Alerte rouge en Bundesliga

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

Un éclairé et sa bande d’illuminés sont en train d’éblouir l’Allemagne d’une lumière divine. S’opposer à eux c’est subir un crash test. Elles sont sept à l’avoir tenté, sept à s’être planté. Des berlines, des limousines et même la calèche royale des champions en titre. Toutes recalées. En Allemagne, il y a un tout nouveau prototype : puissant, très puissant en ligne droite ; léger, très léger dans les tournants. Confortable dans son intérieur cuir et velours, la direction est souple mais très précise. La mécanique de haute précision. Finies les Benz. Dépassées ! Place à la Mainz 2010. Classe 21/21.

Au volant, on trouve un gamin de 37 ans, Thomas Tuchel. Il entraîne depuis 10 ans : les jeunes à Stuttgart, les -15, puis adjoint des -19 (faut le vouloir, faut la foi) ; les jeunes au FC Augsbourg. Y a deux ans les -19 de Mainz, la bonne idée, le bon endroit au bon moment. Avec ses Juniors, il devient champion d’Allemagne. Un mois plus tard, il est le coach des pros. Le bon endroit, le bon moment on vous disait. Mainz et son président, Harald Strutz, osent offrir leur bébé à des bambins.

Jurgen Klopp (qui brille avec Dortmund) a été lancé par Strutz alors qu’il n’avait que 33 ans. Klopp était le taulier du vestiaire de Mainz. Il y jouait sa onzième saison quand les portes du paradis s’ouvrent à lui. Un petit drame qui mène à une grande destinée. Il se blesse, ce sera sa chance. Son coach est viré quelques jours plus tard, son président lui demande d’assurer l’intérim… qui débouche sur 6 victoires en 7 matches. La carrière de Klopp est lancée. Trois saisons plus tard, Mainz monte en Bundesliga.

Tuchel, lui, a croisé Ralf Rangnick du côté d’Ulm. Rangnick voit en son joueur, qui n’a alors que 24 ans, un futur entraîneur. Il le pousse à le découvrir lui-même. La vocation a eu son mentor. Les destins sont souvent initiés par l’audace de ceux qui croient en l’improbable. Mainz en est le symbole ; on souhaite à Tuchel d’en être la confirmation. Car le brin de folie, de surréalisme, il l’a. Ce diplômé en économie est surtout diplômé de l’école des entraîneurs allemande. Le diplôme il en prend le meilleur pour le mettre au service de sa science.

Ses entraînements sont millimétrés, minutés. Tout est pensé avant de commencer. Un vrai maniaque qui fait filmer ses séances pour les visionner après. Sa tactique, il la propose. Il ne l’impose pas. Il y a toujours discussion avec ses joueurs qui doivent donner leur avis. C’est ça, la recette. Tout le monde est concerné, tout le monde adhère. La discipline permet toutes les libertés.

Y a qu’à les voir jouer. Impressionnant. Pressing tout terrain, toujours 3, 4, 5 joueurs devant le porteur du ballon dans les 20 mètres adverses. Ça marche. Pour l’instant. Car ce jeu est à très haut risque. Quand ils perdront 4-0 sur quatre contres, on dira :  » Mais il est fou. Y’a aucun équilibre dans cette équipe « .

Cinq joueurs devant le porteur du ballon dans les 20 mètres adverses, ça offre des possibilités… tant que l’on gagne. Sinon on dira :  » La formule bouche les espaces, y’a plus moyen de s’exprimer « . C’est aussi ça la beauté du foot. Tu prends les mêmes options, la même philosophie. Selon que tu gagnes ou pas, t’es Elvis Presley ou Dick Rivers. Pour l’instant, le King, c’est Tuchel. Lui et son orchestre peuvent tout se permettre. Du vrai free jazz. Un peu ouf comme le 18 septembre du côté du Werder Brême. Deux minutes avant de monter sur la pelouse du Weiserstadium Werder, le vestiaire de Mainz résonne des chants d’anniversaire dédiés à la petite perle, Lewis Holtby : 20 ans ce jour-là. Les joueurs brêmois qui attendent dans le couloir ne s’en sont jamais remis. Ils sont soufflés. Comme les 20 bougies.

Mainz mérite bien de poursuivre sa Marche triomphale et de revenir en deuxième semaine dans votre Sport/Foot Mag. Verdi, vidi, vici. l

 » Quand tu es dans le rectangle et que tu ne sais pas quoi faire du ballon, commence par le mettre dans le but. On discutera des autres options après.  » Bill Shankly

par fred waseige, journaliste betv

Mainz, c’est pressing tout terrain, et plusieurs joueurs devant le porteur du ballon dans les 20 mètres adverses.

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