Allemagne – Belgique: 23-24

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

A force de jouer sur la pointe des pieds, on finit par trébucher. Telle était ma réflexion après le match des Diables en Azerbaïdjan. A force de jouer sur les talons, on se rend mieux compte que le talent ne fait pas forcément, aller de l’avant. Telle était ma réflexion après le match en Allemagne.

Talons, pointes mais point de percussion. Le foot est une question de bon dosage. Notre génération dorée est belle, talentueuse mais pas tueuse. Nos snipers visent juste en club mais manquent de doigté pour atteindre la cible en sélection. Manque le temps de la mise au point, des automatismes, des habitudes. Les bonnes, celles répétées à l’entraînement. En équipe nationale, on passe du quotidien au de temps en temps. Autres obligations, autres demandes, autres coéquipiers.

C’est là que l’expérience est indispensable. C’est là que les guides manquent. Pour faciliter la compréhension, pour éviter la décompression. Etre heureux de revenir, de retrouver les potes, c’est bien. Partir, ensemble, en conquête, c’est mieux. A Düsseldorf, après une demi-heure de jeu on entendait :  » Qu’est-ce qu’on joue bien « . Je réponds :  » Mouais, on pousse le ballon mais toujours pas une seule occasion.  » Les Allemands ont regardé les enfants jouer à la baballe avant de montrer ce qu’est la compétition. Quelles leçons ! De foot d’un côté, d’impuissance de l’autre.

Les Teutons sont là pour gagner, les géniales tétines belges pour jouer. Se contenter de ce que l’adversaire vous donne ou vous laisse faire ne vous met à l’abri de rien. Pour se mettre à l’abri, faut aller chercher ce qu’il vous refuse mais aussi et surtout faut aller chercher en soi ce que l’abondance de talent vous cache. Le talent, parlons-en. Va falloir s’entendre sur sa signification. Le talent, c’est comme le goût. Si tu le dilues, forcément, y a le trop peu qui prend le pas sur le trop bon.

Pour ne pas redevenir ces  » bons p’tits Belges  » que tout le monde aime bien parce que tout le monde leur prend des points, faut revenir à la formule  » début de siècle « . Faut rappeler des mecs style Yves Vanderhaeghe, Gert Verheyen. De bons vieux tontons gagneurs. De temps en temps, un bon  » bourre pif  » est bien plus efficace qu’un abonné à Pif obnubilé par les gadgets. Ces gars-là veillaient à équilibrer. Surtout entre les lignes là ou le talent est d’abord de la réflexion (souvent) sans ballon. Pour espérer finir dans le rectangle adverse, là où la gagne se traduit en chiffres.

Il ne manque pas grand-chose mais ce pas grand-chose, c’est beaucoup de choses. C’est l’essentiel. Notre équipe  » Playstation  » a besoin de tauliers aux manettes. Notre équipe est parfaite pour le virtuel mais encore trop coquette pour la compet’. Pourquoi les Allemands arrivent-ils à changer de disquette quand ils reviennent en équipe nationale. Pourquoi en un clic, il y a le déclic et pas chez nous ?

Prenons exemple après avoir pris la leçon. Etre beau et gagner c’est possible. La Mannschaft le fait merveilleusement. Quelle leçon de gestion et d’efficacité. On va à l’essentiel sans se lester du superficiel. La solidité mentale, collective, la stabilité émotionnelle. Ils ont tout. Et en plus ils sont jeunes. Mesut Ozil (22 ans) se concentre une fois en trente minutes et c’est 1-0.

Un symbole. La moyenne d’âge de la Mannschaft au coup d’envoi était de 23,7 ans. Celle des Belge…24,6 ans. L’argument de la jeunesse ne tient plus. Il est temps les enfants. On a besoin de vous. Vous êtes déjà des héros. Vous avez déplacé 5.000 Belges.

Même en gagnant peu, vous fédérez. On vous pardonne tout. C’est un signe, vous êtes une génération d’exception. Pour l’instant, on vous aime pour ce qu’on espère de vous. L’espoir fait vivre, mais maintenant faut se réveiller, vous vivez dans le monde des grands. Dans le monde où jouer et ne pas perdre c’est bien, gagner c’est mieux.

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE JOURNALISTE VOO FOOT – Be TV

 » Pour l’instant, on vous aime pour ce qu’on espère de vous. « 

 » Les grands joueurs voient une autoroute là où les autres voient un sentier.  » Vujain Boskov

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