Ahurissant

On le sait, la Premier League a repris la direction du Nord pour célébrer son champion. Pour donner à la richesse venue d’ailleurs le retour sur investissement espéré. Manchester, centre du monde. Zone protégée où les deux pôles ne sont distants que de 5 kilomètres.

Au sud de la ville, Manchester City. Un jeu tropical. Été comme hiver. Au nord, Manchester United. Un jeu fait des quatre saisons dont on est sûr qu’il sera glacial et polaire quand il joue contre meilleur.

Ce fut le cas dans ce dernier derby qui devait être celui du sacre mais qui sera, le temps d’une mi-temps, celui de la destitution. Car quatre jours plus tôt un blizzard venu de la Mersey a congelé le jeu tropical dans un Anfield redevenu Anfield.

Et donc, changement de contexte pour le derby. Kev et Kün  » doudounent  » sur le banc. Ce ne sera, forcément, pas pareil. Ce sera une sorte de match fantôme dans un vaisseau fantôme. Un match où une équipe a plus perdu que l’autre n’a gagné.

Un match où l’on se dit que, le temps d’une mi-temps, on a assisté à la mort d’un club. Ou plutôt de son ADN. Fin d’une transfusion dictée par un chirurgien dont le souci d’esthétique s’arrête à son apparence à lui. Il ne rend pas plus beau mais plus riche… de trophées. José ose tout.

Durant la première mi-temps de ce derby mancunien, ce n’était plus les Red Devils mais les Pink Devils. Complètement délavés. Qui avaient perdu leurs couleurs, leur éclat. Pas d’âme, d’orgueil. Une honte au maillot. Si Agüero est sur la pelouse, c’est 5-0. C’est l’humiliation.

Au lieu de cela, il y aura l’illumination. Sans trop le vouloir. Par la grâce d’un adversaire qui a décidé de jouer sa deuxième mi-temps contre deux équipes. ManU et Liverpool. Au lieu d’un 6 voire 7-0 bien burné, ce sera 2-3.

Par la grâce d’un Pogba plus incohérent que jamais. Pur produit de marketing en 1re mi temps. Pure  » percuting  » buteur en 2e. De transparent à flamboyant, le temps de deux actions. Que seuls les doués peuvent offrir. J’ai dit doués, pas surdoués. Pogba joue son rôle dans les 30 mètres adverses. 30 mètres plus bas, il joue à  » Casper « . Le gentil fantôme.

À l’image du public de City. Content quand son équipe marque, absent quand elle marque le pas. 50.000 et pas un bruit. À peine quelques murmures. Bordel que c’était triste. Tellement que ça vous gâche un match à cinq buts.

Paraissait que le team se préservait pour le mardi et le retour contre Liverpool. C’était mieux mais une erreur arbitrale casse l’élan et plombe la soirée. Les autres Reds se qualifient. Ils n’ont rien volé. Ils ont tout mérité.

La grande leçon, c’est que tu peux avoir le ballon pendant 195 heures ou 99 % sur toute la saison, en 1 % de temps de jeu, ton jouet se brise en mille rêves disparus. En fait, tu peux avoir dépensé plus d’un milliard de livres, même un Guardiola a les mêmes problèmes que n’importe quel entraîneur de 3e provinciale. Si t’es pas efficace, t’es rien.

Comme le Barça à Rome. Son Empereur Lionel n’est pas dans un bon jour ? Le pain et le jeu seront pour les Romains. Sublimes de culot et d’audace. Et de deux ténors dehors ! Et presque trois. Presque seulement. La faute à une faute qui en  » live  » est toujours faute. Au ralenti, un peu moins.

La carte rouge de Buffon ? En  » live  » très sévère. Au ralenti ? Logique. Même si on comprend la frustration, un arbitre on ne le touche pas. Surtout pas un Anglais. Parce que chez eux, ça ne se fait pas.

Mais le problème de ce match, ce n’est pas l’arbitre. L’erreur, elle est ailleurs. Comment un joueur du Real se retrouve complètement seul à trois mètres du but sur la dernière action du temps réglementaire ? Le blème, il est là.

Et la réponse, elle, est terriblement simple et cruelle. Parce que, même si on a eu l’impression du contraire pendant 94 minutes, les joueurs de la Juve ne sont que des hommes. La fatigue altère les réflexes et la lucidité.

Le foot peut être d’une terrible injustice humaine. La Juve fut belle et plus pragmatique que jamais mais là aussi, le Real n’a rien volé. Et nous, on s’est laissé porter par ces 8 jours de folie. Qu’il est bon de ré-aimer le foot…

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