un million d’euros. Un an plus tard, il a rapporté 1,5 million après avoir été le meilleur buteur du club en championnat avec 14 goals.

Le problème aujourd’hui, c’est que Genk trouve très difficilement le chemin des filets et a plus ou moins raté son début de saison. Roussel n’arrive pas à en pleurer…  » Ils ont ce qu’ils ont cherché, non ? Et quand j’entends René Vandereycken affirmer maintenant qu’il lui manque un pivot à la Roussel, je me pose encore plus de questions. Pourquoi m’a-t-on chassé si c’est pour me regretter moins de deux mois plus tard ? Je suis sûr que tout aurait été très différent si les négociations entre la direction et Georges Leekens avaient abouti. Celui-là, j’aurais vraiment voulu le côtoyer. Mais quand j’ai su que le coach allait finalement être Vandereycken, j’ai directement eu un pressentiment très négatif. Avec son style défensif û d’ailleurs tout à fait à l’opposé de ce que les supporters réclament à Genk û, je me doutais que j’allais avoir des problèmes. Il a clairement montré, durant la période de préparation, qu’il ne comptait pas sur moi « .

Si Roussel en veut à Vandereycken, il est encore plus acide quand il parle des dirigeants.  » Je croyais vraiment que Jos Vaessen était un président très humain. J’avais une estime énorme pour lui. Aujourd’hui, je pense tout à fait le contraire. Vous savez qu’il n’a même pas pris la peine de m’appeler depuis mon départ de Genk ? »

Il revient alors sur les circonstances rocambolesques de son transfert. C’est le bureau de management SEM ( Dirk Degraen et Paul Courant) qui trouva la touche à Kazan. A Genk, on sauta sur l’occasion en apprenant la somme que les Russes étaient prêts à débourser.  » Un jour, en arrivant à l’entraînement, on m’a montré des papiers de transfert « , explique Roussel.  » Tout était réglé entre les deux clubs. Je tombais des nues. Genk m’a véritablement poussé, m’a mis la pression pour que je signe directement. J’ai demandé à voir au moins le club et la ville mais on m’a traité d’enfant gâté. On m’a dit : -Signe, c’est très chouette là-bas, tu ne dois même pas aller voir. Ils étaient à deux doigts de me sauter à la gorge parce que j’hésitais. Finalement, ils ont quand même accepté que je vienne me rendre compte sur place. L’entraîneur de Kazan est arrivé à Genk à 14 heures, et le soir même avant minuit, j’étais déjà à Moscou. Un général de l’armée russe avait fait le nécessaire pour que mon visa soit prêt en quelques minutes alors que c’est normalement le parcours du combattant pour le Belge qui veut se rendre en Russie. A Moscou, il fallait changer d’aéroport pour filer sur Kazan. Une limousine de six mètres nous attendait. Elle a traversé la ville à 150 km/h. J’ai revu le chauffeur récemment, quand nous sommes allés jouer au Spartak. En l’apercevant, j’ai sursauté : -Mais c’est Schumacher Il nous a déposé sur le tarmac du deuxième aéroport trois minutes avant le décollage. Pas de check-in, pas de contrôle douanier, pas d’embarquement, rien. Nous étions au-dessus des lois « .

Une fois à Kazan, ce fut le gros coup de blues. La ville et le club ne correspondaient pas du tout à ce qu’on lui avait décrit. Il fut direct avec l’entraîneur : il ne signerait pas. La surenchère pouvait alors commencer : le salaire qu’on lui proposait n’arrêtait pas d’augmenter tandis que Genk et les gens de SEM appelaient régulièrement pour connaître l’avancement des négociations.  » Ils me mettaient une pression terrible, c’était comme si j’avais 3.000 kilos sur les épaules. Les patrons de Genk me disaient que si je ne signais pas, j’étais condamné au noyau B dès mon retour en Belgique. J’étais traité comme un vulgaire morceau de viande. C’était infernal et j’ai craqué. Je le regrette à fond. Evidemment, je gagne énormément d’argent, mais un peu d’humanité dans cette affaire n’aurait pas fait de tort « .

Pierre Danvoye

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