Alex Czerniatynski

1. Tout le monde s’intéressait autrefois à Beveren et presque personne à Waasland-Beveren de nos jours : est-ce frustrant ?

Oui, et cette injustice à l’égard des petits clubs n’est pas propre à la Belgique. Il en va de même dans les autres pays. La presse régionale, heureusement, suit notre club. On n’apprécie pas assez les efforts d’un club bien structuré qui respecte son budget. L’ancien Beveren a connu la gloire : deux titres (1978-79, 1983-84), deux Coupes de Belgique (1977-78, 1982-83), son succès contre l’Inter Milan en CE2, sa période ivoirienne, etc. Les comparaisons avec cette époque sont injustes car tout est plus dur qu’avant pour les clubs anonymes. Le SK Beveren a été dissous en 2010 et sans Waasland-Beveren, il n’y aurait plus de club de D1 au Freethiel.

2. Mitrovic a coûté deux fois plus que le duo Czenia-Vandenbergh qu’Anderlecht acheta en 1982 : est-il doublement meilleur que vous deux ensemble ?

Le prix de Mitrovic est élevé pour la Belgique, pas pour les clubs des grands championnats. En 1982, notre transfert à Anderlecht fit du bruit car aucun club belge n’avait jamais dépensé autant d’argent. Notre situation était plus confortable que celle de Mitro. J’arrivais de l’Antwerp, VDB du Lierse et nous avons été incorporés dans une équipe de classe européenne portée par les Olsen, Peruzovic, Vercauteren, Coeck etc. Nos leaders nous ravitaillaient abondamment en bons ballons dans le rectangle. Mitro n’a pas encore les mêmes fournisseurs que nous autrefois car l’équipe est jeune. Il a tout pour réussir mais je l’ai trouvé irritant chez nous, à côté de son match. Et chez lui, quand cela ne tourne pas, cela se voit et le public n’apprécie pas. Mais c’est aussi et surtout un homme de rectangle, comme il l’a prouvé en Ligue des Champions

3. Charleroi est-il sur le point de réaliser son vieux rêve : tuer le Standard ?

J’ai joué dans ces deux clubs que j’adore. Il peut y avoir de la concurrence entre eux mais pas de haine. Je connais et j’apprécie Mazzu et il abat un travail de toute beauté. Si le Mambourg adoré de mes débuts en D1, revit, c’est grâce à lui. Il a mis un an pour amener son équipe à ce niveau après un mercato d’hiver chahuté. Il ne faudrait pas recommencer tout en se méfiant de l’excès de confiance propre aux Zèbres. Charleroi ne tuera jamais le Standard. Examinez les palmarès pour comprendre que c’est impossible. Les Rouches doivent retrouver le soutien de leur public déçu, entre autres, par le bâclage des matches européens la saison passée. Le retour aux racines liégeoises fait du bien.

4. La semaine passée, Wilmots a-t-il commis une erreur en préférant assister à Monaco-Marseille que recevoir son titre d’Entraîneur de l’ Année ?

Pour moi, oui, mais c’est à lui de répondre à cette question. Le football a collectionné les trophées lors du Gala du Sport : Sportif de l’Année, Equipe de l’Année, Révélation de l’Année, Coach de l’Année. Un triomphe sur toute la ligne : dommage, cette absence de Marc.

5. Dans combien de siècles le Freethiel fêtera-t-il son troisième Soulier d’Or ?

Jean-Marie Pfaff l’a gagné pour Beveren en 1978 et Jean Janssens en 1979. Mais, quelque part, on peut y ajouter les trois Souliers d’Or de Wilfried Van Moer (Antwerp en 1966, Standard en 1969 et 1970) car il a été formé à Beveren. Les petits clubs doivent redevenir des pépinières de jeunes talents. C’est un des objectifs de Waasland-Beveren. Notre vedette ? L’esprit d’équipe.

Alex Czerniatynski (54 ans) a disputé 494 matches/182 buts en D1 de 1978 à 1997 pour Charleroi, Antwerp, Anderlecht, Standard, FC Malines et Ekeren. Il a coaché le FC Malines, l’Union Saint-Gilloise, Beveren, l’Olympic Charleroi, Saint-Nicolas et est désormais le T2 de Van Geneugden à Waasland- Beveren.

PAR PIERRE BILIC

 » Charleroi ne tuera jamais le Standard : Il peut y avoir de la concurrence entre eux mais pas de haine.  » Alex Czerniatynski

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